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Les Libyens privés d’eau à cause… du beau-frère de Kadhafi

Une grande partie de la Libye est privée d’eau depuis dimanche, des hommes armés ayant fait irruption dans des centres d’approvisionnement pour exiger la libération d’un des anciens proches du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi
Abdallah Senoussi, ex-chef du renseignement libyen, escorté pour son audience préliminaire à la cour d’appel de Tripoli, le 19 septembre 2013 (AFP)
Abdallah Senoussi, ex-chef du renseignement libyen, escorté pour son audience préliminaire à la cour d’appel de Tripoli, le 19 septembre 2013 (AFP)
Par MEE

Les autorités libyennes ont coupé dimanche l’approvisionnement en eau dans plusieurs régions du pays. Jeudi, des hommes armés avaient pris d’assaut plusieurs centres de distribution d’eau exigeant la libération d’Abdallah Senoussi.

L’homme en question est le beau-frère du dictateur déchu Mouammar Kadhafi – il était marié à sa sœur Safia Farkash – et dirigea les services de renseignement de 2002 à 2011.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre présumés lors du soulèvement de 2011, il faisait partie du premier cercle de Kadhafi.

Abdallah Senoussi avait été extradé en septembre 2012 par la Mauritanie, où il s’était enfui après la chute de Kadhafi. En 2013, le tribunal avait donné le feu vert aux autorités libyennes pour le traduire en justice.

Condamné à la perpétuité par contumace en France, il avait été reconnu coupable d’avoir commandité l’attentat contre le DC-10 d’UTA en 1989 et d’avoir fourni les explosifs à l’origine de l’attaque qui avait fait 170 morts.

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Il est aussi accusé d’avoir été la cheville ouvrière de la répression du début des années 1980, des multiples assassinats d’opposants à l’étranger et du massacre des prisonniers mutinés d’Abou Salim en 1996 (1 200 morts, en majorité des islamistes).

Il été condamné à mort en 2015 pour son rôle présumé dans la tentative de répression du soulèvement de 2011 qui a abouti au renversement et à l’assassinat de Kadhafi, dans un procès dénoncé comme expéditif par l’ONU.

Les hommes armés qui ont attaqué les centres d’approvisionnement en eau exigeaient sa libération : ils avaient donné 72 heures aux autorités pour libérer Senoussi, incarcéré dans une prison de haute sécurité à Tripoli, selon la régie des eaux.

Si leurs demandes n’étaient pas satisfaites, ils prévoyaient d’attaquer le réseau qui amène l’eau du sous-sol du Sahara à Tripoli.

Un réseau qui alimente 70 % des villes libyennes

L’approvisionnement de l’ouest et du sud-ouest de la Libye a donc été interrompu dans la nuit de samedi à dimanche par les autorités responsables des eaux de la Grande rivière artificielle (GMR).

Ce projet pharaonique réalisé sous le régime Kadhafi pour irriguer une grande partie du pays achemine l’eau potable pompée dans les nappes phréatiques au sud et alimente « 70% des villes libyennes », selon l’organe qui le dirige.

Les responsables de l’installation ont préféré couper les vannes plutôt que de voir le réseau endommagé lors d’une potentielle attaque et « garantir la sécurité de ses employés ».

Le gouvernement de transition n’a pas réagi à cette affaire qui jette le trouble sur l’éclaircie politique en cours.

Un gouvernement unifié et transitoire a été formé en début d’année, sous la houlette de l’ONU, avec pour mission d’unifier les institutions et de mener le pays à des élections législatives et présidentielle en décembre. Mais les divisions persistent alors que les élections semblent de plus en plus hypothétiques. 

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