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Les Libyens célèbrent la « libération » de Benghazi

Les forces loyales au gouvernement de Tobrouk auraient bouté les groupes militants hors de la deuxième ville de Libye, après deux ans de tentatives infructueuses
Un homme fait la fête à Benghazi le 23 février (AFP)

Les Libyens sont descendus dans les rues de Benghazi, mardi, pour célébrer l’apparente victoire des forces libyennes sur les groupes militants qui contrôlaient certaines parties de la ville depuis des années, selon les rapports.

L’agence de presse AP a indiqué que les troupes fidèles au gouvernement de Tobrouk avaient progressé dans la zone d’al-Laithi, contraignant les combattants islamistes au retrait.

Des informations non confirmées ont depuis fait état de l’arrivée récente à Benghazi de commandos des forces spéciales françaises pour soutenir les opérations militaires, selon les confidences d’une source militaire libyenne au Huffington Post Arabi.

Ces sources anonymes ont dit que les forces étaient stationnées sur la base aérienne de Benina, à l’est de Benghazi, et avaient mis en place une salle des opérations communes avec les forces libyennes afin de coordonner les actions. Cependant, elles n’ont pas précisé le nombre de soldats envoyés et la nature même des forces mentionnées reste incertaine : divers rapports les décrivent comme étant des mercenaires, des commandos ou des forces spéciales.

Les autorités françaises n’ont pas confirmé l’opération ni fait de déclaration sur ce point.

Les Américains avaient été contraints d’admettre l’an dernier qu’ils avaient envoyé des forces spéciales en Libye et des rumeurs selon lesquelles les Anglais et éventuellement les Français leur avaient emboîté le pas circulaient, bien que Paris et Londres aient jusqu’à présent refusé de commenter l’affaire.

Retour des familles

À mesure que les forces pro-Tobrouk avançaient, les familles qui avaient fui al-Laithi ont commencé à affluer de nouveau dans le quartier pour revoir leurs maisons, a rapporté l’AFP.

Sur Twitter, des Libyens ont posté des photos de la joie des soldats et des habitants.

Certains quartiers de la ville avaient été contrôlés par Ansar al-Sharia et, plus récemment, par le groupe État islamique (EI).

https://twitter.com/LYBIANader/status/702172859670650887/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw

Traduction : « Cette photo me file les frissons, je le jure ! »

Le général Khalifa Haftar, le commandant en chef des forces du gouvernement de Tobrouk, tentait de vaincre ces groupes depuis deux ans.

« Nous avons pénétré dans la plupart des secteurs contrôlés par des groupes terroristes à Laithi », dans le centre de Benghazi, a déclaré une source militaire à l’AFP.

Un porte-parole des troupes de Haftar a précisé qu’ils annonceraient bientôt la libération officielle d’al-Laithi.

Cependant, l’EI contrôle encore la ville côtière de Syrte et continue de gagner du terrain, des analystes prévenant que sans intervention militaire ou sans réponse libyenne unifiée, le groupe était bien parti pour s’étendre davantage.

Des soldats se prennent dans les bras dans les rues de Benghazi, le 23 février (AFP)

La Libye est déchirée depuis des années par les combats et la désunion politique, le pays disposant aujourd’hui de deux parlements : l’un à Tobrouk, qui est reconnu par la communauté internationale, et l’autre à Tripoli, soutenu par la milice « Aube de Libye ».

L’ONU a proposé un plan pour réunifier les parlements en un seul gouvernement provisoire.

Cependant, les efforts de réunification ont marqué un temps d’arrêt mardi, lorsque les membres du parlement de Tobrouk ont omis de se présenter en nombre suffisant pour se prononcer sur le soutien à un gouvernement d’union.

« Le quorum requis [89 députés] n’a pas été atteint, de sorte que le président de la chambre a ajourné la séance », a déclaré à l’AFP le député Mohamed al-Abbani.

Un autre parlementaire, Ali al-Qaidi, a confirmé : « le quorum nécessaire n’a pas été atteint et la séance de vote a été ajournée jusqu’à la semaine prochaine ».

Il a ajouté que des divergences opposaient les députés sur le programme proposé du nouveau gouvernement.

Un autre député, Khalifa al-Daghari, a évoqué des désaccords concernant l’ordre du jour, quelques députés souhaitant également voter l’accord politique intervenu en décembre au Maroc sur la constitution de 2011, avant la tenue du vote de confiance.

Le gouvernement d’entente nationale, un gouvernement d’union comprenant 32 ministres issus des deux parlements, a été formé sous l’égide de l’ONU et connaît des problèmes internes, certains députés estimant qu’ils sont trop nombreux.

La semaine dernière, le conseil présidentiel, né d’un accord en décembre entre les représentants des parlements rivaux, a proposé un gouvernement d’union nationale composé de dix-huit membres.

Depuis l’été 2014, la Libye a deux administrations rivales suite à la fuite du gouvernement reconnu de Tripoli après l’invasion de la capitale par une alliance de miliciens.

Cette alliance a mis en place sa propre administration et son propre parlement, appelé le Congrès général national, tandis que le corps législatif reconnu par la communauté internationale est basé dans la ville orientale de Tobrouk.

Lundi, le parlement reconnu a soulevé un débat sur la composition et les politiques du nouveau gouvernement.

L’ONU a encouragé les deux parties à soutenir un gouvernement d’union et l’envoyé de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, a demandé sur Twitter tôt mardi à faire pression pour que le vote de confiance ait lieu.

Il a écrit que l’approbation par la Chambre des représentants du gouvernement d’union nationale « dans son ensemble est cruciale. Le destin de la #Libye est en jeu. L’intérêt national doit l’emporter sur tout autre ».

En plus d’avoir des administrations rivales nées du chaos suite à la révolution de 2011 qui a renversé Mouammar Kadhafi, la Libye, pays riche en pétrole, fait également face au problème croissant de la présence du groupe État islamique.

 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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