Arabie saoudite : une vingtaine de personnes arrêtées, dont deux célèbres religieux
Selon plusieurs sources non identifiées et des tweets d’organisations de défense des droits de l’homme et de journalistes, deux célèbres prédicateurs islamiques saoudiens, Salman al-Ouda et Awad al-Qarni, ont été arrêtés dans ce qui apparaît comme une rafle chez les islamistes perçus comme critiques à l’égard des dirigeants du royaume.
Le prince Abdelaziz ben Fahd al-Saoud, un fils de l’ancien roi Fahd a également été arrêté, selon certaines sources.
Traduction : « L’Arabie saoudite arrête les religieux Salman al-Ouda et Awad ben Mohammed al-Qarni selon les comptes Twitter de l’opposition saoudienne »
Au total, environ vingt personnes auraient été arrêtées ces dernières 24 heures.
Salman al-Ouda, un religieux influent, qui a été incarcéré de 1994 à 1999 pour avoir poussé au changement politique et compte quatorze millions de followers sur Twitter, aurait été arrêté pour un de ses tweets de soutien à la médiation pour résoudre la guerre diplomatique commencée en juin entre l’Arabie saoudite et le Qatar, selon le groupe saoudien de défense des droits de l’homme, AIQST.
L’Arabie saoudite, comme les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et l’Égypte, accusent le Qatar de soutenir les combattants islamistes, une accusation rejetée par Doha.
Al-Ouda a été arrêté samedi soir à son domicile par trois membres de l’appareil sécuritaire, après avoir envoyé son tweet priant l’Arabie saoudite et le Qatar de faire amende honorable au nom de leur nation.
Le tweet envoyé fait référence à un appel téléphonique entre l’émir du Qatar et le prince héritier saoudien, qui s’est terminé en provoquant d’autres tensions qui ont conduit l’Arabie saoudite à suspendre toutes les pourparlers. « Que Dieu mette leurs cœurs en harmonie pour le bien des peuples », a écrit al-Ouda sur Twitter.
Le HuffPost arabe et Reuters ont aussi rapporté qu’al-Qarni, une autre religieux réputé, suivi par 2,2 millions de personnes sur Twitter, avait été placé en détention.
La famille al-Saoud au pouvoir a toujours regardé les groupes islamistes comme la plus grande menace interne à ses lois dans un pays où les appels à la ferveur religieuse ne peuvent être ignorés et où les combattants islamistes ont précédemment visé l’État.
Il y a une dizaine d’années, ce dernier a combattu une campagne d’attaques menées par al-Qaïda qui ciblait les officiels et les étrangers et qui tua des centaines de personnes. Dans les années 1990, le mouvement la Sahwa (réveil), inspiré par les Frères musulmans, a demandé des réformes politiques qui auraient affaibli la famille dirigeante.
Ces témoignages d’arrestations coïncident avec la spéculation générale, démentie par les officiels, que le roi Salmane compte abdiquer en faveur du prince héritier Mohammed.
Interrogé sur les raisons de ces arrestations, un analyste saoudien suggère : « Si leur plan est de faire du prince héritier le roi, c’est pour écraser les Frères musulmans et effrayer les autres ».
Les activistes de l’opposition saoudienne en exil ont appelé à des manifestations le 15 septembre pour essayer de galvaniser l’opposition contre la famille royale.
Al-Ouda a également attiré l’attention du gouvernement en déclarant publiquement que l’homosexualité ne devrait pas être punie de mort.
L’homosexualité fait depuis longtemps l’objet de débats controversés dans la plupart du monde arabe, et la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) risquent toujours la peine de mort en Arabie saoudite.
Lors d’une visite en Suède aux réfugiés syrien, al-Ouda a déclaré : « Même si l’homosexualité est considérée comme un pêché dans tous les livres saints sémites, il ne réclame pas, dans ce monde, une quelconque punition ».
Dans un entretien avec le quotidien suédois Sydsvenskan, en 2016, il a ajouté : « Un des fondamentaux de l’islam, c’est que l’homme est libre d’agir comme il le veut. En condamnant à mort les homosexuels, ils commettent un péché plus grave que l’homosexualité elle-même ».
Auparavant, Al-Ouda était vu comme un conservateur. Il a même été cité par Oussama ben Laden comme une autorité, au début des années 1990, alors même qu’al-Ouda lui a, plus tard, publiquement reproché ses violentes activités.
Traduction : « Arrestations parmi les écrivains, les universitaires et des membres de la famille royale en Arabie saoudite »
La BBC décrit al-Ouda comme un ancien extrémiste religieux devenu aujourd’hui une « star des réseaux sociaux » et relève qu’il a écrit sur Snapchat que les hommes ne devraient se marier qu’à une seule femme, une position impopulaire dans un pays où la polygamie est largement pratiquée.
Ce n’est pas seulement son opinion sur les femmes qui a subi une transformation radicale.
Al-Ouda a également pris des distances avec la violence et l’extrémisme. Dans ses tweets et dans ses vidéos, il parle d’« amour » et de « miséricorde » en réponse à la violence, relève la BBC.
À l’occasion du sixième anniversaire des attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, il prononça un discours dans lequel il demanda à ben Laden : « Seras-tu content de rencontrer Dieu tout-puissant en portant sur tes épaules la responsabilité de ces centaines de milliers de victimes ? ».
Traduit de l'anglais (original).
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