Après la mort d’un journaliste saoudien, des groupes de défense des droits de l’homme réclament une enquête
Des défenseurs des droits de l’homme ont réclamé une enquête après la mort présumée du journaliste saoudien Saleh al-Shehi, qui a été libéré en mai après avoir passé deux ans en prison.
Le groupe de surveillance saoudien Prisoners of Conscience a déclaré dimanche 19 juillet que Shehi était décédé suite à une « grave détérioration de son état de santé » depuis sa libération.
Chroniqueur pour le journal al-Watan, Shehi critiquait fréquemment les politiques économiques du gouvernement, la corruption et le traitement des travailleurs immigrés.
Il a été condamné à cinq ans de prison en février 2018 pour « insulte à la cour royale » après la diffusion d’un programme télévisé dans lequel il a fustigé la corruption généralisée dans le pays.
Traduction : « Nos condoléances à la famille du journaliste Saleh al-Shehi, décédé hier dans des circonstances mystérieuses, après avoir été libéré de prison il y a deux mois. Nous appelons à une enquête impartiale, rapide, approfondie, indépendante et efficace sur sa mort. »
Les raisons de sa libération anticipée ne sont pas connues. Les autorités saoudiennes ont libéré certains prisonniers en raison de préoccupations liées au coronavirus, mais jamais pour des raisons politiques.
L’organisation saoudienne de défense des droits de l’homme ALQST a déclaré dans un tweet que Shehi était mort dans des « circonstances mystérieuses ».
« Nous demandons une enquête impartiale, prompte, approfondie, indépendante et efficace sur les causes de son décès. »
Son emprisonnement a été initialement critiqué par d’autres journalistes saoudiens, notamment Jamal Khashoggi, chroniqueur pour le Washington Post et Middle East Eye, tué plus tard au cours de la même année au consulat saoudien à Istanbul.
Dans sa dernière chronique pour le Washington Post, Khashoggi a décrit Shehi comme un « ami cher » qui s’était attiré les foudres de « l’establishment saoudien ».
Les journalistes réprimés
Dans un tweet publié dimanche soir, Abdullah al-Ouda – le fils du religieux saoudien emprisonné Salman al-Ouda – a décrit la mort de Shehi comme la dernière tragédie en date de la série de décès d’éminents journalistes saoudiens dissidents, dont Khashoggi et Abdullah Hamid.
« Que Dieu ait pitié de Saleh al-Shehi qui est mort aujourd’hui […] après avoir été libéré de prison », a-t-il écrit. « Que Dieu ait pitié d’Abdullah Hamid, qui est mort par terre dans sa cellule suite à des négligences médicales. Que Dieu ait pitié de Jamal Khashoggi, qu’ils ont tué au consulat. »
« Nous voulons connaître son état de santé au moment de sa libération. Et les raisons qui lui ont permis de sortir de prison. Cette ambiguïté n’est dans l’intérêt de personne »
– Alia al-Hathloul, sœur de Loujain al-Hathloul
L’auteur et activiste Abdullah Hamid est mort en prison en avril ; il purgeait une peine d’onze ans d’emprisonnement pour avoir « porté atteinte à l’unité nationale, désobéi au dirigeant et remis en cause l’intégrité des responsables ».
Alia al-Hathloul, sœur de Loujain al-Hathloul, une activiste des droits des femmes actuellement emprisonnée, a dénoncé une « ambiguïté » tant dans la mort de Shehi que dans les raisons de sa libération.
« Nous voulons connaître son état de santé au moment de sa libération. Et les raisons qui lui ont permis de sortir de prison », a-t-elle tweeté. « Cette ambiguïté n’est dans l’intérêt de personne »
Depuis l’ascension au pouvoir du prince héritier Mohammed ben Salmane en 2016, les voix dissidentes saoudiennes ont fait l’objet d’une sévère répression, à l’intérieur comme à l’extérieur du royaume.
Selon l’édition 2020 du classement mondial de la liberté de la presse, l’Arabie saoudite figure au 170e rang sur 180 pays en matière de liberté d’expression.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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