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La torture « répandue » dans les centres de détention de la Chambre des Représentants en Libye : HRW

Le groupe pour les droits de l’homme s’est entretenu avec des prisonniers détenus pendant des mois sans avoir été inculpés, dans des centres contrôlés par le gouvernement de l’Est libyen
Des prisonniers se tiennent dans leurs cellules dans la tristement célèbre prison de Djeida en 2011 (AFP)
Par MEE

Les prisonniers sont couramment détenus sans être inculpés, battus et électrocutés dans des centres de détention sous le contrôle du gouvernement libyen internationalement reconnu, a rapporté Human Rights Watch (HRW) mercredi.

Dans un nouveau rapport cinglant, HRW affirme que la présence de la torture est « répandue » ainsi que les détentions arbitraires, dans les centres de détention sous le contrôle du gouvernement de l’Est libyen, la Chambre des représentants.

Des représentants du groupe des droits de l’homme ont visité des centres de détention dans les villes de l’est Al-Beïda et Benghazi, la seconde ville de Libye, en janvier et avril 2015.

Les détenus ont rencontré les représentants de HRW sans la présence des gardes du centre de détention et ont rapporté être torturés pour leur arracher les aveux de crimes graves.

Les personnes âgées de moins de 18 ans étaient détenues dans des centres où les prisonniers ont déclaré qu’on leur refusait l’accès aux soins médicaux et aux visites familiales, nombre de leurs familles n’étaient même pas informées de l’endroit où ils étaient détenus.

Les 73 détenus avec lesquels HRW s’est entretenu ont déclaré avoir été détenus pendant des mois sans qu’aucune accusation n’ait été portée contre eux, et qu’on leur avait refusé l’accès à un avocat.

Nombre des confessions forcées ont ensuite été diffusées à la télévision, et les détenus ont rapporté que leurs familles avaient ensuite été soumises à des représailles à la suite des diffusions.

Les prisonniers ont déclaré à HRW qu’ils avaient connaissance d’au moins deux morts en détention à la suite de torture.

« Ministres du gouvernement, commandants militaires, et directeurs de prisons, devraient immédiatement déclarer une politique de non tolérance aux actes de torture et faire rendre des comptes à tous ceux qui maltraitent les détenus », a déclaré Sarah Leah Whitsun, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW.

« Ils devraient comprendre qu’ils font face à un risque d’enquête et de poursuites internationales s’ils ne mettent pas un terme à la torture par les forces sous leur autorité. »

HRW a déjà auparavant demandé à la Cour pénale internationale de s’exprimer contre ce qu’elle  appelle un « état d’impunité » dans le pays.

Le groupe a averti que les violations des droits en Libye, présumées commises par les troupes alliées à la Chambre des représentants et par les milices soutenant le rival de la Chambre des représentant, le Congrès général national, pourraient représenter des crimes de guerre.

Malgré la chute en 2011 de l’homme fort et dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi, la torture et les mauvais traitements sont restés très courants en Libye.

Un rapport des Nations unies de 2013 a établi que des milliers de libyens présumés avoir combattu en soutien à Kadhafi continuent à être emprisonnés et brutalisés plus de deux ans après la révolution, malgré le fait que la torture ait été pénalisée en avril 2013.

http://www.middleeasteye.net/news/widespread-torture-libyas-hor-detention-centres-1033533255#sthash.CJrpPrPL.dpuf

Traduction de l'anglais (original) par Oriane Divoux.

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