Arabie saoudite : une purge soupçonnée de vouloir « étouffer » l’opposition au prince héritier
Samedi soir, onze princes, quatre ministres et des dizaines d'anciens ministres ont été arrêtés, et les puissants chefs de la Garde nationale saoudienne, une force d'élite intérieure, et de la Marine ont été limogés.
Parmi les personnes arrêtées, le chef de la Marine Abdallah Al-Sultan, le ministre de l'Économie Adel Fakih, le chef de la Garde nationale le prince Mitaeb ben Abdallah un temps considéré comme prétendant au trône, ou encore le prince et milliardaire Al-Walid ben Talal. Cet homme d'affaires de 62 ans, classé parmi les plus importantes fortunes du monde, est le petit-fils de deux figures historiques du monde arabe : le roi Abdelaziz al-Saoud, fondateur de l'Arabie saoudite, et Riad al-Solh, premier chef de gouvernement de l'histoire du Liban. Le magazine Forbes estime que le prince pèse 18,7 milliards de dollars (16,1 milliards d'euros), ce qui le met à la 45e place du dernier classement des fortunes mondiales.
Selon les analystes, Mohammed ben Salmane, qui contrôle les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l'économie, chercherait à étouffer les contestations internes – Mitaeb ben Abdallah était un des visages publics de l’opposition au prince héritier – avant tout transfert formel du pouvoir par son père, le roi Salmane, âgé de 81 ans.
En septembre, il avait déjà procédé à une vague d'arrestations de dissidents, dont des religieux influents et des intellectuels qui critiquaient la politique étrangère musclée du jeune prince héritier, notamment au Yémen, ou le boycott du Qatar, ainsi que certaines réformes comme la privatisation d'entreprises publiques et la réduction des subventions de l'État.
En juin, MBS avait également réussi, avec l’aide de son père, à écarter un cousin plus âgé, le prince Mohammed ben Nayef, 58 ans, pourtant puissant ministre de l’Intérieur.
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Fin octobre, MBS, issu de la jeune génération princière saoudienne, a promis une Arabie saoudite « modérée », en rupture avec l'image d'un pays longtemps considéré comme l'exportateur du wahhabisme, une version rigoriste de l'islam qui a nourri de nombreux islamistes armés à travers le monde.
« Nous n'allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant », avait-il assuré sous les applaudissements des participants à un forum économique baptisé le « Davos dans le désert » qui avait attiré 2 500 décideurs du monde entier.
Suite à ces arrestations, l'indice Tadawul All-Shares (Tasi), la Bourse la plus importante des pays arabes, était également en baisse, de 1,6 %, une minute seulement après son ouverture.
Le cours de Kingdom Holding Company – société ayant des intérêts notamment dans les géants américains Citigroup et Apple et le parc d'attractions Euro Disney, détenue à 95 % par le prince et milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal – a chuté de 9,9 % à l'ouverture dimanche.
Depuis le début de l'année, Kingdom Holding Co a perdu environ 15 % de sa valeur mais la société a annoncé plus tôt dimanche une hausse de ses profits pour le troisième trimestre et les neuf premiers mois de l'année.
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