Sahara occidental : tensions avec le Maroc à la frontière mauritanienne
Le Maroc et le Front Polisario (mouvement politique et armé qui s’est opposé à l’occupation espagnole du Sahara occidental puis, en 1975, à l’annexion de ce territoire par le Maroc et la Mauritanie lorsque l’Espagne s’est retirée de la région) ont violé l'accord de cessez-le-feu de 1991 au Sahara occidental en déployant des éléments armés dans une zone proche de la Mauritanie, indique un document confidentiel de l'ONU.
Selon ce document, daté du 28 août et transmis pour information au Conseil de sécurité, le Maroc a mené du 16 au 25 août une opération présentée comme anti-contrebande dans la région de Guerguerat (au sud du Sahara occidental) au-delà du mur de défense, une barrière de sable bâtie sur près de 2 500 kilomètres.
Le Maroc considère le Sahara occidental, ex-colonie espagnole annexée en 1975, comme faisant partie intégrante du royaume. Rabat propose comme solution une large autonomie sous sa souveraineté alors que le Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d'autodétermination.
Cette opération marocaine « a été lancée sans avertir au préalable la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) contrairement aux exigences de l'accord militaire numéro un, et avec le soutien de personnel de sécurité armé appartenant à la gendarmerie royale marocaine ». La Minurso a été déployée en 1991 afin de veiller au respect du cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario et d'organiser un référendum.
Une patrouille de la Minurso a « confirmé la présence d'une dizaine de membres de la gendarmerie royale marocaine dans la zone », indique le document.
Traduction : « En fin d’après-midi, à Guerguerat, les tensions persistent entre les forces sahraouies et marocaines » #SaharaOccidental
En réponse, le Front Polisario a protesté auprès de l'ONU et a annoncé dimanche son intention de « prendre des mesures » en déployant lui aussi des forces. Le Polisario accuse Rabat de construire une « route goudronnée » dans la zone afin d’y maintenir une présence militaire permanente.
Selon le site d’informations marocain Le Desk, des hommes armés du Front Polisario ont bloqué les travaux de goudronnage de la piste reliant les postes-frontières marocain et mauritanien supervisés par la gendarmerie marocaine.
La MINURSO a ensuite constaté la présence « d'environ 32 membres militaires armés du Front Polisario » dans la région de Guerguerat, à l'intérieur d'une zone tampon qui jouxte la Mauritanie, « en violation » de l'accord de cessez-le-feu que la MINURSO est chargée de superviser depuis 1991.
Traduction : « Après une opération militaire, le drapeau de la République arabe sahraouie démocratique flotte sur Guerguerat »
La MINURSO, souligne le document, continue de suivre de près la situation et l'ONU exhorte Rabat et le Polisario « à faire preuve de retenue » pour éviter une reprise des hostilités. « Le secrétaire général [Ban Ki-moon] souligne l'importance pour les deux parties de respecter leurs obligations », conclut le document.
Les Nations unies ont déclaré début août préparer une « proposition formelle » pour relancer les négociations sur le Sahara occidental, dans l'impasse actuellement.
Ce jeudi, l'Union européenne a exprimé ses inquiétudes face à la situation. « Les récentes tensions qui se sont développées dans l'étroite zone tampon dans le sud-ouest du Sahara occidental représentent une évolution inquiétante », a déclaré une porte-parole à l'agence de presse officielle algérienne, l'APS, en soulignant que « l'UE demande à toutes les parties de renoncer à la violence ».
A l'eurodéputée Paloma Lopez qui l'interpellait sur les mesures à prendre pour permettre à la MINURSO d'exercer pleinement ses fonctions, Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, a répondu ce jeudi que « le rétablissement de la MINURSO dans la plénitude de ses fonctions ne doit pas être abordé sous l'angle du nombre mais sous celui de la restauration de sa capacité à exercer pleinement son mandat ».
Plus de 80 fonctionnaires civils de la MINURSO avaient été expulsés en mars dernier du Sahara occidental par le Maroc suite à la déclaration de Ban Ki-moon. Le secrétaire général de l'ONU avait qualifié « la présence marocaine au Sahara occidental d'occupation ».
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