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Des dissidents saoudiens lancent un nouveau parti réclamant la démocratie dans le royaume

Ce nouveau groupe veut instaurer un système judiciaire indépendant, un Parlement élu et l’égalité devant la loi
Le NAAS veut « ouvrir la voie à un régime démocratique » en Arabie saoudite (Twitter)
Le NAAS veut « ouvrir la voie à un régime démocratique » en Arabie saoudite (Twitter)
Par MEE à WASHINGTON, États-Unis

Des activistes saoudiens en exil ont formé un nouveau parti politique réclamant la démocratie et le respect des droits de l’homme dans le royaume, une initiative qui rassemble les militants alors que la répression s’accentue contre la dissidence.

Cette nouvelle entité, baptisée National Assembly Party ou NAAS (qui signifie « peuple » en arabe), a été annoncée mercredi alors que Riyad se prépare à accueillir le sommet du G20 en novembre.

« Nous annonçons la création du National Assembly Party, lequel vise à ouvrir la voie à un régime démocratique dans le royaume d’Arabie saoudite », indique le communiqué du groupe.

NAAS dénonce le fait que les autorités saoudiennes s’appuient sur « la répression et la violence » pour bloquer la sphère politique dans un contexte de contrôle des espaces privés et publics par les forces de sécurité et d’absence de système judiciaire indépendant. 

Ce document a été signé par plusieurs célèbres activistes saoudiens, notamment la professeure Madawi al-Rasheed qui vit à Londres ; Abdullah Alaoudh, un universitaire saoudien qui est également le fils de l’érudit musulman emprisonné Salman al-Ouda ; et l’activiste chiite Ahmed al-Mshikhs.

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Dans sa déclaration inaugurale, le parti expose sa vision d’une Arabie saoudite où tous les citoyens sont égaux devant la loi sans discrimination, soulignant que les ressources du royaume appartiennent à part égales à l’ensemble de ses citoyens et de ses régions.

« Nous croyons que l’autorité découle du peuple, cela signifie que chaque adulte a le droit de se présenter et de choisir qui le représente dans un Parlement pleinement élu qui dispose des pouvoirs législatifs et de surveillance sur les institutions exécutives de l’État », énonce la déclaration.

Le NAAS souhaite également la séparation des pouvoirs et l’établissement d’un système judiciaire indépendant, reposant sur une Constitution ayant reçu le soutien du peuple. Il ne précise pas comment il voit le sort de la monarchie ou le rôle que tiendrait la famille royale dans un système démocratique.

Le communiqué critique également la politique étrangère « agressive » du royaume à l’encontre des pays de la région.

Ce nouveau parti voit le jour moins de deux semaines avant l’anniversaire du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi

L’héritage du journaliste saoudien, assassiné par des agents du gouvernement dans l’ambassade saoudienne à Istanbul en 2018, est devenu synonyme de l’intolérance brutale de Riyad envers les dissidents sous le leadership du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS).

MBS et la répression

Peu après avoir évincé son cousin Mohammed ben Nayef pour devenir prince héritier en 2017, MBS s’est lancé dans une énorme purge contre les autres membres de la famille royale ainsi que contre des hommes d’affaires du royaume.

Cette campagne a également pris pour cible des journalistes, des dissidents et des défenseurs des droits des femmes.

Pourtant, c’est le meurtre de Khashoggi, qui vivait à Washington et écrivait pour le Washington Post ainsi que pour MEE, qui a indigné les capitales occidentales.

Omar Abdulaziz, un dissident saoudien bénéficiant d’une large audience sur les réseaux sociaux et qui vit à Montréal, a déclaré que l’annonce du nouveau parti pourrait s’avérer dangereux pour les activistes, mais il adopte un ton provocateur.

« Nous pensons qu’appartenir à ce parti peut être dangereux pour nous, mais je sais que beaucoup ont perdu leur liberté et leur vie en essayant » affirme-t-il dans un communiqué relayé par le compte Twitter du NAAS.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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