Syrie : ces héros qui ont marqué 2015
Pour les Syriens, 2015 a été une année de violence, de famine et de brutalité. Toutefois, au milieu de l’inhumanité et du barbarisme de la guerre, certains ont également vécu des moments d’héroïsme, de générosité et d’amour.
Voici quelques exemples des actes d’héroïsme et de compassion qui ont capté l’attention du monde entier en 2015.
Espoir pour l’enfant à naître
En septembre, des médecins d’Alep ont réalisé une césarienne d’urgence sur une femme blessée lors d’une frappe aérienne. Des éclats d’obus avaient pénétré dans son buste et elle craignait pour la vie de l’enfant qu’elle portait dans son ventre.
Une vidéo du Conseil médical de la ville d’Alep, qui fournit des services médicaux gratuits, montre les docteurs en train d’essayer de sauver le bébé, dégageant ses voies respiratoires et massant son corps sans vie jusqu’au moment où, enfin, il respire profondément et se met à pleurer.
Les médecins essaient ensuite d’enlever un morceau de métal planté juste au-dessus de l’œil gauche du nourrisson.
Grâce au travail acharné de ces médecins, la mère et sa petite fille sont en vie.
(Attention : le contenu de la vidéo peut heurter la sensibilité de certaines personnes)
Sauvé des décombres
Les groupes de premier secours comme les Casques blancs syriens, une équipe de secouristes composée en grande partie de civils bénévoles, ont sauvé des dizaines de personnes enterrées sous les décombres de bâtiments frappés par des bombardements aériens. Des vidéos telles que celle présentée ci-dessous, filmée en 2014, les montrent en train de sortir des décombres des enfants, couverts de poussière et de débris, qui s’étaient retrouvés enterrés vivants.
Un cas exceptionnel en 2015 a été celui de Mohammed Rayhan.
Mohammed Rayhan avait disparu suite à une frappe aérienne du gouvernement de Bachar al-Assad sur le marché de Douma, à la sortie de Damas, lors de laquelle plus de cent personnes avaient perdu la vie. Convaincus qu’il avait péri, ses proches organisèrent ses funérailles. Cependant, le troisième jour des commémorations funéraires, le jeune homme, hébété, les cheveux et la barbe pleins de poussière, est rentré chez lui, à la surprise de ses proches en deuil.
Mohammed Rayhan s’était retrouvé coincé sous les décombres pendant trois jours avant d’être finalement secouru par les Casques blancs.
Le « Martyr vivant », comme il est depuis surnommé, fait partie des milliers de personnes qui doivent leur vie à ces civils qui risquent tout pour porter secours aux autres.
Des pêcheurs turcs sauvent un enfant syrien de la noyade
Des millions de Syriens ont fui leur pays depuis le début des combats, affrontant pour nombre d’entre eux le périlleux voyage à destination de l’Europe.
En 2015, dix milliers de réfugiés en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient ont été secourus en mer par les gardes-côtes et des groupes humanitaires tels que Médecins sans Frontières, qui ont dépêché leurs propres navires afin de leur porter secours.
D’autres, comme les pêcheurs turcs vus dans cette vidéo, ont également contribué à cet effort.
Dans cette vidéo publiée en octobre, des pêcheurs repèrent un paquet flottant sur l’eau. Il s’agit en fait d’un nouveau-né syrien, Muhammad Hassan, âgé de 18 mois. Ils hissent l’enfant hors de l’eau et commencent à le secouer afin de vider l’eau de ses poumons.
Ce bébé n’a pas été le seul à avoir la vie sauve grâce à ce groupe de pêcheurs, qui aurait secouru quinze autres réfugiés, dont une femme enceinte.
Soupe populaire un jour de mariage
Il n’est pas forcément nécessaire de risquer sa vie pour être héroïque. Parfois, le simple fait de placer les besoins des autres avant les nôtres peut faire de nous des héros. À l’instar de ce couple turc qui, au lieu de profiter de son banquet de mariage après avoir célébré son union, s’en est allé, toujours vêtu de ses vêtements de cérémonie, à la soupe populaire de Kilis, près de la frontière avec la Syrie, pour servir le repas de 4 000 réfugiés syriens.
L’accueil des non désirés
L’une des choses les plus réconfortantes que nous avons vues cette année a été l’accueil chaleureux que certains Européens ont offert aux réfugiés. En septembre, l’un d’entre eux a filmé l’accueil donné à un bus de réfugiés à Oer Erkenschwick, une bourgade allemande située au nord de Dortmund. On peut voir dans la vidéo les habitants de la ville rassemblés à l’arrivée du bus avec des fleurs et des pancartes indiquant « tous les réfugiés sont les bienvenus ».
Alors que l’année 2015 a été marquée par des réactions négatives à l’encontre des nombreux réfugiés arrivant en Europe – dont des manifestations d’extrême droite, l’incendie de mosquées et une hausse de crimes islamophobes –, cet épisode a constitué un changement encourageant.
Traduction : « Des Allemands accueillent des Syriens avec des fleurs. Nous remercions le peuple allemand et son gouvernement du plus profond de nos cœurs pour nous avoir ouvert leur porte, contrairement aux gouvernements arabes »
De même, un accueil chaleureux a été donné par des fans de football en août en Allemagne lors d’un match durant lequel ont été déployées des bannières indiquant « Bienvenue les réfugiés ».
Les dons de la deuxième chance
En août, Gissur Simonarson, journaliste à Conflict News, a partagé sur sa page Twitter la photo d’un réfugié vendant des stylos avec sa fille endormie dans ses bras à Beyrouth. Simonarson a lancé une campagne sur les réseaux sociaux en vue de retrouver l’homme, souhaitant lui venir en aide.
La campagne de Simonarson, intitulée #BuyPens (Achetez des stylos), a rencontré un succès rapide et le réfugié a vite été retrouvé. Il s’appelle Abdul Halim Attar, il est palestino-syrien et habitait avant la guerre dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk. Les dons ont rapidement afflué pour aider Abdul Attar et sa famille à commencer une nouvelle vie, jusqu’à atteindre la somme impressionnante d’environ 110 000 euros en seulement deux jours.
Cette histoire ne s’est pas terminée là. Attar (33 ans), qui possède maintenant trois commerces, dont une boulangerie et un restaurant de kebab, partage sa bonne fortune. Non seulement emploie-t-il seize autre réfugiés syriens, mais il a également fait le sermon d’aider d’autres financièrement avec l’argent qu’il a reçu. Il distribue aussi du pain gratuitement aux réfugiés.
Amour pour un chiot…
Une histoire qui a ravi les cœurs en septembre est celle d’Aslan, un adolescent de 17 ans qui a embarqué son chien Rose, un husky, dans son voyage épique de la Syrie à l’Europe. Il a marché environ 500 km avec son chiot avant de se faire remarquer par une équipe de tournage du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU. La vidéo a été visionnée plus d’un million de fois durant les premières 24 heures de sa publication online. Le public a été très ému par son refus d’abandonner son petit chien dans son pays natal ravagé par la guerre.
…et un chaton aussi
Ce dont un autre réfugié n’a pas pu se séparer a été son chaton, Zaytouna (olive en arabe), qu’il a emporté avec lui, blotti dans une écharpe de portage, lors de son voyage jusqu’à l’île grecque de Lesbos.
Rendre la pareille
Les réfugiés ont à leur tour cherché à aider les communautés qui les ont accueillis.
Ce Noël, quand 10 000 foyers sont restés sans électricité et d’autres définitivement détruits par d’importantes inondations au Royaume-Uni, un groupe de réfugiés syriens a décidé de prêter main forte.
Ils se sont rendus à Rochdale, dans la zone la plus durement touchée par les crues, et ont aidé à préparer des sacs de sable afin de consolider la ligne de défense contre les inondations et d’absorber le trop-plein d’eau. Ils ont déclaré avoir voulu « rendre la pareille à la communauté » qui les avait accueillis.
Un autre réfugié syrien, Alex Assali, aide les sans-abris dans sa ville adoptive de Berlin, en Allemagne. Sa mission est de « donner quelque chose en retour aux gens qui l’ont aidé ». Sa photo a été partagée en ligne des milliers de fois.
Il y a aussi l’histoire de ce couple de réfugiés syriens, Johnny et Carol Bilouna, qui ont rejoint les secours d’urgence australiens (SES) un mois à peine après leur arrivée dans le pays. Ils ont reçu une formation en sauvetage en situations d’inondations et d’incendies, affirmant que c’est leur façon à eux de remercier la communauté australienne qui les a accueillis.
Traduction de l’anglais (original).
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