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Des érudits islamiques égyptiens rejettent les sermons du vendredi rédigés par le gouvernement

Une influente autorité musulmane affirme que donner aux imams des sermons écrits à l’avance serait davantage une gêne qu’une aide aux efforts entrepris pour lutter contre l’extrémisme
Des Égyptiennes voilées passent près de la mosquée al-Azhar au Caire (AFP)

Les plus grands érudits religieux du pays ont rejeté les nouvelles mesures gouvernementales visant à normaliser les sermons du vendredi, affirmant qu’une telle mesure « figera » le développement du discours religieux.

Le Conseil des Oulémas d’al-Azhar, l’institution la plus importante du monde musulman, a déclaré dans un communiqué que donner aux imams des sermons du vendredi rédigés à l’avance pourrait « rendre superficielle » la pensée des dignitaires religieux.

« L’imam se retrouvera dans l’incapacité de discuter, de débattre et de répondre aux idées [extrémistes] et de mettre en garde les gens contre ces dernières », indique le communiqué.

L’initiative des sermons normalisés a été lancée par le ministère égyptien des Waqf – l’organisme gouvernemental de régulation des mosquées et des lieux de culte – et a été critiquée comme étant la dernière mesure du gouvernement pour renforcer le contrôle de l’État sur le discours religieux.

Le mois dernier, Mokhtar Gomaa, le ministre des Waqf, a donné le premier sermon ainsi préparé pour tenter de présenter un modèle aux prédicateurs égyptiens. Il a défendu cette initiative comme une tentative d’éliminer l’extrémisme et de promouvoir la réforme religieuse.

D’après ce projet, un comité de chercheurs embauchés par l’État écrirait le sermon de chaque semaine pour que les prédicateurs le lisent mot pour mot. Gomaa a déclaré que le gouvernement préparerait 54 sermons couvrant 52 semaines en plus des fêtes religieuses et qu’il y avait un plan à long terme concernant l’écriture de 270 sermons couvrant une période de cinq ans.

Un comité ministériel qui inspecte et surveille les mosquées tiendrait compte de la performance des prédicateurs à travers le pays.

En réponse au rejet d’al-Azhar, le porte-parole du ministère, Gaber Tayaa, a déclaré que celui-ci irait de l’avant en « généralisant » les sermons préparés et continuerait à tenir des réunions pour expliquer le mécanisme de mise en œuvre, « sans les forcer ».

Il a ajouté que les sermons préparés à l’avance visaient à mettre fin au « chaos » du discours religieux actuel.

Les tribunaux égyptiens ont condamné des centaines d’islamistes à mort depuis le renversement du président Mohamed Morsi soutenu par les Frères musulmans en 2013, bien que beaucoup aient fait appel et obtenu de nouveaux procès.

Des centaines de partisans de Morsi ont été tués lors de manifestations suite à son renversement. Des milliers d’autres ont été placés en détention dans une vague de répression qui s’est ensuite élargie aux dissidents de gauche et libéraux.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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