Chers frères… lettre aux sexistes, de la part de femmes musulmanes
Des milliers de musulmanes ont utilisé le hashtag #DearSister (« Chère sœur ») pour attirer l’attention sur le patriarcat et le sexisme auxquels elles sont confrontées – en particulier dans le monde musulman.
Mona Eltahawy, écrivaine, chroniqueuse et conférencière égyptienne, a lancé le débat après avoir reçu un courriel d'un homme musulman lui « faisant la leçon » pour les opinions qu'elle a exprimées en tant que femme musulmane. Eltahawy n'a pas partagé le contenu de l'email mais a indiqué par la suite que celui-ci portait sur ses « opinions sur le sexe et la révolution sexuelle ».
« J'ai reçu hier un courriel d'un homme musulman, que j'appelle la correspondance ‘’Chère sœur’’. J’adore ce genre de merde », a-t-elle tweeté.
Traduction : « J'ai reçu hier un courriel d'un homme musulman, que j'appelle la correspondance ‘’Chère sœur’’. J’adore ce genre de merde. »
Elle a ensuite tweeté : « Mes sœurs musulmanes, en utilisant le #DearSister, dites-moi ce que nos chers frères vous ont dit ».
Traduction : « C'était essentiellement pour me donner des leçons sur mon point de vue sur le sexe et la révolution sexuelle, parce que, bien sûr, pourquoi pas – j'ai besoin des leçons d’un parfait étranger. »
Cela a suscité une discussion animée sur le sexisme auquel font face spécifiquement les musulmanes. Beaucoup ont toutefois souligné que les problèmes auxquels elles sont confrontées découlent d'un phénomène de sexisme profondément enraciné à l’échelle mondiale, et pas seulement de la foi musulmane.
Traduction : « Les tweets #DearSister prouvent comment les hommes interprètent erronément toute idéologie ou foi pour contrôler la vie des femmes. C’est l’ego, et non la religion, qui est le problème. »
Traduction : « #DearSister, l’islam vous a empêchée d'être enterrée vivante mais maintenant je vais permettre à mon patriarcat, culture et complexes de supériorité d'enterrer vos rêves. »
Traduction : « #DearSister n'est pas un trend [dont nous nous servons] pour nous en prendre à notre BELLE religion. Les sœurs braquent simplement les projecteurs sur les choses hypocrites que disent les hommes. »
D'autres utilisatrices ont évoqué les différentes normes auxquelles sont soumis les hommes et les femmes, en particulier en ce qui concerne les compétences qu'ils sont censés perfectionner :
Traduction : « #DearSister, vous ne devriez pas être dans l'enseignement supérieur, mais quand sa femme est en train d’accoucher, il EXIGE une femme médecin #culturenotreligion [culture pas religion]. »
Traduction : « #DearSister, je serai un fils incapable sans aucune compétence domestique, mais qu’une femme ne sache pas cuisiner, Dieu nous en préserve... »
Traduction : « #Dearsister, si vous ne voulez pas vous faire violer, vous devriez rester couverte. Vous savez comment sont les hommes. »
Certaines ont également souligné la lutte à multiples facettes auxquelles sont confrontées les musulmanes, qui font face tout à la fois au sexisme islamophobe, à la misogynie et au sexisme...
Traduction : « Le hashtag #DearSister nous dit comment les musulmanes gèrent à la fois l'islamophobie, la misogynie et le patriarcat. »
... mais bien que la campagne se soit concentrée spécifiquement sur les musulmanes, elle a également mis en évidence la misogynie contre laquelle doivent lutter les femmes en général...
Traduction : « #DearSister, ‘’vous avez trop d’opinions et vous êtes trop franche, calmez-vous, ayez plus de pudeur. Aucun homme ne veut épouser une femme qui a trop d'opinions’’. »
Traduction : « #DearSister, je vais vous respecter car je vous trouve attirante, et je vous manquerai de respect en fonction de la façon dont vous y répondrez ».
Traduit de l’anglais (original).
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