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Quelle forme d’« islam » ces terroristes suivent-ils ?

Les terroristes musulmans ne défient pas seulement l’enseignement islamique en ce qui concerne le caractère sacré de la vie : ils sont également enclins à commettre d’autres vices interdits par l’islam

Dans la foulée des attentats terroristes perpétrés par l’État islamique à Beyrouth, Bagdad et Paris, j’ai soutenu que l’État islamique n’a jamais rien fait de bénéfique pour l’islam ou les musulmans, et que n’importe quel calife digne de ce nom au cours de l’histoire leur aurait déclaré la guerre.

Aux débuts de l’islam, la communauté musulmane était en proie à une faction orthodoxe indésirable qui s’est détournée des enseignements de l’islam et a emprunté à la place le chemin du sang, de la violence et des croyances aberrantes, assassinant ceux avec lesquels ils étaient en désaccord et massacrant des innocents. Ces individus, appelés kharijites (les « sortants »), ont été considérés par de nombreux musulmans comme déviants par rapport aux fondements de l’islam. L’État islamique, al-Qaïda, la Ligue des justes chiite en Irak ainsi que plusieurs autres groupes sont clairement les kharijites des temps modernes.

Les kharijites ne se sont jamais trop souciés de l’enseignement islamique en ce qui concerne le caractère sacré de la vie ou les règles de la guerre, et c’est exactement comme cela que procèdent les groupes susmentionnés. Toutefois, les kharijites des temps modernes semblent également indifférents à la plupart des autres enseignements islamiques. Prenez par exemple les auteurs des attentats du 11 septembre.

Il a été clairement établi que les hommes qui ont emporté des milliers de vies en 2001 et provoqué la soif de sang de George Bush à travers sa guerre internationale contre le terrorisme, qui a jeté le monde dans l’abîme d’un terrorisme grandissant, et non périclitant, avaient fréquenté des clubs de striptease. Beaucoup d’entre vous qui ont des musulmans religieux comme amis savent que boire dans les bars est un grave interdit, et que payer pour regarder et se faire divertir par des femmes qui se déshabillent l’est encore plus.

D’après le FBI et des témoins, les pirates de l’air du 11 septembre se sont rendus plusieurs fois à Las Vegas pour s’adonner aux plaisirs charnels et bien peu islamiques du lap dance, bafouer l’islam en se livrant à des paris dans les casinos de Sin City (« Sin » est encore assez faible ici) et même profiter d’une ou deux boissons alcoolisées agréables à souhait, bien fraîches et très clairement haram (interdites par la loi islamique). Des radicaux extrémistes, nous a-t-on dit.

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De même, le manque de vertu dont font preuve par exemple les groupes militants chiites en Irak pourrait devenir une farce légendaire sans la souffrance humaine considérable qu’elle provoque. Sous le couvert de la religion, et au moyen d’ecclésiastiques faisant office d’intermédiaires et essentiellement de proxénètes, les femmes sont souvent victimes d’exploitation sexuelle sous forme de « mariage temporaire » pour joindre les deux bouts ou pour nourrir leur famille qui a perdu son gagne-pain. Comme cela a été rapporté à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, ces femmes peuvent être mariées à des hommes, qui peuvent prendre autant d’épouses temporaires qu’ils le souhaitent (à condition bien sûr qu’ils aient l’argent nécessaire), et ces mariages peuvent durer de quelques minutes à plusieurs jours.

Le rapport cite en outre un ecclésiastique qui justifie l’exploitation sexuelle des femmes en affirmant que « le mariage [temporaire] vise à fournir une aide humanitaire aux femmes ». Ali ibn Abi Talib, cousin et compagnon du Prophète Mohammed, vénéré à la fois par les sunnites et par les chiites, était plus proche d’un saint que d’un pécheur, et je suis sûr que beaucoup de chiites dans le monde qui le vénèrent seraient du même avis. En aucun cas il n’autoriserait l’exploitation sexuelle des femmes, en particulier quand ces dernières peuvent également être tuées par ces gangs terroristes armés. Pendant ce temps, les ennemis proclamés de ces gangs, c’est-à-dire les militants de l’État islamique, semblent tout aussi obsédés par les abus sexuels, et non pas par la spiritualité.

Les assaillants de Paris n’étaient pas différents, et certainement pas plus religieux. Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé de ces massacres tragiques, a été aperçu en train de boire du whisky et d’en proposer à des Français locaux, et de fumer également du cannabis en compagnie d’un autre groupe d’hommes. Ce soi-disant « djihadiste » (terme horrible qui est une insulte à l’esprit du djihad), architecte d’un des attentats terroristes les plus meurtriers perpétrés en Europe, apparemment au point culminent de son cheminement spirituel, assis sur un trottoir, ingurgitait de l’alcool et se défonçait au lieu de prier à la mosquée locale. Peut-être essayait-il d’atténuer l’horreur de ce qu’il venait de commettre, ou peut-être a-t-il toujours été un drogué sans la moindre connaissance de l’islam et de ce que cela représente, ni même la moindre notion de l’histoire et de la civilisation islamiques.

Hasna Ait Boulahcen, cousine d’Abaaoud et apparemment la première femme kamikaze d’Europe, était elle-même loin d’être un parangon des idéaux islamiques. Boulahcen avait passé la grande majorité de sa vie à y échapper pour se retrancher dans un état d’abrutissement et d’ignorance (ou jahiliya dans le langage islamo-arabe) alimentée par les stupéfiants. Selon le journal The Independent, elle portait des vêtements « normaux » avant de revêtir le hijab (un détail teinté d’islamophobie qui implique que le hijab n’est pas « normal »), était une fêtarde invétérée et buvait bien entendu de l’alcool. Des témoins ont décrit un mode de vie « hédoniste » et évoqué un flot régulier de petits amis. Selon l’article, elle est seulement devenue « religieuse » après les attentats de Charlie Hebdo de janvier, ce qui a difficilement fait d’elle une disciple expérimentée, engagée et studieuse des sciences, des traditions et de l’érudition islamiques.

Les soi-disant terroristes islamiques peuvent difficilement être décrits comme étant religieux, et peuvent parfois à peine être décrits comme des musulmans non pratiquants. Si l’islam est suivi correctement, tout musulman doit faire tout son possible pour éviter de montrer même à un mouton qu’il est sur le point de tuer la lame qu’il utilisera, et doit aussi faire tout son possible pour éloigner les autres animaux de la vue de leur congénère en train d’être tué.

Ceci afin d’être aussi humain que possible, tout en causant le moins d’angoisse et de mal aux autres créatures. Si l’islam est aussi sensible à l’égard des sentiments, des émotions et du confort des animaux destinés à finir dans notre assiette, comment cette même religion pourrait-elle alors être exploitée cruellement pour justifier le massacre gratuit d’êtres humains complètement innocents et d’une manière aussi terrifiante ?

En 2008, un rapport du MI5 a conclu que la plupart des terroristes musulmans britanniques présumés étaient des « nouveaux adeptes » et non des « fondamentalistes islamistes ». La grande majorité de ces extrémistes mènent une vie faite d’hédonisme matériel et n’adhèrent pas strictement à la foi ou à la tradition islamiques. Ils passent leur vie à s’empêtrer dans ce que l’islam relègue au rang de péchés et sont ensuite radicalisés par de faux prédicateurs qui leur promettent un moyen facile de gagner le pardon, l’expiation de leurs péchés et un aller simple pour le paradis. Ces imbéciles ivres et sans éducation ne comprennent pas qu’ils font exactement le contraire de ce que le Coran nous dit.

Quel islam ces individus suivent-ils et d’où l’ont-ils appris ? Quoi qu’il en soit, ils ne l’ont certainement pas appris du Coran ou des enseignements et traditions du prophète Mohammed.

- Tallha Abdulrazaq est chercheur à l’Institut de sécurité et de stratégie de l’université d’Exeter. Il a été récompensé par le Young Researcher Award de la chaîne Al-Jazeera. Vous pouvez consulter son blog à l’adresse thewarjournal.co.uk et le suivre sur Twitter (@thewarjournal).

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : vue du bar « Les Béguines », appartenant à Brahim Abdeslam, l’un des kamikazes impliqués dans les attentats de Paris, le 17 novembre 2015, dans la commune bruxelloise de Molenbeek (AFP).

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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