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Scandale en Belgique : des entreprises exportaient des produits chimiques en Syrie

La Belgique serait le seul État membre de l’Union européenne à continuer à exporter de l’isopropanol (utilisé dans la fabrication de gaz sarin) vers la Syrie malgré l’interdiction en vigueur depuis 2014
L'isopropanol, un des produits exportés par les entreprises belges vers la Syrie, entre dans la fabrication du gaz sarin, qui aurait servi à Bachar al-Assad lors des attaques contre les rebelles, notamment dans la Ghouta orientale (Casques blancs)
By MEE

« La faille belge dans la lutte contre les armes chimiques », titre le quotidien Le Soir. Selon une enquête publiée mercredi par le magazine flamand Knack (réalisée avec l’ONG allemande Syrian Archive et le bureau d’investigation britannique Bellingcat), trois sociétés belges ont vendu un composant du gaz sarin à des entreprises syriennes et libanaises avec l'aval de la douane belge, qui n'a apparemment pas tenu compte de l'interdiction en vigueur depuis 2014.

Au total, 21 tonnes de dichlorométhane, 219 tonnes d’acétone, 77 tonnes de méthanol et 168 tonnes d’isopropanol ont été exportées alors que certains de ces produits, comme l'isopropanol, peuvent servir à la fabrication d'armes chimiques dont le redoutable gaz sarin.

Car depuis 2013 pourtant, l'exportation de produits chimiques vers la Syrie est soumise à une autorisation spéciale. La douane belge n'a apparemment pas tenu compte de l'interdiction de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) des Nations unies. Ainsi, 120 tonnes d'isopropanol avaient précisément été détruites par l'OIAC en Syrie en 2014. Moins que la quantité exportée depuis par la Belgique.

Ce sont exactement 24 livraisons litigieuses entre mai 2014 et décembre 2016 qui sont en cause, orchestrées par trois entreprises anversoises, AAE Chemie Trading (grossiste en produits chimiques pour l’industrie), Annex Customs (bureau d’affaires) et Danmar Logistics (transport par conteneur), désormais poursuivies par la justice belge.

Un enfant est traité dans un hôpital de Douma, dans la Ghouta orientale, après une attaque chimique présumée (Reuters)

« Tout ça a été fait comme il faut », a réagi le ministre des Finances Johan Van Overtveldt, qui rappelle que les entreprises exportaient de l’isopropanol vers la Syrie depuis au moins 2010. « Je crois que la question principale qui se pose ici est de savoir si les entreprises ont bel et bien rempli correctement les formalités. »

Mise en cause, la douane s'est retournée contre les entreprises en question, et un procès aura lieu à partir du 15 mai devant le tribunal correctionnel d'Anvers. « Les dirigeants risquent une peine de quatre mois à cinq ans de prison », souligne Le Soir. 

« La douane était parfaitement au courant de nos exportations et tous les documents étaient en ordre », rétorque AAE Chemie Trading. Les entreprises avancent avoir fait commerce avec des firmes privées syriennes et libanaises qui produisent notamment des peintures, des vernis et des liquides de refroidissement. « Nous n’étions pas au courant qu’une autorisation d’exportation était nécessaire », s’est encore défendu AAE en précisant : « Les clients syriens auxquels nous livrons nos produits depuis plus de dix ans n’ont pas de lien avec le régime. »

Ce jeudi 19 avril, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders a déclaré que l’affaire était « en justice » et qu’il fallait « attendre les résultats de l’enquête avant de se prononcer ». « S’il y a eu des fautes, il faut des sanctions lourdes. Nous sommes à la pointe de la lutte contre les armes chimiques. » 

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