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Cinq inventions de l’Égypte antique encore utilisées de nos jours

Outre les connaissances qu’ils ont développées dans les domaines des mathématiques, de l’astronomie ou de la philosophie, les anciens Égyptiens nous ont légué des inventions toujours utiles dans notre vie quotidienne
Un homme réalise un dessin sur papyrus du pharaon égyptien Toutânkhamon (AFP)
Par MEE

Les Égyptiens de l’Antiquité ont donné naissance à l’une des civilisations les plus anciennes et les plus pérennes au monde, fascinant historiens professionnels comme amateurs depuis des siècles.

Leur héritage matériel comprend des centaines de pyramides en Égypte et au Soudan ainsi que des temples complexes et des nécropoles le long du Nil.

Des restes momifiés et des chambres funéraires continuent d’être découverts à travers l’Égypte de nos jours, fournissant de nouveaux indices sur la façon dont vivaient les anciens.

Ces vestiges ne sont toutefois pas les seuls témoins de cette remarquable civilisation : les inventions de l’Égypte antique continuent d’influencer la vie moderne aujourd’hui.

Outre leurs célèbres avancées en mathématiques, en astronomie, en religion et en philosophie, d’autres inventions de l’Égypte antique – moins connues – ont également un impact sur notre façon de vivre aujourd’hui. Middle East Eye se penche sur cinq d’entre elles :

Le papyrus (et peut-être le papier)

Le papyrus est une plante aux multiples fonctions. Certaines parties peuvent être consommées tandis que sa tige a pu être utilisée dans la fabrication des bateaux et des premiers supports d’écriture.

Matériau plus épais que le papier, le papyrus a été utilisé dès 2900 avant notre ère – ce qui le rend bien plus ancien que le papier, connu pour avoir été utilisé par la dynastie chinoise des Han entre 206 avant J-C et 220 après J-C.

Alors que l’on attribue aux Chinois l’invention du papier, certains chercheurs pensent que les Égyptiens les ont peut-être en fait devancés.

L’égyptologue Pierre Tallet a découvert une réserve de documents écrits sur papyrus en 2011 lors d’une fouille archéologique à Ayn Soukhna.

Ceux-ci comprenaient des registres détaillant la construction de la grande pyramide de Gizeh et un journal écrit par un fonctionnaire nommé Merer responsable d’une équipe de 200 hommes qui travaillaient peut-être comme coursiers.

Une femme assemble des bandes de tiges de papyrus dans la province d’ach-Charqiya, dans le nord de l’Égypte (AFP/Khaled Desouki)
Une femme assemble des bandes de tiges de papyrus dans la province d’ach-Charqiya, dans le nord de l’Égypte (AFP/Khaled Desouki)

La cache contenait un morceau de papyrus plus raffiné que les autres, ressemblant à du papier.

Bien que physiquement similaires, le papyrus et le papier résultent de méthodes de production différentes.

Le papyrus est fabriqué en superposant de fines bandes de la plante en lignes horizontales et verticales, puis en les pressant. Le papier est pour sa part fabriqué en désagrégeant la fibre végétale de manière à obtenir une pâte qui est ensuite pressée de manière à former de fines feuilles.

Les Égyptiens continuent de fabriquer des papyrus de nos jours afin de maintenir en vie cet artisanat ancien.

L’encre

Aujourd’hui, écrire à l’encre semble naturel, mais dans le monde antique, les scribes, fonctionnaires lettrés éduqués dans l’art de l’écriture, écrivaient en grattant du texte sur des tablettes d’argile ou de cire.

Ce sont les anciens Égyptiens qui ont rompu pour la première fois avec cette tradition lorsqu’ils ont réalisé que faire des marques à l’encre était un moyen plus efficace de noter des idées.

Ce développement était important car il permettait aux fonctionnaires et aux marchands de tenir des livres de comptes efficaces, et aux prêtres de documenter les prières et les rituels religieux.

Palette et pinceaux d’un scribe datant de 664–332 av. J-C exposés au Metropolitan Museum of Art (MET/Wikipedia)
Palette et pinceaux d’un scribe datant de 664–332 av. J-C exposés au Metropolitan Museum of Art (MET/Wikipedia)

Les chercheurs pensent que les Égyptiens ont inventé l’encre à peu près au même moment que les Chinois – il y a environ 4 500 ans – en mélangeant de la cire d’abeille et de la suie.

Des scientifiques qui étudiaient un papyrus vieux de 2000 ans ont également découvert que du cuivre avait été ajouté à l’encre. D’autres substances naturelles, dont le fer, le quartz et la malachite, ont été ajoutées pour produire différentes encres colorées utilisées pour illustrer des documents sacrés.

Le maquillage

Les pigments et la couleur n’étaient pas seulement utilisés dans l’écriture – ils aidaient également les anciens Égyptiens à s’embellir.

Les archéologues datent la première utilisation du maquillage en Égypte au VIIe millénaire avant J-C et estiment qu’il était porté indépendamment de la classe sociale et du sexe.

L’exemple le plus célèbre de maquillage égyptien est visible sur le buste de la reine Néfertiti, dont les yeux sont maquillés au crayon.

L’exemple le plus célèbre de maquillage égyptien est visible sur le buste de la reine Néfertiti, dont les yeux sont maquillés au crayon (Creative Commons)
L’exemple le plus célèbre de maquillage égyptien est visible sur le buste de la reine Néfertiti, dont les yeux sont maquillés au crayon (Creative Commons)

On pense que le khôl utilisé pour maquiller les yeux était fabriqué à partir de suie et de galène, une espèce minérale composée de sulfure de plomb.

Mais le khôl n’était pas seulement utilisé pour embellir les yeux. Les anciens Égyptiens pensaient qu’il aidait également à maintenir les yeux propres et frais, à améliorer la vision – et à éloigner le mauvais œil.

En outre, les anciens Égyptiens appliquaient souvent une ombre à paupières verte pour agrandir leur regard.

La couleur du pigment était obtenue à partir d’un mélange de malachite et de graisse animale et soigneusement appliquée avec un instrument en ivoire, en os ou en bois.

La graisse animale était un ingrédient clé dans de nombreux autres produits.

Par exemple, en ajoutant de la graisse à l’ocre rouge, les anciens Égyptiens fabriquaient à la fois du rouge à lèvres et du fard à joues, tandis que le parfum mélangé à de la graisse animale durait plus longtemps.

Les huiles parfumées et les parfums fabriqués à partir de résines naturelles et de plantes telles que la myrrhe, le thym, la camomille et la lavande étaient également populaires.

Le dentifrice

Les aliments de l’Égypte antique contenaient souvent de la terre ou du sable en raison de processus de broyage rudimentaires, ce qui pouvait endommager les dents et les gencives.

C’est pourquoi les Égyptiens ont inventé le dentifrice, à base d’ingrédients comprenant de la cendre, des coquilles d’œuf broyées et parfois même des sabots de bœuf broyés. D’autres combinaisons comprenaient du sel gemme, des fleurs d’iris séchées et de la menthe pour ajouter de la fraîcheur.

Mélangée à de l’eau, la poudre formait une pâte qui s’appliquait sur les dents et parfois les gencives du bout des doigts.

La fleur d’iris était réduite en poudre avec d’autres ingrédients pour fabriquer du dentifrice (Wikimedia)
La fleur d’iris était réduite en poudre avec d’autres ingrédients pour fabriquer du dentifrice (Wikimedia)

En 2003, les conservateurs de la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne ont découvert des recettes de dentifrice dans des papyrus qui comprenaient des notes sur la façon de se nettoyer les dents.

Le papyrus Ebers, qui date du XVIe siècle avant notre ère, énumère onze remèdes pour traiter une variété de problèmes dentaires, dont les dents qui bougent.

Les obturations dentaires étaient faites à l’aide d’un mélange d’orge moulue broyée, de miel et d’ocre jaune, cette dernière servant d’agent antiseptique.

Gel capillaire

La graisse animale n’était pas seulement une base populaire pour le maquillage, elle était également utilisée en tant que gel capillaire.

Les anciens Égyptiens aimaient arborer différentes coiffures, des styles longs avec extensions capillaires aux crânes rasés à la lame de pierre. Les plus fortunés portaient souvent des perruques.

Les perruques, comme celle-ci exposée au Musée égyptien du Caire, étaient des atours populaires parmi les riches Égyptiens de l’Antiquité (Creative Commons/Zeinab Mohamed)
Les perruques, comme celle-ci exposée au Musée égyptien du Caire, étaient des atours populaires parmi les riches Égyptiens de l’Antiquité (Creative Commons/Zeinab Mohamed)

Une étude de l’Université de Manchester basée sur les échantillons de cheveux de dix-huit momies a révélé que les Égyptiens utilisaient une substance grasse pour s’assurer que leurs coiffures restaient en place dans la vie comme dans la mort.

Bien que les textes et l’art égyptiens ne fassent aucune mention de l’utilisation de produits capillaires, des perruques ont été trouvées enduites de cire d’abeille.

Traduit de l’anglais (original).

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