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Alger ne veut plus accueillir le sommet tripartite sur la Libye

Le sommet Alger-Tunis-Le Caire n’est pas plus à l’ordre du jour. Le refus de l’Égypte d’intégrer les islamistes libyens au jeu politique et la volonté de Washington de temporiser expliqueraient cette décision
Le ministre algérien des Affaires maghrébines Abdelkader Messahel était la semaine dernière en tournée en Libye (AFP)

ALGER - Début février, Middle East Eye avait révélé le projet de sommet entre les présidents algérien, tunisien et égyptien à Alger pour la signature d’un nouvel accord censé remplacer l’accord de Skhirat, conclu au Maroc en décembre 2015.

Lors de la signature de la « déclaration ministérielle de Tunis en faveur d’un règlement politique en Libye », fin février, le ministre tunisien Khemaies Jhinaoui avait confirmé l’information sans donner de date pour ce sommet tripartite.

Selon les informations recueillies par MEE, ce sommet ne serait plus à l’ordre du jour, Alger s’étant excusée de ne plus pouvoir l’organiser.

« Une lettre a été envoyée au Caire fin mars pour annoncer qu’Alger n’accueillerait plus la rencontre », confie une source diplomatique.

Abdel Fattah al-Sissi a insisté sur l'exclusion des islamistes libyens des négociations, en particulier les Frères musulmans (AFP)

Deux raisons expliqueraient ce revirement. « D’abord, une divergence entre Alger et Le Caire. Abdelfatah al-Sissi a insisté sur l’exclusion de toutes les forces islamistes libyennes dans les discussions, y compris les Frères musulmans », poursuit notre interlocuteur.

La réticence des Égyptiens à intégrer les islamistes au jeu politique est un point de désaccord avec Alger pour qui leur participation est un préalable non négociable. « Les conflits politiques entre le système et les islamistes en Égypte doivent rester en Égypte », avait prévenu à l'époque un diplomate algérien. 

« Mais voilà, alors que les Égyptiens avaient donné leur accord de principe, ils sont revenus sur leur décision », précise notre source.

« L'accord politique libyen n'a rien de sacro-saint »

-Abdelkader Messahel

En coulisses, la diplomatie algérienne n’a jamais caché son manque d’enthousiasme au sujet de l’accord de Skhirat, signé au Maroc, prévoyant  la formation d’un Gouvernement d’union nationale et le partage du pouvoir législatif entre les deux parlements rivaux : à Tripoli, le Conseil d’État et à Tobrouk, la Chambre des représentants.

Officiellement, le ministre algérien des Affaires maghrébines Abdelkader Messahel, a déclaré mardi 25 que l’accord politique en Libye, signé à Skhirat était « le socle de la solution à la crise », « un processus que très peu de Libyens rejettent et qu’il faut sauvegarder ».

Mais lors de sa tournée en Libye la semaine dernière, il a également souligné que cet accord n’avait rien de « sacro-saint » et qu’il pouvait être « revu, relu ou/et amendé », qu’« à n’importe quel moment, les parties [signataires de l’accord] pouvaient se revoir, rediscuter, renégocier et revoir des articles s’il y avait lieu de le faire ou d’opérer des changements ».

Réunion des pays voisins de la Libye à Alger le 8 mai

Si Alger s'est désengagée, c’est aussi « parce que Washington a informé tous les pays de la région concernés par les pourparlers en Libye que la nouvelle administration Trump planifiait un nouveau projet de solution politique. »

Le 10 avril, un diplomate algérien contacté par MEE avait expliqué que la Maison Blanche souhaitait rendre « tout son temps » pour voir de quelle manière « ramener la stabilité dans le pays » et surtout « empêcher les Russes d’y reprendre pied ».

Comme le montre la tournée d’Abdelkader Messahel en Libye, au cours de laquelle il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, le vice-président Ahmed Miitig, des notables de l’Est libyen et de Zentane, et des personnalités militaires, l’Algérie compte poursuivre ses efforts diplomatiques en faveur d’une « solution politique » à la crise et de la mise en place « d’institutions et d’une armée fortes ».

Ce mercredi, l’envoyé spécial de la Libye Martin Kobler, se trouvait à Alger pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères.

Messahel a insisté : le sommet tripartite entre Alger, Tunis et Le Caire devait marquer « l’aboutissement mais pas le début d’un processus politique ».

Il a ajouté que si l’Algérie était favorable « au dialogue politique », ces discussions devaient être « pacifiques » et ne pouvaient intégrer les « groupes terroristes listés par l’ONU », à savoir l’EI, al-Qaïda et Ansar al-Charia.

À défaut de sommet, Alger accueillera le 8 mai une réunion des pays voisins de la Libye.

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