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L’agenda de Trump en Libye ? « Empêcher les Russes d’y reprendre pied »

Selon des informations recueillies par MEE, Washington aurait demandé aux pays arabes impliqués dans des initiatives de paix en Libye de suspendre toute initiative le temps d’impulser une nouvelle stratégie
Le plan de partition de la Libye, dont parle le quotidien britannique The Guardian, est une option pour l'instant rejetée par les pays de la sous-région et l'Union européenne (AFP)

ALGER – « Vous avez sans doute remarqué qu’au plan des négociations, il ne se passe rien depuis quelques semaines ? C’est parce que Washington a demandé une pause pour étudier le dossier libyen. »

Selon ce diplomate algérien, contacté par Middle East Eye, la Maison Blanche souhaite prendre « tout son temps » pour voir de quelle manière « ramener la stabilité dans le pays » et surtout « empêcher les Russes d’y reprendre pied ».

À LIRE : Le plan secret de la Russie en Libye 

Dans ce contexte, l’information publiée ce lundi par The Guardian, selon laquelle un haut conseiller de Donald Trump chargé de la politique étrangère à la Maison Blanche aurait soumis un plan de partition de la Libye, carte à l’appui, ne serait selon lui, « pas étonnante ».

« Je préfère toutefois penser que ce n’est pas qu’un test pour voir comment les pays de la région réagiront car Alger, comme Le Caire – sans parler des Libyens eux-mêmes – ont toujours été opposés à cette idée », précise-t-il.

Selon The Guardian, un diplomate européen à qui le conseiller américain Sebastian Gorka aurait dessiné ce plan de partition sur un bout de nappe lors d’une rencontre, aurait même répondu qu’une partition serait « la pire solution » pour la Libye.

Ce plan prévoit de diviser le pays en trois parties en s’inspirant du découpage ottoman, basé sur trois provinces : la Tripolitaine au nord-ouest, le Fezzan au sud-ouest et la Cyrénaïque à l’est, sur une bande allant du nord au sud.

La cheffe de la diplomatie européenne Federic Mogherini, à Alger dimanche et lundi, a insisté sur la nécessité d’un accord politique (AFP)

La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, en visite à Alger dimanche et lundi, a rappelé que « l’Union européenne partage la même approche que l’Algérie » sur le dossier libyen consistant « à trouver une solution sur la base de l’accord politique avec la participation de tous les Libyens ».

Le quotidien britannique souligne que les alliés européens craignent que la Maison Blanche ne revienne sur le soutien appuyé de l’administration Obama au Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et mené par Fayez el-Sarraj.

Le chef d’état-major algérien Ahmed Gaïd Salah s’est entretenu avec des militaires américains à Abou Dhabi (Twitter)

Mais selon les informations recueillies par MEE, la Maison Blanche n’aurait pour l’instant pris aucune décision.

« En février dernier, le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd-Salah, s’est rendu à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis pour participer au 13e salon de la défense internationale [IDEX] et en marge de cet événement, a rencontré, avec une délégation de cadres de l’armée, des militaires américains », confie une source algérienne proche du dossier. « Ils ont parlé de la situation au Sahel et bien sûr, de la Libye au sujet de laquelle le président Trump n’avait pas encore décidé ce qu’il allait faire. »

Personne n’a d’ailleurs été nommé au poste d’envoyé spécial en Libye pour la Maison Blanche depuis le départ, en janvier, de Jonathan Winer.  

Traduction : « Alors que je quitte le poste d’envoyé spécial, mon vœu pour les Libyens est qu’ils trouvent et qu’ils se mettent d’accord sur une vision commune pour leur futur national. Merci beaucoup, au revoir »

Sebastian Gorka aurait d’ailleurs, selon The Guardian, l’ambition d’occuper ce poste pour lequel il serait en concurrence avec Pete Hoekstra, ancien membre du Congrès et lobbyiste, et Phillip Escaravage, ancien représentant des services de renseignements américains qui a travaillé en Libye depuis plus de dix ans.

Alger a également eu l’occasion de présenter sa vision des choses lors de la visite d’Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, la semaine dernière à Washington pour la quatrième session du dialogue sécuritaire. Il y a notamment rencontré Justin Siberell, coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent au département d’État.

« À la demande des Américains qui ont parlé aux Émiratis et aux Égyptiens, le projet de nouvel accord remplaçant celui de Skhirat, et d’un sommet entre les président Abdel Fattah al-Sissi, Béji Caïd Essebsi et Abdelaziz Bouteflika a été gelé », souligne encore le diplomate algérien. « Nous attendons de savoir quel est le programme de la Maison Blanche. »

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