EN IMAGES : La tradition égyptienne des peintures murales du hadj et de la oumra
Les peintures murales du hadj, une tradition égyptienne pluriséculaire, introduisent de la couleur sur les murs des étroites rues résidentielles du pays.
Les peintures colorées et les prières islamiques inscrites sur les murs sont des marqueurs de célébration qui commémorent le retour d’une personne des pèlerinages du hadj ou de la oumra à La Mecque, en Arabie saoudite.
Le pèlerinage du hadj est considéré par de nombreux musulmans de par le monde comme un objectif de toute une vie et il est obligatoire pour chaque musulman en bonne santé et pouvant se le permettre sur le plan financier.
Les musulmans croient que le pèlerinage efface les péchés d’une personne et lui permet de renouer avec sa foi à un niveau plus profond. (Toutes les photos sont de Fadel Dawod)
Les peintures murales, réalisées généralement par des membres de la famille ou des amis avec des couleurs vives et flamboyantes, représentent souvent les lieux saints de La Mecque ou des paysages d’Arabie saoudite.
Certaines représentent des chameaux, des palmiers ou la Kaaba, la structure cubique au centre du Masjid al-Haram (Grande Mosquée de la Mecque) autour de laquelle tournent les pèlerins (circumambulation).
Avant l’invention de la photographie, les peintures murales étaient une manière essentielle de décrire le voyage en Arabie.
Les peintures murales sont considérées comme davantage que de simples dessins colorés : elles représentent l’identité de la région et des personnes qui y vivent.
Elles symbolisent également la camaraderie entre les habitants de la région, expriment leur bonheur face à l’accomplissement d’un devoir religieux par l’un des leurs. Souvent, les peintures incluent des souhaits calligraphiés pour féliciter le voyageur, ainsi que des prières pour que son pèlerinage soit accepté.
Les motifs sont traditionnellement réalisés à l’aide d’un mélange d’ingrédients simples, tels que de la peinture, du vinaigre, de l’eau de rose, de la gomme arabique et de la colle. Les peintures sont généralement effectuées en quelques heures.
La tradition des peintures murales en Égypte remonte au XVIIIe siècle. Elles ne sont généralement pas planifiées ou coordonnées de manière formelle. Ce sont plutôt les voisins qui se réunissent avant le retour du pèlerin pour peindre les murs extérieurs de son domicile ou un mur à proximité.
Dans certains villages, les voisins vont à la rencontre du pèlerin et l’accompagnent jusqu’à chez lui en procession.
Souvent, les membres de la famille du pèlerin préparent des pâtisseries traditionnelles et du thé pour célébrer son retour.
De nombreux musulmans croient que l’accomplissement du hadj apporte une baraka (« bénédictions » en arabe) significative, et les peintures murales suggèrent que la zone ou la maison est remplie de ces bénédictions.
À leur retour du hadj, les pèlerins reçoivent un nouveau surnom de la part de leurs amis, famille et communauté.
Pour les hommes, c’est « Hadj », et pour les femmes, « Hadja », suivi de leur prénom. Ce titre est une marque de profond respect.
Certaines peintures murales sont des versets du Coran, qui indiquent immédiatement aux passants qu’un habitant du quartier a accompli le pèlerinage. Nombre des versets coraniques cités font référence à la miséricorde de Dieu ou à la prescription divine du pèlerinage.
Parmi les peintures murales les plus courantes figure celle-ci, en arabe : « Que votre hadj soit accepté, vos efforts appréciés et vos péchés pardonnés ».
Certaines peintures murales portent le nom du pèlerin, ce qui en fait une célébration plus personnelle. Dans les jours qui suivent son retour, tous ceux qui le côtoient le félicitent d’être revenu et d’avoir accompli le pèlerinage, ce dont ils ont été informés par la peinture murale.
Pour le pèlerin qui rentre chez lui, être accueilli par des peintures murales et des friandises est une célébration très appréciée.
En règle générale, ceux qui reviennent d’Arabie saoudite après un pèlerinage ramènent de l’eau de Zamzam (source d’origine miraculeuse pour les musulmans), des dattes et des cadeaux pour la famille et les amis.
Dans le passé, le voyage depuis l’Égypte jusqu’à La Mecque était long, difficile et parfois considéré comme dangereux. C’est la raison pour laquelle les peintures murales commémoraient non seulement la personne qui accomplissait le pèlerinage mais aussi son retour sain et sauf.
Aujourd’hui, bien que le voyage soit beaucoup plus facile et se fasse principalement en avion, il est encore considéré comme long par beaucoup – et même obtenir le visa nécessaire n’est pas toujours simple.
Si la tradition des peintures murales du hadj et de la oumra est moins présente ces dernières années, elle reste populaire dans les villages reculés de Haute-Égypte.
Traduit de l’anglais (original).
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