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Qui a enlevé les otages en Libye ? Un des cinq plus grands narcotrafiquants du sud algérien

Qui est Abdellah Belakahal, l’homme qui a enlevé les trois otages italiens et canadien il y a un mois dans le sud de la Libye ? Un baron de la contrebande dont les motivations ne sont ni politiques, ni religieuses
Cette photo d'Abdellah Belakahal provient de la base de données des services de sécurité algériens et aurait été prise il y a trois ans (MEE)

L’homme identifié comme le cerveau du groupe qui a enlevé les trois ressortissants étrangers (deux Italiens et un Canadien) le 19 septembre près de Ghat, dans le sud libyen, est bien connu des services de renseignements algériens.

Abdellah Belakahal, présumé en fuite en Libye, est même considéré comme un des cinq plus grands narcotrafiquants du sud de l’Algérie.

« Il est condamné dans neuf affaires, dont à trois reprises à perpétuité par les tribunaux de Ouargla, Adrar et Béchar [des villes du sud] », explique une source sécuritaire algérienne à Middle East Eye. « Il est impliqué dans des affaires de contrebande – une des condamnation est liée au transport de plusieurs quintaux de drogue – de vols de véhicules et de contrefaçon de papiers. »

C’est dans le quartier de Blahige, à Hassi Gara, dans une oasis au sud d’El Goléa, une région de palmeraies et de cultures maraîchères aux portes du Sahara qu’est né Abdellah Belakahal en 1977.

À l’âge de 22 ans, il écope de sa première peine de prison. Alors chauffeur routier, il fait de la contrebande de cigarettes. Dans les régions proches des frontières, où les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage, la contrebande est une activité économique comme une autre.

Belakahal serait d’ailleurs « milliardaire » et plusieurs de ses biens (stations essence, fabriques, villas, terrains agricoles) auraient été saisis.

« À sa sortie de prison, il s’est branché sur des groupes de malfaiteurs. Il volait des camions et des 4x4 pour revendre des pièces détachées », poursuit notre source.

Jusqu’en 2016, et plus précisément jusqu’au 18 mars, Abdellah Belakahal n’a pour les enquêteurs, aucun lien avec al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Le 18 mars, un groupe de six hommes armés avait attaqué le site gazier de Kherchba, le troisième plus grand champ de gaz en Algérie, près de Ghardaïa. Ces hommes appartiennent, selon les enquêteurs, à la katiba al-Fourkane, un groupe d’AQMI.

Des exigences « non politiques »

Le 11 octobre, un cadre des renseignements de l’armée algérienne expliquait à MEE qu’aucune preuve ne permettait de relier Abdellah Belakahal et l’organisation, mais que « pour prendre d’assaut le site, AQMI avait besoin de relais locaux ».

« Il est difficile d’extrapoler sur ses intentions mais on sait que plusieurs contrebandiers choisissent de rejoindre AQMI pour bénéficier du dispositif de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale [permettant aux islamistes armés qui se rendent d’être amnistiés et réinsérés dans la société] », poursuit notre source sécuritaire en laissant entendre que même si Belakahal s’était associé à AQMI ce n’est certainement pas pour des raisons idéologiques.

Pour preuve, le fait que l’organisation n’a pas revendiqué l’enlèvement, ou encore les exigences « non politiques » réclamées par le groupe. Selon des informations recueillies par MEE, les ravisseurs auraient demandé, en plus de la rançon, de 4 millions d’euros, la libération de deux prisonniers dont le frère d’Abdellah Belakahal, incarcéré pour trafic d’armes.

Quatre autres membres de sa famille ont été interpellés dans l’affaire de l’attaque de Kherchba ainsi qu’une de ses trois femmes.

« Contrairement à ce qui a été écrit dans certains médias italiens, Belakahal n’a jamais fait partie du mouvement des fils du Sahara (groupe armé réclamant plus de droits et de justice sociale pour le sud algérien), et il ne s’est jamais allié à Lamine Bencheneb (un des assaillants de la prise d’otages de Tiguentourine en janvier 2013) », précise notre source.

Si un mois après leur enlèvement, les otages ne sont toujours pas libérés, c’est en partie parce que les négociations sont difficiles, l’imbrication des réseaux de contrebande avec les groupes armés et les intermédiaires tribaux parasitant les discussions.

D’après des notables de la région de Ghat, les otages se trouveraient dans le sud de la Libye.

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