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Une révolution de palais déjouée aux Émirats arabes unis

Les dirigeants des Émirats arabes unis ont empêché la tentative de coup de palais d’un membre de la famille royale, cela sans effusion de sang en 2011
Photo : Le secrétaire d'État américain Colin Powell discute avec le cheikh Hamdan ben Zayed al-Nahyan en 2004 (AFP)

Pendant les soulèvements du Printemps arabe de 2011, un prince éminent des Émirats arabes unis aurait comploté un coup d’état de palais pour renverser les dirigeants du pays et transformer l'État du Golfe autocratique en monarchie constitutionnelle, a rapporté un ancien employé royal à Middle East Eye.

Le cheikh Hamdan ben Zayed al-Nahyan, quatrième fils du fondateur du pays cheikh Zayed, était le prince le plus haut titré impliqué dans le complot, qui a été découvert et arrêté par ses puissants frères, le prince héritier d’Abou Dabi Mohammed ben Zayed al-Nahyan et le ministre de l'Intérieur Saif ben Zayed al-Nahyan.

Un ancien gestionnaire de fonds britannique, qui a personnellement travaillé avec cheikh Hamdan pendant dix-huit mois à partir du début du printemps 2011, a parlé à MEE au sujet des plans du prince sous couvert d'anonymat. La source a déclaré qu'ils voulaient révéler le complot parce qu'ils avaient été déçus par les Émirats arabes unis, principalement en raison d'un différend commercial qui les a contraint à quitter le pays à la fin de l'été 2012.

Le coup d'État a également été confirmé à MEE par un ancien cadre bancaire britannique qui a travaillé dans les Émirats arabes unis depuis avant l'indépendance du pays en 1971 jusqu'à récemment, et qui avait, et conserve encore, un contact régulier avec de hautes personnalités royales des sept émirats.

Les allégations de troubles parmi l'élite royale aux Émirats arabes unis sapent l'impression largement répandue que le minuscule pays riche en pétrole est un océan de tranquillité dans une région tourmentée. Depuis la tentative de coup d'État en 2011, il y a eu, du moins publiquement, peu de signes de mécontentement parmi les sept émirats des EAU.

Hamdan mis à l'écart du pouvoir

À 52 ans, cheikh Hamdan a été titulaire pendant près de vingt ans de hautes charges dans la fonction publique après avoir été nommé ministre d'État des Affaires étrangères à l'âge de 27 ans en 1990. Il a occupé ce portefeuille ministériel jusqu'en 2006, tout en étant aussi vice-Premier ministre entre 1997 et 2009.

En 2011, lorsque la source de MEE a commencé à travailler pour le prince, Hamdan, qui est originaire d'al-Ain, avait été poussé hors de la haute fonction publique et mis à l'écart par son frère Mohammed et son demi-frère Saif.

Après avoir été démis de sa fonction de vice-Premier ministre en 2009, Hamdan a été nommé en tant que représentant du souverain dans la région occidentale, une oasis du désert avec plusieurs petites villes et villages de la périphérie d’Abou Dabi. Cela constitue une disgrâce pour le prince ; cependant, il a dit avoir accepté la décision et être résolu à développer l'oasis de Liwa en nouvelle destination touristique et d'investissement.

« Son père [le cheikh Zayed] était le père de la nation - il s’est engagé à devenir le père du trou de pouilleux qu’est Liwa », a déclaré la source, qui a travaillé avec cheikh Hamdan sur ses investissements personnels et ceux de l'État, à la fois à Liwa et à l'étranger.

Cheikh Hamdan a été non seulement jeté dans le désert, mais a également été tourmenté par des salariés voleurs à son bureau, a dit la source, bien que cela semble banal pour un émirati de la famille royale.

« Les princes n’ont pas d'amis et ne font confiance à personne », a dit la source.

À une occasion, la source était au courant qu’Hamdan faisait face à des vols d’argent à son bureau. Ali al-Mansouri, employé d’Hamdan à l'époque, a été accusé par la famille royale d’avoir volé 12 millions de dirhams (3,2 millions de dollars). Mansouri a été immédiatement envoyé en prison pour « quelques mois », une peine informelle qui n'est jamais passée devant un tribunal - l'argent volé n'a pas été considéré d’un montant suffisamment important pour justifier un procès qui aurait inévitablement attiré l'indésirable attention du public.

Lorsque Mansouri a été libéré, il est allé travailler dans le bureau du ministre de l'Intérieur Saif. La source de MEE a dit que c’est un « secret de polichinelle » que quatre des plus hauts frères al-Nahyan - le président Khalifa, le prince héritier Mohammed, le ministre de l'Intérieur Saif et le cheikh Hamdan - ont tous des personnes travaillant dans les bureaux publics et privés de l’un et de l'autre.

Les frères s’espionnent mutuellement pour s’assurer que personne ne songe à une prise de pouvoir, ou, pire, à un coup d'État, a dit la source.

Photo : Des chameaux marchent à travers les dunes de sable du désert de Liwa, à 220 kms à l'ouest d'Abu Dhabi, le 23 novembre 2013. (AFP)

Le plan d’Hamdan pour le pouvoir

Conscient de son isolement croissant du pouvoir, cheikh Hamdan en est venu à la conclusion que la seule façon de se préserver de toute influence - pour lui et ses fils - était d’avoir un plan pour récupérer le pouvoir de ses frères Mohammed et Saif.

Le plan pour une révolution de palais sans effusion de sang a été confirmé comme ayant eu lieu par une deuxième source indépendante, un ancien cadre dirigeant d’une banque britannique qui a des relations personnelles avec les dirigeants, passés et présents, du pays.

« Il y a une rivalité féroce dans les coulisses - ceux [des princes] qui ne sont pas dans des positions centrales du pouvoir tentent habituellement de trouver des moyens de devenir de plus en plus importants », a déclaré la deuxième source.

Le cadre dirigeant, qui a demandé à rester anonyme en raison de ses liens encore existants aux Émirats arabes unis, a minimisé les chances de l'intrigue d’Hamdan de pouvoir être couronnée de succès.

« Hamdan n'a pas eu l’ombre d’une chance de prendre le pouvoir », a déclaré la source. « Ses frères sont beaucoup trop puissants. »

Bien qu’à 67 ans Khalifa soit le président du pays, il est largement admis que son mauvais état de santé - couplé avec l'ambition de Mohammed - signifie que le pouvoir ultime revient au prince héritier d'Abou Dabi. La prédominance de Mohammed a été soulignée en juin de cette année, lorsque l’homme de cinquante-quatre ans a remplacé Khalifa à la tête du Conseil d’Investissement d’Abou Dabi, la branche d'investissement du gouvernement d'Abou Dabi.

Khalifa est décrit comme « docile envers Mohammed » par l'ancien employé d’Hamdan, qui a ajouté que le prince héritier d'Abou Dabi est un « administrateur génial ». Saif, dont le ministère supervise un système de surveillance d’état de grande envergure, est « impitoyable pour obtenir ce qu'il veut, tout en étant très pro-américain, qui sont eux-mêmes très pro-Saif, » a dit la source.

Ce n’est pas seulement le pouvoir qui a conduit Hamdan à soutenir un complot visant à prendre le pouvoir de ses frères. Tandis qu’il accomplissait le hadj (pèlerinage musulman) à la Mecque en 2010, Hamdan est devenu inquiet par son propre manque de réussite et est retourné chez lui avec le désir de se constituer un héritage digne du fils de cheikh Zayed.

Cheikh Zayed est mort en 2004 après avoir fondé les Émirats arabes unis et a été son premier président pendant trente-trois ans. Il a été profondément adoré par les Émiratis pour avoir joué un rôle fédérateur entre les tribus, tout en agissant dans le même temps comme un souverain bienveillant distribuant une partie de la richesse pétrolière du pays à ses citoyens.

Hamdan, selon son ancien employé, se considère comme le seul des fils ainés de Zayed qui désire garder son héritage vivant et que le pays reste sur le chemin qu’il a établi pour lui.

« Hamdan se dépeint comme la conscience des quatre frères », a déclaré l'ancien employé du prince. « Certains des princes dans les Émirats arabes unis sont épouvantables, d'autres sont bien intentionnés, mais tous sont gâtés. Hamdan est probablement le moins mauvais. »

Après son retour du hadj en 2010, Hamdan est devenu de plus en plus passionné par ce qu'il percevait comme une injustice dans les Émirats arabes unis - il croyait la richesse du pays trop concentrée au sommet, en dépit des subventions publiques à tous ses citoyens.

Il était également préoccupé par le non-respect de l'état de droit. L'ONU avait déjà critiqué le système judiciaire du pays comme étant « de facto sous le contrôle de la branche exécutive du gouvernement », accusations rejetées par les dirigeants qui affirmaient que l'indépendance judiciaire était garantie par la constitution.

L'intérêt d’Hamdan dans la poursuite de la justice sociale pour le peuple de son pays n’était pas entièrement altruiste, selon son ancien employé.

« Il était bien conscient de l'existence d'une véritable hypocrisie dans les Émirats », a déclaré la source. « C’était aussi, bien sûr, une initiative égoïste, son désir de changer la physionomie du pays ayant été clairement motivé par le fait qu'il avait lui-même été poussé hors des positions de pouvoir. »

« Hamdan savait qu'il y avait du ressentiment au sujet de la façon dont le pays était dirigé. Les Émirats arabes unis ont une grande partie de population très riche, mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de pauvreté ».

Photo : Le ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, Cheikh Saif ben Zayed al Nahyan, assiste à la 29ème réunion des ministres de l'Intérieur des six pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG) au Koweït le 2 novembre 2010 (AFP)

La pauvreté et le mécontentement dans le nord

Les Émirats Arabes Unis sont l'un des pays les plus riches du monde, grâce à sa grande richesse pétrolière et à sa position comme centre d'affaires régional et concentrateur de voyage. Ses citoyens ont considérablement bénéficié du développement rapide du pays depuis l'indépendance accordée par le Royaume-Uni en 1971 - en 2015, les Nations unies ont indiqué que les Émirats arabes unis ont été le vingtième pays le plus heureux du monde.

Mais au-delà du faste et du glamour d'Abou Dabi et de Dubaï, il y a des émirats de la fédération qui n’ont pas connu un développement aussi spectaculaire. Dans le nord, Ras al-Khaimah reste un endroit rempli de rues poussiéreuses, avec un mauvais approvisionnement en eau et des zones frappées par la pauvreté - il est ainsi peu surprenant qu'une proportion importante d’une petite mais bruyante opposition politique du pays se soit  concentrée dans l'organisation Al-Islah, maintenant interdite, et soit originaire de cet émirat.

Le ressentiment engendré dans des endroits tels que Ras al-Khaimah a donné à Hamdan l'impulsion de croire qu'il pourrait y avoir un soutien pour une prise de pouvoir fondée sur le développement d'une forme plus inclusive de la gouvernance dans le pays, selon son ancien employé.

Le complot n'a pas été l’idée personnelle de Hamdan seul, a dit la source. Hamdan, avec deux hommes anonymes mais influents, aurait donné son appui à plusieurs groupes de cinq à huit jeunes princes d’Abou Dabi pour élaborer un plan afin de transformer le pays en une monarchie constitutionnelle.

Les Émirats arabes unis sont actuellement une monarchie absolue, bien que l'avis du Conseil national fédéral (FNC) ait élargi à la fois le nombre de ses représentants élus et la proportion de citoyens qui peuvent prendre part aux élections. En 2011, 129 274 personnes, sur une population d'environ un million de ressortissants, ont été autorisées à élire la moitié des quarante représentants du FNC, accroissant les listes électorales de plus de vingt fois leur nombre par rapport au vote de 2006.

La constitution du pays stipule dans son préambule l'objectif de progresser vers « un régime démocratique global et représentatif dans une société arabe et islamique ». La source bancaire de MEE a déclaré que les réformes du FNC ont été « plus que de beaux discours sur l'idée de la démocratie », ajoutant qu'« ils [les dirigeants] essaient véritablement [de respecter les termes de la constitution] ».

Cependant, le prince héritier Mohammed a dit aux responsables américains en 2006, selon un câble Wikileaks, qu'il était contre les réformes démocratiques globales parce que « si nous devions avoir une élection à Dubaï demain, les Frères musulmans pourraient prendre le dessus ». C’est cette réticence à engager de profondes réformes démocratiques qu’Hamdan a cherché à capitaliser dans la tourmente des soulèvements arabes de 2011. Son plan était d'essayer de prendre le pouvoir à ses frères dans un coup d'état sans effusion de sang.

Les putschistes voulaient transformer le FNC en un parlement avec les pleins pouvoirs législatifs, élu au suffrage universel.

« Hamdan voulait faire la bonne chose à côté de son père, là où les autres [ses] frères avaient échoué », a déclaré l'ancien employé du prince.

La source a déclaré qu’Hamdan lui-même prévoyait de superviser cette transition démocratique en tant que monarque constitutionnel, celui qui se détacherait de l’exercice du pouvoir autocratique et qui serait engagé à construire la vision de Zayed pour la société émiratie.

Cependant, après avoir travaillé en étroite collaboration avec Hamdan, la source dit que le prince peut ne pas avoir eu plus qu'un engagement superficiel à la transformation démocratique de son pays.

« Apporter la démocratie aux Émirats était certainement un facteur de motivation dans la planification du coup d'état », disaient-ils. « Ça sonnait bien - mais comme chaque combattant de la liberté, une fois qu'ils seraient arrivés dans une position de pouvoir, peut-être qu'ils auraient décidé qu’après tout, ils avaient besoin du compte en banque suisse. »

Le complot est découvert

À la mi-2011, au milieu de la tourmente régionale des vastes soulèvements populaires, le complot de coup d'état s’est accéléré ; cependant, en juillet, selon la source de MEE, il y a eu tout à coup un bouleversement autour d’Hamdan. Le complot aurait été découvert par la surveillance de l'état - liée au ministère de l'Intérieur de Saif – alors que ceux impliqués dans la planification avaient discuté du complot sur leurs téléphones mobiles et sur l'application de la communication par internet Skype.

L’ancien employé d’Hamdan était à l'extérieur des Émirats arabes unis pendant presque tout l'été 2011 et il a déclaré que la communication avec le prince était limitée à l'époque - pendant des semaines, il serait difficile de communiquer. La source a déclaré qu'il ne sait toujours pas ce qui est arrivé pendant cette période, sinon qu’Hamdan était en passe d’avoir les « ailes coupées » en termes de déplacements dans et hors du pays.

L'histoire se gâte ensuite, selon la source, en été. Cette période, cependant, a vraiment coïncidé avec l'arrestation et le jugement par les autorités de cinq activistes Émiratis pour avoir signé une pétition appelant les dirigeants à mettre en œuvre des réformes démocratiques reflétant celles prévues par Hamdan et ses co-conspirateurs, bien qu'il n'y ait aucune preuve pour suggérer que les deux initiatives étaient liées.

L'arrestation des cinq militants Émiratis s’est avérée être un signe précurseur d'une vaste campagne de répression sur la société civile, en particulier contre les groupes associés à des appels à des réformes démocratiques. Cela a été plus manifestement exprimé dans les arrestations massives de militants liés à l'organisation Al-Islah associée aux Frères musulmans.

Al-Islah, qui signifie la réforme, est un groupe ayant une histoire qui remonte à la fondation des EAU en 1971. Des dizaines de militants ont été capturés entre la fin de 2011 et tout au long de 2012, ce qui a conduit à un procès controversé de quatre-vingt-quatorze personnes accusées d'avoir comploté pour s’emparer du pouvoir des dirigeants du pays. En juin 2013, soixante-neuf des quatre-vingt-quatorze accusés ont été reconnus coupables de sédition, mais ils ont tous invoqué leur innocence et affirmé qu'ils ont été pacifiques en appelant à des réformes démocratiques.

Un expert régional de premier plan a dit à MEE que la répression contre les membres d’al-Islah pourrait avoir été demandée par les autorités émiraties qui se sentaient préoccupées par la possibilité d'une alliance entre la famille royale mécontente et les islamistes.

« Mon interprétation est que la brutalité de la réponse à al-Islah est en partie expliquée par la prise de conscience de l'état de vulnérabilité croissante de la police conçue par Mohammed et Saif, pas nécessairement à une prise de contrôle islamiste à part entière, mais de façon plus réaliste à une révolution de palais alliée à l'islam politique », a déclaré Christopher Davidson, lecteur des politiques du Moyen-Orient à l'Université de Durham.

« Le premier (un prince comploteur) aurait dû assurer la continuité tribale nécessaire sous la bannière de « monarque constitutionnel » et le dernier (les islamistes) aurait dû offrir le poids électoral nécessaire et le soutien populaire dans les émirats du nord.

« Sans doute, un tel scénario est plus en phase avec le genre de processus progressif attendu par les signataires de la constitution de 1971/1996, y compris le « père de la nation »,  le bien-aimé cheikh Zayed qui a toujours maintenu une relation de travail pragmatique avec al- Islah. »

Photo : Mohammed ben Zayed avec le roi Carlos d'Espagne et le roi Hamad du Bahreïn (AFP)

Hamdan veut abdiquer

Début septembre 2011, Hamdan était soudain de nouveau en contact avec la source de MEE et il est affirmé que dans un appel téléphonique à 18 heures le 2 septembre, il a dit qu'il était « profondément contrarié » par « les luttes intestines constante de ses frères ».

Quelques heures plus tard, à 1h du matin le 3 septembre, la source a dit qu’Hamdan a appelé un contact mutuel et a annoncé qu'il démissionnait en tant que prince.

« Hamdan était vraiment en colère, mais de manière réfléchie et froide », a dit la source. « Il était clair qu'il avait l'intention de fuir le pays ».

On prétend que le prince avait l'intention de fuir les Émirats arabes unis pour commencer une nouvelle vie en Europe avec sa confidente, Iman Ibrahim Daffala Ahmad, qui était au Royaume-Uni après avoir fui l'État du Golfe quelques mois plus tôt. Le prince est marié et a six fils, mais, selon son ancien employé, il a eu une liaison avec Iman et souhaitait l'épouser.

À 8h du matin le 3 septembre, Iman a dit avoir reçu un appel téléphonique de Mohammed al-Bawadi, un employé du bureau du prince héritier Mohammed, qui lui a dit qu'elle devait convaincre Hamdan de renoncer à son abdication.

Alors que le complot de coup d'état d’Hamdan a été considéré comme un acte de déloyauté envers sa famille et le pays, ses frères auraient vu une abdication potentielle comme plus grave.

La source bancaire de MEE a déclaré que la priorité de la famille aurait été de traiter l'abdication potentielle, plutôt que le complot de coup d'état, qui était plus facile à résoudre en interne.

« La famille est tout aux Émirats Arabes Unis, » a dit la source. « Ils peuvent trouver un accord au sujet du complot tant qu'il reste à l'intérieur de la famille, mais une abdication aurait été davantage perçue comme un message de faiblesse transmis au public. »

Après que Badawi ait appelé Iman du bureau du prince héritier Mohammed le matin du 3 septembre, le téléphone portable d’Hamdan a ensuite été éteint pendant sept jours. Il était injoignable au cours de cette période.

« Je ne peux pas imaginer la quantité de pression qu’Hamdan a du subir à ce moment », a déclaré la source.

Hamdan sous « arrestation de palais » efficace

Le 13 septembre, la source de MEE, ancien employé du prince, était à Beyrouth attendant de rencontrer Hamdan pour une réunion prévue de longue date dans le hall de l'Hôtel Four Seasons afin de discuter d’investissements personnels et de la perspective pour lui-même.

Après avoir attendu douze heures pour rencontrer le prince, la source a dit qu’Hamdan n'a pas pu assister à la rencontre.

« La citation précise pour moi était « les fils de Zayed ont limité sa capacité à se déplacer, » a dit la source, se référant aux frères de Hamdan Mohammed et Saif.

« J’ai tout lieu de croire qu'on m’a dit la vérité. »

La source a déclaré qu’ils sont rentrés au Royaume-Uni après la réunion annulée à Beyrouth et ont ensuite été informés que les actifs d’Hamdan avaient été gelés et une interdiction de voyager mise en œuvre pour un temps indéfini.

Tous disent que le coup d'état est terminé et Hamdan a été confiné à son rôle dans le désert en tant que représentant du souverain dans la région de l'ouest.

« La possibilité pour l'UAE de devenir démocratique a été effacée », a déclaré la source.

Dans les quatre années écoulées, Hamdan est resté « échoué dans le désert », selon la source, et n’est présent à aucune des réunions « quand il y a un sérieux travail de planification à effectuer ».

« Il est effectivement en état d'arrestation au palais de Liwa, mais il doit faire des apparitions publiques comme ses frères lui ont demandé » ont-ils dit.

Hamdan apparaît dans les nouvelles locales de façon sporadique, rencontre des citoyens dans l'oasis de Liwa, donne des fonds pour vacciner les enfants syriens qui souffrent des effets de la guerre, et accomplit ses fonctions en tant que président de l'Agence de l'environnement à Abu Dhabi.

La source bancaire a déclaré que le traitement d’Hamdan est en adéquation avec la façon dont la famille traite les problèmes de cet acabit.

« [Ce qui est arrivé à Hamdan] est tout à fait prévisible » disaient-ils. « C’est ce qu'ils font dans ces circonstances – faire disparaître les gens. »

« Ils [les autorités] savent tout et quand ils agissent, ils peuvent être assez violents. »

On ne sait pas s’il y a eu une autre dissidence royale parmi les familles régnantes depuis 2011, et, au moins publiquement, le navire semble être stable sous la direction du prince héritier Mohammed, complétée par le ministre de l'Intérieur Saif, alors que le président Khalifa est rarement vu en raison des rumeurs de sa mauvaise santé.

Cependant, en dépit de l'apparente stabilité, on affirme que Mohammed et Saif ont tenu à assurer l'histoire de la tentative de coup d'état d’Hamdan et tenir l'abdication secrète.

« Les dirigeants ont désespérément veillé à ce que personne ne sache qu'un prince de la famille royale allait abdiquer, et que ce prince avait essayé de contester la structure économique et la puissance du pays », a déclaré la source de MEE.

L'ambassade des Émirats arabes unis à Londres n'a pas répondu aux demandes de commentaires au moment de la publication.

Traduction de l’anglais (original) par Emmanuelle Boulangé

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