EN IMAGES : Comment les mosquées ont façonné les cités d’Iran
Ispahan a été à plusieurs reprises la capitale de l’Iran et, avec le reste de la province, est célèbre pour son patrimoine. La mosquée du Shah, également connue sous le nom de « mosquée de l’Imam » en référence à Khomeini, est le joyau de l’architecture des Séfévides et domine la ville, jadis siège du pouvoir de la dynastie séfévide qui régna sur la Perse de 1501 à 1736. La mosquée a été construite en 1611 sous Abbas Ier et se trouve du côté sud de la place Naghch-e Jahan, sans doute la plus belle d’Iran (Ali Afaq).
Une autre vue de la mosquée du Shah à Ispahan, construite pour accueillir les prières du vendredi à la place de la mosquée Jameh. L’édifice est particulièrement connu pour ses carreaux de mosaïque de sept couleurs et ses calligraphies. Toujours fréquentée aujourd’hui, elle se trouve à proximité de la mosquée du cheikh Lotfallah (Ali Afaq).
L’appellation « mosquée du vendredi » est employée en Iran pour désigner une grande mosquée où sont faites les prières obligatoires du vendredi. Cette expression est utilisée dans d’autres pays musulmans mais ce n’est qu’en Iran qu’elle désigne cette vocation. La mosquée Jameh à Nain, à environ 80 km à l’est d’Ispahan, remonte au IXe siècle mais est toujours fréquentée. Le simple minaret de briques du Xe siècle a été construit à l’époque seldjoukide, lorsque l’empire sunnite turco-perse s’étendait de l’Anatolie de l’Ouest et du Levant à l’Hindou Kouch, chaîne de hautes montagnes en Afghanistan et au Pakistan (Ali Afaq).
La mosquée du cheikh Lotfallah, située sur la place Naghch-e Jahan à Ispahan, est peut-être la plus célèbre en Iran pour ses dômes extérieur et intérieur. Construite en tant que lieu de culte privé pour le shah séfévide Abbas Ier au début du XVIIe siècle, elle ne possède pas de minaret car aucun appel à la prière au public n’était nécessaire. Contrairement à la mosquée du Shah, celle du cheikh Lotfallah n’était ouverte que pour la famille régnante qui, dit-on, utilisait un tunnel souterrain pour éviter la foule sur la place (Ali Afaq).
La mosquée Seyyed à Ispahan, qui date du XIXe siècle, est l’une des mosquées les plus grandes, les plus belles et les plus influentes laissées par les Kadjars, qui ont dirigé l’Iran de 1789 à 1925. Elle est considérée comme une incarnation influente de leur architecture : le minaret unique comprend une horloge, amenée en Iran par Nader Shah, un génie militaire surnommé le « Napoléon d’Iran », qui régna de 1736 à 1747. Sa visite en Europe entraîna l’importation de l’architecture, de la culture et de la langue occidentaux et l’utilisation d’horloges sur les minarets (Ali Afaq).
En Iran, il n’est pas rare de voir de splendides tombes construites pour les femmes, mais la tombe de Soltan Bakht Agha à Ispahan est inhabituelle car la défunte n’a aucun statut religieux. Soltan Bakht Agha, la nièce du Shah cheikh Abou Ichaq, roi du XIVe siècle, a été tuée par son mari pour avoir été infidèle. Jalaleddin, son beau-frère, s’est finalement emparé d’Ispahan et a fait construire un mausolée sur sa tombe. La structure se trouve dans les ruelles, derrière le grand bazar et à proximité de la mosquée principale Jameh d’Ispahan (même les habitants peinent à la trouver). On ignore pourquoi elle possède une grande porte et deux minarets : on en trouve généralement à l’entrée d’une mosquée, mais il est peu probable qu’une autre ait été construite à proximité de la mosquée Jameh. La tombe elle-même est fermée aux visiteurs (Ali Afaq).
La mosquée Agha Bozorg, du XVIIIe siècle, domine le centre de Kachan, à environ 90 km au nord d’Ispahan, non seulement par sa taille, son emplacement et sa grandeur, mais pour la créativité qu’elle symbolise dans une ville réputée pour ses carreaux et ses tapis. Le dôme est en brique pleine et il manque les tuiles, les mosaïques et les turquoises habituelles présentes dans d’autres mosquées iraniennes. Cette faible densité, ainsi que les deux minarets et le dôme unique de la mosquée, font d’Agha Bozorg le monument préféré de ceux qui apprécient le minimalisme. La cour unique, qui accueille les étudiants, se trouve à plusieurs mètres sous terre (Ali Afaq).
La maison des Boroudjerd à Kachan a été conçue par Ustad Ali Maryam, un architecte du XIXe siècle, qui a débuté sa carrière comme apprenti sur la mosquée Agha Bozorg (voir ci-dessus). Le bâtiment, qui appartenait autrefois à un marchand de Kachan, est décoré de stuc, de verre et de miroirs. Il n’était pas inhabituel pour les riches et les nantis d’Iran de s’inspirer, pour leurs maisons, des concepts biruni (extérieur) et andaruni (intérieur) utilisés dans les mosquées. La maison maison des Boroudjerd est réputée pour l’intérieur de son dôme, considéré comme l’un des meilleurs exemples de cette approche (Afaq Ali).
La mosquée Jameh, ou mosquée du Vendredi de Yazd, date du XIIe siècle. Certains historiens affirment qu’elle a été construite sur le site d’un temple du feu sassanide (dynastie perse ayant régné sur le Grand Iran de 224 à l’invasion musulmane en 651), alors que la religion principale de la région était le zoroastrisme. La plupart des mosquées du vendredi en Iran étaient autrefois des temples du feu – l’un de ces temples à Yazd avait un feu allumé depuis 1 500 ans. La mosquée est surmontée de deux minarets de 52 mètres qui comptent parmi les plus hauts d’Iran. Contrairement à la plupart des mosquées iraniennes, les tours ne sont pas placées de part et d’autre du dôme central (Ali Afaq).
Le mausolée de l’imam Reza à Mechhed, capitale spirituelle de l’Iran, abrite le tombeau du huitième imam des duodécimains (Les Douze imams sont pour les chiites duodécimains les successeurs spirituels et politiques après la mort du prophète Mohammed), qui a vécu au IXe siècle. Il a été construit en 818 après sa mort. Le mausolée est le lieu de pèlerinage le plus visité en Iran par les chiites et les sunnites : le complexe, y compris les cours environnantes, est plus grand que ceux de La Mecque ou de Médine, les deux plus saints lieux de l’islam. Le site actuel date de 1977, lorsque les quartiers ont été démolis pour que le sanctuaire devienne le point de convergence des artères entrant dans Mechhed (Ali Afaq).
La mosquée Jameh à Tabriz est située dans l’Azerbaïdjan oriental. Elle est adjacente au grand bazar, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’un des plus grands marchés couverts du monde, datant d’au moins huit siècles. La structure d’origine de la mosquée n’existe plus : le bâtiment actuel date du XVIIe siècle. Il est orné de deux minarets géants avec des ponts à plusieurs niveaux, une caractéristique rare des mosquées iraniennes mais que l’on trouve souvent en Afrique du Nord (Ali Afaq).
La mosquée Nasir-ol-Molk à Chiraz, plus connue sous le nom de « mosquée rose » en raison de la couleur de ses tuiles, est peut-être la mosquée la plus visitée d’Iran. Achevée en 1888, au cours des derniers jours de la dynastie Kadjar, elle est surtout connue pour le vaste verre coloré de sa façade et le Panj Kase (cinq concaves, éléments traditionnels) sous les arches intérieures de la mosquée (Ali Afaq).
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].