Un vent nouveau souffle sur le Moyen-Orient
Cette opinion est basée sur le discours de Wadah Khanfar au forum d'Al-Jazeera le 6 mai 2015.
Quand j'ai démissionné de mon poste de directeur général du réseau Al-Jazeera en 2011, j'ai dédié la plupart de mon temps à une institution que j'ai fondé avec un groupe d'amis, de chercheurs et d'activistes du monde arabe, que nous avons appelée Al Sharq Forum.
Dans l'intérêt de ceux, nombreux, s'interrogeant sur le secret derrière un tel nom, le mot Al Sharq (l'Orient) est le terme adopté par les historiens dans notre région vers la fin du 19ème siècle, en particulier à la suite de l'effondrement de l'Etat ottoman après la première guerre mondiale. « Sharq » était donc le terme utilisé par les poètes, les intellectuels et les réformistes pour décrire cet héritage qui s'étend sur les quatre nations formant ensemble la région du Sharq : les Arabes, les Turcs, les Kurdes et les Iraniens.
« Sharq » exprime aujourd'hui une période transitoire historique et nécessite un nouveau projet. La région vit une transition essentielle et authentique. C'est comme si tout le siècle passé, depuis la première guerre mondiale, n'a fait qu'apaiser la réalité. Cependant, cet apaisement ne disposait pas de fondations solides. Ce qui fait que la réalité a maintenant explosé sous nos yeux avec ses frontières, minorités, majorités, sectes et tendances. Bon nombre perçoivent cette situation comme un état de chaos total et de fuite. Moi par contre, je la considère un état de transition naturelle et d'évolution historique vers le point d'équilibre que nous devons nous employer à atteindre en réduisant au minimum l'effusion de sang, la violence et la destruction.
La région aujourd'hui, surtout durant ces derniers mois, connaît une nouvelle situation. Je pense que la « Tempête décisive » lancée contre les Houthis au Yémen a créé une nouvelle sensation. On peut sentir aujourd'hui qu'une nouvelle forme d'ordre régional devrait naître ou est en train de se former. Cet ordre, ou cette entente, ou cette coalition, devrait se mettre en place et n'a que trop tardé : le fait est qu'il est attendu depuis très longtemps mais a été retardé, comme beaucoup de projets sont retardés dans nos pays d'ailleurs, à cause des pressions du passé qui cherchent toujours, par tous les moyens, à garder l'avenir otage. Je crois, pour commencer, que nous devons y adhérer, l'exploiter, le protéger, le développer vers une plus grande stabilité régionale et établir de nouvelles fondations pour un Sharq équilibré.
Vide régional
Durant ces dernières années, nous, dans le monde arabe, nous sommes préoccupés de nous-mêmes. Nos priorités se sont embrouillées et se sont elles-mêmes attaquées, punissant, prenant d'assaut et explosant la réalité d'une manière qui n'aurait jamais dû être, mais qui est arrivée, car quand beaucoup redoutaient le Printemps arabe et les révolutions arabes, ils ont cherché à les faire taire ou les déraciner. Le résultat a été que nous nous sommes tournés les uns contre les autres et avons entamé notre propre immunité.
Ces dernières années, la région a vécu dans un vide stratégique et les Arabes étaient le maillon le plus faible parmi les composantes de la région. Les Etats iraniens et turcs ont été beaucoup plus stables et représentatifs. En revanche, les entités séparatrices supportées par le monde arabe, cumulées avec nos priorités confuses et nos attaques sur nous-mêmes, ont mené à un déséquilibre sérieux dans la région.
Pendant ce temps, l'Iran a avancé sur son projet expansionniste. Quand je dis l'Iran, j'entends l'Etat iranien et non pas une secte. Dans la majorité des conflits et des stratégies, les Etats sont des entités qui ont de furieuses ambitions hégémoniques ; dans la poursuite d'une telle hégémonie, ils utiliseraient tous les moyens à leur disposition, y compris la religion, le sectarisme et le mysticisme. Mais ici, je souligne la dimension stratégique des interactions dans le Sharq sans la réduire à un conflit religieux.
L'Iran a exploité le vide de la région, s'infiltrant dans les niches malheureusement laissées vacantes dans notre réalité arabe fragmentée. Mais en se faisant, l'Iran est allé au-delà de ce qu'il peut supporter. Cela a provoqué en chacun de nous, Arabes, Turcs ou musulmans nous appelant « les gens de la sunna », quelque chose de nouveau et quelque chose que nous espérions éviter qui est « la perception de notre sunnisme », bien que je reste entièrement convaincu que nous ne devrions pas nous considérer comme une secte. Quoi qu'il en soit, l'Iran est parvenu à provoquer une colère cachée en nous. Par conséquent, en l'absence d'une vision politique rationnelle, des appels à la vengeance usant de slogans sectaires ont été lancés.
Le conflit avec l'Iran et son influence régionale ne seront pas l'œuvre d'un mois ni même d'une année. Ce sera une longue lutte durant laquelle chaque partie s'efforcera de réaliser les gains les plus substantiels jusqu'à ce qu'un point d'équilibre soit trouvé, quand toutes les parties seront persuadées que l'intérêt de la région dans son ensemble est dans l'intérêt de toutes les parties. Nous n'aurons pas d'autre choix que de nous asseoir et dialoguer.
D'ici là, je mettrais en garde contre la confusion d'un conflit stratégique d'intérêts et d'influence avec un conflit religieux. Les intérêts de ceux dont le but absolu est de déraciner des hommes et détruire leur existence même ne devraient pas être confondus avec ceux politiques et temporaires, et nous devons nous protéger d'une telle pensée car un conflit religieux dans cette région serait une boucherie. Nous devrions tenir nos élites et nos politiciens responsables : devrions-nous être entraînés dans un tel conflit, nous en payerions le prix pour les siècles à venir.
Une coalition d'équilibre
Alors qu'il y a eu des appels à la création d'une coalition sunnite, je crois qu'un tel axe, formé dans le monde musulman uniquement pour faire face à l'Iran, serait une erreur stratégique, historique et idéologique. Cependant, une coalition fondée sur le principe de servir les intérêts de toutes les nations de la région pourrait nous aider à atteindre la stabilité.
La réalité quotidienne des Palestiniens devrait figurer en premier plan dans le programme de la coalition, notamment le siège enduré par les Gazaouis. Bien que le public soit sensibilisé au conflit comme jamais auparavant grâce aux nouveaux modes de communication, nous avons été incapables d'en tirer avantage à cause de l'état de morcellement du monde arabe.
Restaurer la stabilité en Syrie et tenter de faire tomber le régime de Bachar al-Assad, responsable de l'éclatement politique et sectaire dans la région, devrait aussi être en tête des priorités de la coalition. L'Irak, aussi, devrait être au cœur de la mission de la coalition car l'Irak est le bouclier de la péninsule arabique. Sans un tel bouclier, nous serions exposés à l'Iran et à tous les conflits qui pourraient naître à l'avenir. L’Afghanistan devrait aussi être parmi ces priorités. Une situation stable doit être atteinte à l'intérieur du pays, qui permettra à toutes les composantes de participer à un système politique équilibré.
Les conditions préalables à une coalition prévalent aujourd'hui plus que jamais auparavant, principalement à cause du désengagement partiel des Etats-Unis des interventions entreprises par l'administration Bush et les administrations précédentes, et pas seulement au Moyen-Orient. Il n'y a qu'à voir l'Ukraine, devenue d'ailleurs une des problématiques les plus importantes dans les relations internationales : son impact est considérable sur l'équilibre des pouvoirs, de par sa proximité avec l'Union européenne et ses anciennes relations avec la Russie et l'Occident. Alors, qu'a fait l'Occident pour l'Ukraine ?
La Russie a pu occuper la Crimée, et aujourd'hui elle intervient dans les régions de l'est au moyen des milices ukrainiennes. Qu'a pu faire l'Union européenne à part imposer quelques sanctions ? En fait, la plupart des pays occidentaux tentent de limiter ces sanctions car elles ont un impact négatif sur leurs propres économies chancelantes. Et que se passe-t-il ensuite ? Rien !
L'approvisionnement en armes du gouvernement ukrainien est même encore extrêmement controversé dans les cercles occidentaux et aux Etats-Unis. Si l'administration américaine opte pour la non-confrontation, toute partie pourra faire ce qu'elle estime être approprié et en assumer entièrement les conséquences. La Russie s'en rend bien compte ; l'Iran aussi.
Nous avons pris l'habitude dans notre réalité arabe de considérer l'Amérique comme si c'était le monde entier, l'extérieur, la communauté internationale et la volonté politique. Mais aujourd'hui l'Amérique dit : Je ne suis plus ce que vous souhaitez que je sois. Donc, nous ne devrions pas insister. Au contraire, c'est l'occasion de construire une coalition régionale qui ait une vision intrinsèque centrée sur nos propres intérêts plutôt que sur ceux de l'Occident.
Ce dont il est vraiment question à Camp David
Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe qui se sont rendus à Camp David cette semaine pour rencontrer le président Barack Obama devraient tenir compte du fait que l'administration américaine affronte une lutte sur l'accord de Lausanne qui déterminera significativement l'héritage de Barack Obama. A la suite de la lettre des dirigeants républicains envoyée à l'Iran déclarant que l'accord ne se réaliserait jamais sous leur garde, le Congrès a légiféré qu'« aucun accord avec l'Iran ne sera valide sans l'approbation du Congrès ».
L'inquiétude première de Barack Obama est de faire passer l'accord nucléaire. La réunion tenue à Camp David d'où rien de bon n'est jamais sorti pour les Arabes, d'ailleurs, est voulue à cet effet. Nous devrions être absolument certains que Barack Obama veut cette réunion pour obtenir le consentement arabe qu'il pourra alors présenter au Congrès et dire : vous prétendiez que nous renoncions à nos alliés traditionnels au Moyen-Orient ? Ce n'est pas vrai ; ils ont déjà approuvé l'accord de Lausanne et n'ont aucun problème.
Une fois que nous avons clairement établi que Camp David ne prévoit pas de répondre aux besoins des Arabes et du Golfe en matière de sécurité, mais plutôt de préserver Barack Obama, nous saurons que nous devons aller à la réunion avec nos propres objectifs. Nous ne devrions pas approuver gratuitement l'accord iranien qui finira par devenir une réalité de toute façon. Nous devrions notamment pousser les Etats-Unis à changer leurs positions actuelles sur le Yémen, la Syrie et l'Irak.
Certains disent que les Américains nous soutiennent au Yémen. Or ce n'est pas le cas. Au Yémen, les Américains utilisent une logique entièrement différente de celle que nous recherchons. Pour ce qui est du Yémen, les Américains disent qu'ils soutiennent la Tempête décisive pour une question de principe, mais la vérité est qu'ils s'y opposent. Tous les pays de la région le savent. Ils savent que les Américains exercent des pressions dans différentes directions pour influencer la situation au Yémen. Ils veulent un cessez-le-feu immédiat, suivi d'un processus politique. Cela finira par conférer une légitimité à l'occupation houthiste du Yémen.
Quant à la Syrie, les Américains sont plutôt perturbés par l'avancée récente des révolutionnaires sur Damas. Ils ont fait pression sur tous les pays soutenant la révolution pour arrêter l'avancée sur Damas afin d'empêcher la chute du régime de Bachar al-Assad. Les Américains s'appliquent à empêcher l'effondrement du régime syrien car ils croient que la chute de Bachar al-Assad engendrera l'émergence d'un régime potentiellement terroriste. Pour cette raison, ils proposent un genre d'accord qui garderait Bachar al-Assad en place pour un ou deux ans comme une période transitoire pendant laquelle ils continueront à combattre le Front al-Nosra, l'Etat islamique et d'autres, jusqu'à ce qu'ils arrivent à conclure un accord final.
Du côté de l'Irak, la politique américaine consiste à soutenir entièrement le gouvernement d’Haïder al-Abadi, qui n'est pas très différent du gouvernement de Nouri al-Maliki pour ce qui est des politiques et des stratégies majeures du pays. La situation irakienne dont Tikrit nous a peint le tableau sinistre nous menace toujours : une armée sectaire et des milices radicales qui commettent les crimes les plus affreux. D'autres organisations commettent des atrocités similaires. La conclusion est qu'il n'y a pas d'édifice gouvernemental irakien officiel derrière lequel nous pouvons nous tenir et dont nous pouvons dire qu'il représente l'Etat irakien. En fait, il y a un édifice irakien officiel représentant une secte spécifique et servant des intérêts spécifiques ; ceci n'est pas du tout acceptable.
Ainsi, les trois positions américaines en ce qui concerne notre région sont principalement alignées avec la position iranienne. En d'autres termes, le plafond américain au Moyen-Orient aujourd'hui est identique à celui de l'Iran.
Quand nous nous rendons à Washington, les Américains devraient entendre des mots clairs de la part des dirigeants arabes. Ils doivent savoir que ce qui est exigé de nous a un prix et que ce prix est le soutien américain pour un changement radical en Syrie, un équilibre essentiel dans les relations entre sunnites, chiites et Kurdes en Irak, et la restauration d'une légitimité au Yémen. Sans cela, nous ne devrions rien accorder gratuitement à Barack Obama.
Le conflit sur l'âme de la région
L'avenir de la région est dans l'ombre des conflits internes qui sévissent dans nos sociétés arabes. Nous avons célébré et nous sommes sentis si excités de la réalité arabe quand notre jeunesse a réussi à se dresser fière, digne et libre et quand elle a déchaîné l'espoir en nous. Cependant, les forces contre-révolutionnaires ont rapidement lancé une attaque contre les jeunes dirigeants de la révolution et contre nos partis et mouvances politiques qui avaient peu d'expérience politique pointue ou pas du tout.
Aujourd'hui, nous sommes dans une situation amère. Les flèches qui ont ciblé nos cœurs ne devraient pas miner nos espoirs. Nous devons nous assurer que le projet, commencé par le cri de liberté et de dignité d'un jeune homme en Tunisie, continue avec la maturité et la pleine compréhension des changements intervenant dans la région, tout en insistant au maximum sur les résultats auxquels nos aspirons.
Le projet de libération et de dignité dans notre monde arabe est un projet constant et continu. Quiconque croit que nous avons été battus, que nous devrions reculer et que nous devrions nous taire pour les vingt ans à venir, se berce d'illusions. Même si nous ne sommes pas encore parvenus au royaume de la liberté et de la démocratie dans notre monde arabe, les forces contre-révolutionnaires n'ont pas réussi non plus. Tous les régimes, apparus pour tenter d'enterrer vivante la révolution, n'ont pas réussi à se stabiliser. Au contraire, ils souffrent davantage et plus profondément que les forces réclamant liberté et démocratie.
Donc, nous devrions dire que l'espoir continue et que la marche pour le changement ne date pas d'hier et ne finira pas demain. Pendant des milliers d'années, cette région a été au centre des changements mondiaux. Tout changement qui s'y produit se reflète sur le monde entier. Le prix du changement dans cette région est plus élevé que le prix du changement n'importe où d'autre à travers le monde. Quiconque recherche une authentique stabilité dans la région du Sharq doit savoir que le prix sera très élevé, que le chemin sera très long et que la patience sera impérative. Ceux qui ne peuvent pas se le permettre devraient abandonner aujourd'hui pour ne pas constituer un facteur de frustration et de désespoir.
L'histoire nous apprend que les missions divines sont nées ici et les doctrines intellectuelles aussi. Donc, c'est ici que le plus haut degré de complexité semble être, dans la réalité même que nous endurons. Aussi, quand nous parlons du Sharq, nous parlons seulement de l'esprit de l'ancien monde. L'esprit du Sharq s'étend au cœur même du monde avec sa philosophie, sa politique, son histoire et son économie. Nous devons comprendre cela et comprendre que nous habitons un épicentre unique de civilisations qui demande une action plus profonde et plus intelligente que ce qui a été entrepris jusqu'ici.
Le désespoir s'insinuant dans beaucoup de cœurs nous pousse à agir à la hâte. Le prix payé jusqu'ici pour la dignité et la gloire dans notre monde arabe est toujours dérisoire si l'on considère le fait que ce conflit est un conflit pour l'avenir tout entier. Ce n'est pas un conflit sur un poste présidentiel ou un siège parlementaire ou sur un portefeuille ministériel. C'est un conflit sur l'âme du Sharq, c'est un conflit sur l'âme des prochaines générations, c'est un conflit sur l'esprit du changement dans le monde entier.
Nous devons comprendre cela et nous devons l'expérimenter et le traiter comme il le mérite. Nous devons être prêts à réfléchir et repenser nos idées. Nous devons proposer des programmes et des approches capables de faire face à tout pacte mondial ou régional. Demain naîtra à cause de nous ou malgré nous. Finalement, nous devrions souhaiter avoir l'honneur de nous tenir du côté du renouveau.
Ceux qui vivent dans notre monde actuel, dans notre région, nous-mêmes dans nos propres sociétés, vivons une situation unique. Nous vivons un état de transformation qui justifie que nous le célébrions. La peine ne devrait pas nous dissuader de continuer à vivre dans l'espoir que le changement est imminent. Le prix élevé ne devrait pas nous dissuader d'insister sur les grandes récompenses qui attendent nos enfants, nos petits-enfants et les générations futures.
L'esprit du Sharq
Nous devrions réaliser que nous ne sommes pas seulement dans un conflit géopolitique. Nous sommes au sein d'un conflit intellectuel également, un conflit qui porte sur la découverte de nous-mêmes. Le soulèvement arabe nous a causé tant de douleur et tant de tragédies aussi. Mais il a révélé de même tant de délabrement dans nos idées, nos visions et nos points de vue. Qui pourrait croire que notre peuple qui a engendré ces jeunes hommes et femmes qui ont assailli les places se manifestant pour la gloire et la dignité ont aussi engendré ceux qui se réjouissent de les assassiner et de les brûler vivants ?
Nous vivons aussi un état de crise dans notre pensée, nos méthodes et notre réalité. C'est une nouvelle opportunité pour nous de nous rebeller contre tous ces concepts et d'en produire de nouveaux qui peuvent nous élever à ce nouveau niveau. Ce niveau ne peut pas être assumé par ceux qui sont en crise ou dont l'esprit est confus ou dont l'âme est perdue. Il est porté par la volonté d'hommes et de femmes connaissant l'essence de leur identité, leur culture et leur civilisation. Ils savent qu'ils ont l'esprit de victoire en eux plutôt que la promesse de massacre.
Le désespoir ne devrait pas nous obliger, pas même pour un instant, à choisir le suicide au lieu d'une vie digne. Notre propre existence est sacrée et Allah nous a créés pour peupler le monde, pas les cimetières. Nous sommes les habitants du monde, les habitants de la vie et les créateurs de l'espoir. C'est la culture du Sharq.
Notre jeunesse est aujourd'hui divisée et perdue entre les appels bizarres et les slogans étranges élevés au nom de la religion ou au nom de la vengeance, ou au nom de la secte ou au nom de l'ordre ou au nom de ceci ou cela. Mais où est ce profond, vieil esprit ancien qui existe en chacun de nous ? Où est l'esprit d'amour et de fraternité parmi les enfants du Sharq ?
J'ai habité en Palestine, une terre qui vit une diversité religieuse et sociale depuis l'antiquité. Chacun de vous, qui appartenez à cette région, avez habité dans ce pays, ce village et cet Etat. Nous avons tous vécu ensemble avec nos amis et nos voisins, musulmans ou chrétiens, chiites, sunnites, druzes ou alaouites. Nous avons vécu comme des Arabes, des Kurdes et des Ajams et coexisté tous ensemble dans le seul et unique Sharq.
C'est son véritable esprit et ceux qui défient cet esprit seront vaincus. L'esprit du Sharq est éternel et ne devrait donc jamais être défié. Ce Sharq est la diversification. Ce Sharq est la pluralité. Ce Sharq est le dépassement de toutes les différences. Quiconque désire se glisser dans un trou pour s'y cacher, n'y trouvera rien d'autre qu'exclusion et mort. Quant au Sharq, avec sa lumière et son avenir, il sera, par la volonté d'Allah, toujours là pour nous tous. Si nous devons combattre pour la liberté, nous devrions combattre pour la liberté de tous.
- Wadah Khanfar est le président d'Al-Sharq Forum et l'ancien directeur général du réseau Al-Jazeera.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale du Middle East Eye.
Photo : Nuages de fumée à la suite d'une attaque aérienne de la coalition menée par les Saoudiens le 11 mai 2015 sur la capitale Sanaa (AFP).
Traduction de l'anglais (original) par Green Translations, LLC.
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