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Le leader du PKK appelle à des négociations de paix dans sa première déclaration en deux ans

De sa prison, Abdullah Öcalan estime que la guerre entre les Kurdes et l’État pourrait être résolue en l’espace de « six mois » si le gouvernement turc le souhaitait
Des manifestants pro-kurdes, dont la co-présidente du HDP Sebahat Tuncel (au centre), à Diyarbakır (AFP)

Le leader emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, a appelé l’État turc à reprendre les négociations de paix avec le groupe militant kurde dans sa première déclaration depuis son placement « en isolement » en avril 2015.

Après une visite dans sa cellule sur l’île-prison d’İmralı dimanche, le frère du leader kurde, Mehmet Öcalan, a relayé un communiqué lundi lors d’une conférence de presse dans la ville à majorité kurde de Diyarbakır, dans le sud de la Turquie.

Traduction : « Après la confirmation par le frère d’Abdullah Öcalan, Mehmet, qu’il est en bonne santé, la fin de la grève de la faim est annoncée à Diyarbakır » – Mutlu Civiroglu (@mutludc)

Öcalan a déclaré que les violences dans le sud-est, lesquelles ont fait des centaines de victimes depuis juillet 2015, pourraient prendre fin en six mois si le gouvernement turc y était disposé.

« Ce n’est pas nous qui avons détruit le processus en premier lieu », a-t-il déclaré, en référence au processus de paix débuté en 2013 qui s’était effondré l’an dernier.

« Oui, la question kurde est un problème majeur. Il ne date pas de vingt ans mais remonte à 150-200 ans. Trente personnes meurent chaque jour. Si l’État était sincère, il n’y aurait pas tant de morts. Ce pays ne mérite pas cela. Toute personne dotée d’une conscience doit y réfléchir. »

Son communiqué a été lu quelques heures après l’attaque contre un bureau régional du parti au pouvoir, l’AKP, dans la ville orientale de Van. Une cinquantaine de personnes auraient été blessées dans l’explosion, que les responsables turcs attribuent au PKK.

Il a estimé que les violences actuelles étaient une guerre que « personne ne peut gagner ».

« La solution ne peut être unilatérale, cette responsabilité revient surtout à l’État. Si l’État fait un pas, le problème sera résolu », affirme le message d’Öcalan.

La visite de sa famille à la prison située en mer de Marmara a été programmée pour coïncider avec la fête musulmane de l’Aïd al-Adha et marque la première visite autorisée depuis avril 2015, lorsqu’il a été placé « en isolement » et s’est vu refusé toute communication avec sa famille ou ses avocats.

« Demain, c’est l’Aïd, la fête du sacrifice, mais quand 30 à 40 personnes meurent chaque jour dans un pays, il ne peut y avoir de fête », a déclaré Öcalan.

« Ce n’est pas éthique. La solution est entre nos mains, nous pouvons le résoudre. »

Öcalan était un membre fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en 1978 et a gravi les échelons jusqu’à devenir son leader incontesté suite à de violentes luttes internes et purges.

Après avoir lancé une guérilla contre l’État turc, laquelle a coûté plus de 40 000 vies, Öcalan fut capturé au Kenya en 1999 par les renseignements turcs au cours d’une opération conjointe avec la CIA.

Il fut d’abord condamné à mort, mais sa peine fut commuée en prison à vie après l’abolition de la peine de mort en Turquie.

Un certain nombre de militants kurdes et de gauche avaient débuté une grève de la faim lundi dernier pour demander au gouvernement d’autoriser les visites à Öcalan.

Depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet en Turquie, on s’inquiétait du bien-être du leader kurde.

Lundi, suite à la visite de sa famille, les grévistes de la faim à Diyarbakır auraient mis fin à leur mouvement.

Selon les recherches de l’International Crisis Group, au moins 1 958 personnes ont été tuées entre juillet 2015 et juillet 2016 dans les combats entre les forces de sécurité turques et les groupes militants kurdes.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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