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Les hommes arrêtés alors qu’ils quittaient la Libye avec des passeports français sont liés à Haftar, selon une source tunisienne

Paris affirme que ces hommes, arrêtés en Tunisie la semaine dernière en possession d’armes et de munitions, faisaient partie de l’équipe de sécurité de sa mission diplomatique en Libye
MEE a obtenu les photos des passeports de ces hommes armés ayant tenté de pénétrer en Tunisie depuis la Libye
Par MEE

Les treize hommes armés munis de passeports diplomatiques français arrêtés en Tunisie la semaine dernière alors qu’ils quittaient la Libye apportaient un soutien logistique aux forces du général Khalifa Haftar dans son offensive à Tripoli, affirment des sources tunisiennes à Middle East Eye.

Paris a minimisé l’incident par l’intermédiaire de son ambassade à Tunis la semaine dernière, affirmant que ces hommes appartenaient à l’équipe de sécurité chargée d’« assurer la sécurité » de l’ambassadeur de France en Libye.

MEE a obtenu des photos des passeports de cette équipe, des hommes âgés de 25 à 35 ans. Le groupe a été arrêté alors qu’il tentait de passer en Tunisie par le poste-frontière côtier de Ras Ajdir. Ils avaient des armes et des munitions, selon des responsables tunisiens.

Un autre groupe de citoyens européens a également été intercepté par les autorités tunisiennes la semaine dernière alors qu’il tentait de pénétrer dans le pays depuis la Libye par voie maritime.

MEE a contacté ministère français des Affaires étrangères mais n’avait pas obtenu de réponse à ses sollicitations au moment de la publication.

Haftar, ancien général soutenu par les EAU et la Russie, a lancé ce mois-ci une offensive visant à prendre Tripoli au gouvernement reconnu par la communauté internationale (AFP)
Haftar, ancien général soutenu par les EAU et la Russie, a lancé ce mois-ci une offensive visant à prendre Tripoli au gouvernement reconnu par la communauté internationale (AFP)

Les allégations de soutien français à Haftar, au moyen notamment de forces sur le terrain, sont potentiellement embarrassantes pour la France, en particulier après que Paris a exprimé son soutien au « gouvernement légitime du Premier ministre Fayez al-Sarraj et à la médiation de l’ONU ».

La semaine dernière, l’Union européenne a également reconnu le gouvernement de Tripoli et la chancelière allemande Angela Merkel a condamné Haftar.

Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur à Tripoli a accusé Paris de soutenir Haftar et a décidé de suspendre tous les accords de sécurité avec la France.

La campagne de Haftar

Après s’être emparé d’une grande partie de l’est du pays face à diverses milices, Haftar, ancien général soutenu par les Émirats arabes unis et la Russie, a avancé ce mois-ci en vue de prendre Tripoli au gouvernement reconnu par la communauté internationale.

La capitale libyenne a été secouée par des affrontements répétés entre milices rivales qui ont profité du fait que le gouvernement était incapable d’affirmer son contrôle sur différents groupes armés.

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Un responsable tunisien, parlant à MEE sous couvert d’anonymat en raison du caractère sensible de l’affaire, explique que Haftar prévoyait de pénétrer à Tripoli « sans rencontrer d’opposition » après avoir exploité des divisions dans le camp pro-gouvernemental, mais que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

Avant l’offensive de Haftar sur la capitale libyenne, les militants misratains s’étaient retirés de Tripoli et Abdelhakim Belhadj, commandant rebelle qui avait joué un rôle décisif dans le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, avait dissous ses forces.

« Haftar espérait donc qu’en faisant sortir ses partisans, il pourrait simplement entrer », estime ce responsable tunisien.

Il ajoute que Haftar avait synchronisé sa campagne avec la transition en Algérie où l’ancien président Abdelaziz Bouteflika était confronté à des manifestations massives qui avaient conduit à sa démission plus tôt ce mois-ci. Alger s’était opposé à l’offensive sur Tripoli.

« Il pensait que l’Algérie serait trop distraite par ses propres problèmes pour organiser une campagne efficace contre la sienne », déclare le responsable.

Cependant, les milices rivales de la capitale libyenne ont unifié leurs rangs pour contrecarrer les plans de Haftar.

« La blitzkrieg de Haftar n’a pas fonctionné, alors c’est maintenant le “Plan B” : des attaques aériennes aveugles sur des cibles civiles », ajoute-t-il.

La source estime que si les milices réussissent à « absorber l’attaque de Haftar », elles pourraient le placer dans une situation difficile face à une condamnation internationale qui limiterait le soutien aérien qu’il avait précédemment reçu des Émiratis.

« La multiplication des attaques aériennes à la lumière du jour est un signe de désespoir », commente la source.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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