EN IMAGES : En Libye, Leptis Magna, la « Rome d’Afrique » oubliée
À peine une dizaine de noms sont inscrits sur le registre des visiteurs du jour à Leptis Magna, dans l’ouest de la Libye. Négligée, peu fréquentée, la « Rome d’Afrique » a pourtant de quoi devenir une destination de premier plan.
Ici, il n’y a guère de file d’attente : les rares visiteurs déambulent sans encombre dans cette imposante cité romaine, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et érigée en bord de mer, près de la ville de Khoms (ouest).
Fondée par les Phéniciens puis conquise par les Romains, Leptis Magna vit naître l’empereur Septime Sévère, qui y régna de 193 à 211 et fit d’elle l’une des plus belles villes de l’Empire romain, selon l’UNESCO.
L’empereur la dota de monuments majestueux : une grande basilique, un hippodrome ainsi qu’un amphithéâtre pouvant accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs avec une vue spectaculaire sur la Méditerranée.
Quand le pays a sombré dans le chaos il y a dix ans, l’avenir de son important patrimoine antique a suscité l’inquiétude. En 2016, l’UNESCO a classé Leptis Magna et quatre autres lieux parmi les sites en péril du patrimoine mondial.
À l’instar des autres sites antiques libyens, les ruines spectaculaires de Leptis Magna ont finalement été épargnées par les conflits armés qui ont embrasé le pays d’Afrique du Nord depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Mais l’imposante cité souffre de négligence, d’un « manque de moyens et de soutien du gouvernement », regrette Azeddine al-Fakih, chef du département des antiquités du site.
« En 2020, nous avons malgré tout pu lancer des projets qui auraient dû être réalisés il y a 50 ans : clôture de la partie est, installation de sanitaires et de bureaux administratifs. Mais les fouilles sont au point mort, les travaux d’entretien demeurent cosmétiques. »
Pour les pouvoirs publics, « il y a des problèmes bien plus grands à régler », concède-t-il.
Aujourd’hui, alors que le pays de sept millions d’habitants tente de tourner la page d’une décennie de chaos, la « Rome d’Afrique » pourrait devenir « une source de revenus, créer des milliers d’emplois et attirer des millions de touristes » générant « des milliards de dollars », veut croire Azeddine al-Fakih.
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