Selon l’ONU, 90 % des réfugiés syriens en Égypte vivent dans la pauvreté
LE CAIRE – La majorité des réfugiés syriens enregistrés en Égypte sont maintenant classés comme extrêmement vulnérables par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, selon des documents adressés aux bailleurs de fonds et obtenus en exclusivité par Middle East Eye.
Les conclusions, qui recensent les besoins jusqu’à septembre 2015, font partie d’une étude récente lancée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour cibler la diminution des fonds afin d’aider les personnes les plus démunies.
Le rapport, qui n’a pas encore été publié, brosse un sombre tableau de la population syrienne réfugiée en Égypte, laquelle est souvent considérée comme mieux lotie que les réfugiés des autres pays de la région, comme le Liban.
Selon les documents, 59,65 % des réfugiés syriens interrogés (61 683 personnes, soit 70 % de la population totale enregistrée) sont classés comme « extrêmement vulnérables ».
À cela s’ajoutent 27,72 % de réfugiés (22 879 personnes) classés comme « très vulnérables ». Cela signifie que près de 90 % des Syriens interrogés vivent au niveau ou en deçà du seuil de pauvreté fixé par le HCR.
Le HCR estime que les Syriens vivant en Égypte ont besoin d’un minimum de 592,40 livres égyptiennes (environ 67 euros) par habitant et par mois pour subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Les réfugiés syriens classés comme « extrêmement vulnérables » ne disposent que de 0 à 50 % de cette somme, ce qui signifie que leur revenu est au maximum d’environ 34 euros par mois.
Les réfugiés « très vulnérables » disposent de 51 à 99 % du minimum nécessaire pour « vivre dignement » fixé par le HCR.
Ranghild Ek, qui dirige l’équipe de communication au bureau du HCR du Caire, a déclaré que le HCR était « très inquiet » au vu de ces conclusions. Cependant, alors que les réfugiés interrogés au début de l’étude sont actuellement réinterrogés, on craint que les chiffres soient encore pires.
« Nous évaluons [actuellement] chaque famille syrienne enregistrée afin de pouvoir cibler davantage l’aide financière », a déclaré Ek à MEE, tout en admettant que le manque de financement et les réalités économiques contraignaient le HCR à un « ciblage plus strict » en dépit du fait que de nombreux réfugiés syriens en Égypte aient besoin d’aide.
« Il est clair que pour beaucoup la situation est désastreuse. Un très grand nombre de personnes sont soit extrêmement soit très vulnérables. Je pense qu’à bien des égards nous craignons que lors de la réévaluation, les résultats se révèlent être encore pires.
Les responsables égyptiens ont quant à eux affirmé à plusieurs reprises que les Syriens en Égypte peuvent « vivre comme tout citoyen égyptien » – une assertion qui selon les organisations des droits de l’homme ne tient pas compte du passif de l’Égypte en matière d’arrestations arbitraires, d’expulsions et de détention administrative des réfugiés.
Naela Gabr préside le Comité national de coordination pour combattre et prévenir l’immigration illégale (NCCPIM), qui comprend dix-huit organismes gouvernementaux, et a récemment rédigé un projet de loi sur l’immigration qui devrait être bientôt adopté.
« Nous ne sommes pas un pays riche, mais nous ne faisons pas de choses terribles aux [réfugiés] », a déclaré Gabr à Middle East Eye en septembre, affirmant que l’Égypte accueille 300 000 réfugiés syriens malgré les problèmes économiques du pays. « On n’en a jamais fait un spectacle ou une publicité, contrairement à de nombreux pays européens. »
« Nous essayons d’aider », a-t-elle ajouté, « mais nous ne sommes pas riches et nous ne disposons pas des installations nécessaires pour les accueillir. »
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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