Face à l’offensive de Haftar sur Tripoli, Alger allait intervenir, selon le président Tebboune
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé mardi que son pays était prêt à « intervenir d’une manière ou une autre » en Libye voisine pour stopper l’avancée des forces du maréchal Khalifa Haftar, lors de leur offensive lancée sur la capitale Tripoli en 2019-2020.
Entre le 4 avril 2019 et le 5 juin 2020, l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar tente de prendre la capitale Tripoli. Des combats s’engagent face aux forces du Gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, qui avaient lancé l’opération « Volcan de la colère » pour reprendre les territoires conquis par Haftar.
Lors d’un entretien avec la chaîne qatarie Al Jazeera, diffusé mardi soir, le président algérien a dit avoir songé à une intervention en Libye car « Tripoli est une ligne rouge ».
« Nous n’acceptons pas que la capitale d’un pays maghrébin et africain soit occupée par des mercenaires. Nous allions intervenir », a assuré Tebboune.
À la question de savoir s’il se serait agi d’une intervention « militaire », le président algérien a répondu que son pays serait intervenu d’une « manière ou d’une autre : nous n’allions pas rester les mains croisées ».
« Quand nous avons dit ‘‘c’est une ligne rouge’’, le message est parvenu et Tripoli n’a pas été occupée », a-t-il ajouté à propos de l’offensive des forces de l’homme fort de l’Est libyen pour s’emparer de la capitale Tripoli, siège du gouvernement reconnu par l’ONU.
L’intervention militaire en question
Les propos du chef de l’État témoignent d’une inflexion dans la doctrine de défense de l’Algérie, première puissance militaire du Maghreb et deuxième d’Afrique.
La réforme constitutionnelle voulue par Tebboune et adoptée par référendum le 1er novembre 2020 ouvre en effet la voie à un possible déploiement de l’armée algérienne à l’étranger.
Jusque-là, l’Algérie écartait toute intervention militaire hors de ses frontières conformément à ses principes de non-ingérence.
Mais elle autorise désormais son armée à prendre part à des opérations de maintien de la paix « dans le cadre du respect des principes et des objectifs des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue arabe ».
L’Algérie a participé à plusieurs opérations onusiennes, comme en 1989 en Angola, en 1992-1993 au Cambodge, en 1995 et 1996 en Haïti ou encore en 1999 au Congo.
La nouvelle mouture de la Constitution donne le droit au président – chef suprême des forces armées et ministre de la Défense – d’engager des troupes, avec l’aval des deux tiers du Parlement.
Récemment interrogé par le magazine français Le Point sur l’éventualité d’une intervention militaire d’Alger en cas de retrait de l’opération française Barkhane du Sahel, le président algérien a déclaré que « la Constitution algérienne autoris[ait] désormais ce type d’intervention », tout en nuançant : « mais la solution n’est pas là ».
« L’Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni ne permettra une partition du pays. Pour régler le problème au nord du Mali, il faut y redéployer l’État. Via les accords d’Alger, nous sommes là pour aider Bamako, ce que nous faisons déjà avec la formation des militaires maliens », a-t-il appuyé.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].