La presse dans le monde arabe, entre sarcasmes et préférences
L’élection présidentielle française est un sujet largement suivi par la presse dans le monde arabe. Petite revue de presse.
Al Akhbar, quotidien libanais de gauche, arabophone, consacrait samedi sa une à Jean-Luc Mélenchon en se demandant « Mélenchon va-t-il le faire ? ». La journaliste relève que depuis que « le fils de la gauche perdue », « populaire chez les immigrés », fait partie « des quelques candidats susceptibles de passer au second tour », « la gauche radicale est revenue en force sur la scène politique ».
Le journal consacre un dossier entier à ce premier tour qualifié de « tour de tous les dangers » avec des sujets comme « Daech vote Le Pen », en expliquant qu’au lendemain de l’attaque de Paris, Marine Le Pen ne pouvait pas rêver d’un meilleur scénario de fin de campagne ».
De la présidente du Front national, il en est aussi question dans le quotidien égyptien Al Masry al-Youm où un dossier spécial « La gauche agonise et la droite se réveille » dresse des portraits de chaque candidat en leur donnant à chacun un titre choc : « La petite fille d’une Égyptienne terrorise les Européens » pour Marine Le Pen ou encore « Un gaulliste qui menace de chasser les Frères musulmans » pour Fillon.
Dans L’Orient Le Jour, autre quotidien libanais, francophone, l’éditorialiste Gaby Nasr s’amuse à définir le « biotope gaulois » où « être rasé de près, convenablement habillé et propre sur soi est éminemment suspect pour un personnage public. La sympathie populaire va généralement à celui qui est branché. Comprendre : mal fagoté, barbe de trois jours et tongs. Si en plus, il est adepte de l'énergie renouvelable, achète dans le commerce équitable, fait du bénévolat, mange cinq fruits et légumes bio par jour, avant de tirer sur un joint puis courir sauver la planète, alors là il est littéralement monté au pinacle ! ».
À Alger, Halim Benatallah, ex-secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la communauté nationale à l’étranger, a donné au quotidien arabophone Echorrouk un entretien où il explique qu’un président jeune conviendrait mieux à l’Algérie. « Un candidat de la nouvelle génération, indépendant des schémas de pensée rattachées à l’histoire, à droite comme à gauche », précise-t-il, « permettrait de rafraîchir l’état d’esprit et de se débarrasser, par exemple, du jeu malsain des préférences entre pays maghrébins et des positions anachroniques comme celle sur le Sahara Occidental, une position qui contribue à alimenter les divisions entre l’Algérie et le Maroc et entravent de son côté les efforts de rassemblement du Maghreb. »