La visite en Israël d’un dignitaire du Golfe alimente les conjectures
Un dignitaire saoudien ou qatari non identifié se serait récemment rendu en Israël, ont indiqué des médias arabes et israéliens, bien que les deux pays n’aient aucune relation diplomatique officielle avec Israël.
Selon les médias locaux, un responsable du Golfe s’est rendu en Israël pour discuter de « la paix régionale ».
« Un émir de la cour royale saoudienne est venu secrètement ces derniers jours et s’est entretenu avec de hauts responsables israéliens au sujet de l'idée de faire progresser la paix régionale », a déclaré la radio Voice of Israel.
Le ministre israélien des Communications, Ayoob Kara, a confié à Bloomberg ce lundi qu'il avait en effet rencontré une personne du Golfe, sans toutefois divulguer les détails de cette rencontre.
« J'ai rencontré une personne importante d'un pays du Golfe et c'est tout ce que je peux dire à ce sujet », a-t-il déclaré.
Ces spéculations sur une possible rencontre entre responsables israéliens et du Golfe font suite à un discours du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou mercredi dernier dans lequel il a déclaré que les relations d'Israël avec le monde arabe n'avaient jamais été aussi bonnes, à « aucune autre période de l'histoire israélienne ».
Le même jour, après avoir enquêté sur le commentaire du Premier ministre auprès de sources anonymes, le journaliste israélien Ariel Kahana a tweeté que « le contexte de la déclaration de Netanyahou [était] la visite d'un personnage de premier plan du monde arabe aujourd'hui en Israël ».
Le jeudi suivant, le correspondant de Radio Israel, Simon Aran, a annoncé sur Twitter qu'il s'agissait d'un prince saoudien, qui « s’[était] rendu secrètement en Israël et a[vait] rencontré de hauts responsables israéliens pour discuter de la promotion de la paix régionale ».
Aran a déclaré à Middle East Eye que le discours de Netanyahou mercredi dernier ainsi que plusieurs rapports de médias israéliens et saoudiens – tous issus d'individus non identifiés – rendaient apparemment « très logique qu'une visite ait eu lieu ».
Enfin, un autre indice est venu vendredi dernier du Golfe, où un officier des forces de sécurité émiraties a twitté sous pseudonyme que c'était le prince héritier saoudien lui-même, accompagné de plusieurs responsables, qui s’était rendu en Israël.
Une personne proche de hauts fonctionnaires israéliens a déclaré à MEE être « 100 % certaine qu'un important responsable du Golfe s’était rendu en Israël ». La source a déclaré avoir eu accès à des photos et des informations probantes qui indiquaient qu'une visite avait bien eu lieu, ajoutant toutefois ne pas savoir avec certitude s’il s’agissait effectivement de Mohammed ben Salmane.
Shaul Yanai, un expert israélien du Moyen-Orient à l'Université de Haïfa, a déclaré à MEE qu'il n'était pas surpris par la possibilité d’une telle rencontre.
« Liberman et Netanyhou affirment que les relations avec l'Arabie saoudite n'ont jamais été aussi bonnes, et la raison pour cela est la coordination stratégique conjointe contre l'Iran. L'Iran menace tout le monde au Moyen-Orient, c'est la principale question ici – une alliance contre l'Iran », a-t-il expliqué.
« Si l’on se fie aux médias israéliens, un haut fonctionnaire saoudien s’est bien rendu en Israël, mais je ne suis pas sûr que ce soit Mohammed ben Salmane, car il est peut-être l'homme le plus puissant du royaume et vous n'envoyez pas une telle personne assister à des réunions secrètes. Cela dit, il est jeune et connu pour rompre avec les traditions, donc je ne peux être certain que ce ne soit pas lui », a ajouté Yanai.
L’expert a également indiqué que des avions saoudiens avaient atterri dans la zone militaire de l'aéroport Ben Gurion, alimentant davantage les conjectures. Il a ajouté que l'Arabie saoudite était frustrée par le président américain Donald Trump.
« L'Arabie saoudite a réévalué sa relation avec Israël au cours des deux derniers mois. [Les Saoudiens] ont besoin d'Israël parce qu'ils ne font plus confiance aux États-Unis, Trump les déçoit, il n'est pas clair sur la crise du Qatar, il permet aux Russes d’agir en Syrie, il a ses propres problèmes chez lui et n'a pas de temps à consacrer [à l’Arabie saoudite]. Il est instable », a analysé Shaul Yanai.
D'autres médias, cependant, ont affirmé que c'était un responsable qatari qui s’était rendu en Israël.
Selon Elaph, un journal de langue arabe basé à Londres, « un responsable qatari de haut niveau s’est rendu discrètement à Tel Aviv en milieu de semaine et a discuté des problèmes de sécurité avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ».
Ni l'Arabie saoudite, ni le Qatar n’ont officiellement de relations diplomatiques avec Israël. Les deux pays connaissent une grave crise depuis que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte ont coupé leurs liens avec Doha le 5 juin dernier.
Traduit de l’anglais (original).
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