EN IMAGES : À l’Institut du monde arabe, un voyage olfactif pour découvrir les parfums d’Orient
Implantée sur une surface de 1 000 m², l’exposition « Parfums d’Orient » à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris se dévoile à travers des photographies de matières premières qui ont alimenté tout au long de l’histoire les marchés des produits odorants et les compositions des parfumeurs dans le monde arabe.
« Dès la plus haute Antiquité, l’Arabie, terre de l’encens, de l’ambre gris et de la myrrhe, a joué un rôle majeur dans la préparation des parfums », explique à Middle East Eye Agnès Carayon, historienne et co-commissaire de l’exposition. (Crédit photo : Eman Ali, Rose Mountain, Oman, 2023, impression à jet d’encre sur papier fine art Hahnemühle, tirage d’exposition, 71,6 x 50 cm, Paris, musée de l’Institut du monde arabe, © Eman Ali/musée de l’IMA)
(Photo d’ouverture : flacon en forme de chameau, Syrie (?), VIIe-IXe siècle, verre soufflé, décor appliqué, 10,4 x 7,8 cm, Londres, The Nasser D. Collection of Islamic Art, GLS 598)
Les herbes, les épices et les fleurs (rose de Damas, safran, fleur d’oranger…) proviennent quant à elles des campagnes méditerranéennes et proche-orientales, alors que l’essor du commerce maritime et terrestre a développé l’usage d’autres essences précieuses originaires d’Asie comme l’oud, une résine produite par l’agar, un arbre tropical du Vietnam et d’Inde.
« Aujourd’hui encore, certaines essences comme l’oud comptent parmi les plus prisées de la parfumerie », souligne Agnès Carayon. (Photo : Aisha Alsowaidi, Midkhans, Doha, Qatar, 2014, plexiglass et verre soufflé, 16,5 x 7,5 cm, Doha, Collection de l’artiste, ©Alejandro Arango)
Le voyage se poursuit avec une déambulation dans la médina, la ville traditionnelle arabe avec son quartier des parfumeurs, pour découvrir les différents usages du parfum dans l’espace public.
« En traversant le souk des parfumeurs, puis en se rendant aux bains avant d’aller prier, c’est toute la richesse olfactive des pays arabes que l’on découvre », explique à MEE Agnès Carayon, rappelant le rôle principal des parfums dans les rituels de purification prescrits par l’islam qui se déroulent au hammam (bain public), un haut lieu de sociabilité.
L’exposition note aussi le rôle des savants arabes dans le perfectionnement des techniques de distillation à partir du VIIIe siècle, notamment la production d’eaux parfumées et d’huiles essentielles. Pour sa part, le parfumeur est considéré comme un apothicaire qui détient un savoir-faire lui permettant de déterminer les vertus cosmétiques et médicinales des essences. (Photo : Vladimir Antaki, The Guardians – Mohamad Obeidi, Mascate, Oman, 2023, impression sur papier fine art contrecollé sur Dibond, tirage d’exposition)
Dans l’intimité des maisons arabes, le parfum est omniprésent. Parfumer ses invités avec des aspersoirs d’eau florale fait partie des cérémonials d’accueil. Il est de coutume également de brûler de l’encens pour purifier l’air et favoriser la relaxation.
« Ces us me ramènent à mon enfance. Ma mère avait pour habitude d’accueillir les invités à la porte de notre maison en les aspergeant d’eau de fleur d’oranger. Elle possédait un aspersoir en cuivre qu’elle avait ramené dans son trousseau de jeune mariée et le conservait jalousement dans le fond de son armoire », raconte à MEE avec émotion Fairouz, une Algérienne rencontrée à l’exposition. (Photo : aspersoir, Iran (?), XIXe siècle (?), verre soufflé et moulé, bleu cobalt, 35,3 x 10,5 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts de Lyon, D147)
Dans la cuisine d’Afrique du Nord comme au Moyen-Orient, les essences florales et épicées sont également utilisées pour agrémenter les plats. L’eau de fleur d’oranger et la cannelle parfument par ailleurs de nombreuses pâtisseries alors que l’eau de rose est fréquemment utilisée en cosmétique. (Photo : Huda Lufti, The Perfume Garden, Dubaï (Émirats arabes unis), 2008, photographies, coupures de journaux et objets trouvés, 110 x 10 x 160 cm, Dubai, Third Line gallery, © Huda Lufti. Courtesy of the artist and The Third Line, Dubaï)
Le parcours odorant qui traverse une partie de l’exposition permet au visiteur de s’imprégner de différentes senteurs – jasmin, musc, myrrhe, safran, ambre, fleur d’oranger, etc. – qui ont été créées pour l’événement par le parfumeur britannique Christopher Sheldrake. Pour ce fils de producteur d’épices né à Madras, en Inde, le parfum oriental, à l’inverse du parfum occidental, est « authentique », « riche en matière naturelle ».
« On entre dans un genre de sensualité. C’est un parfum de tous les jours, d’accueil parfois, c’est un parfum qui parle, qui a de l’âme », décrit-il. (Photo : Reem al-Nasser, Full rassas, Arabian jasmine bullets, Jizan, Arabie saoudite, 2023, boutons de jasmin, installation reproduite pour l’exposition, 40 x 66 cm, Jeddah, Athr gallery, © Courtesy of the Artist and ATHR)
En plus des dispositifs olfactifs, Christopher Sheldrake a également conçu une table des parfums qui sollicite directement le public et lui permet de déceler et de décomposer, avec son nez, les différentes notes qui composent une fragrance. (Photo : Dima Srouji, Hollow form: the Scent Collection, Wearable Oud Oil Holder Small, Palestine, 2019, pyrex rose, fabriqué à la main, 3 x 4 x 3 cm, Paris, musée de l’Institut du monde arabe © Irthi Crafts Council)
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