Kamel Daoud porte plainte contre « le pamphlet » de Rachid Boudjedra
« Il n’est pas facile de réagir aux propos diffamatoires d’un écrivain qu’on admirait tant, une des figures aînées de la littérature algérienne, Rachid Boudjedra, et qui, aujourd’hui, semble s’enfoncer dans les compromissions, opter pour le scandale comme moyen d’expression – au lieu du talent. »
Dans une lettre publiée ce lundi sur le HuffPost Algérie, l’écrivain algérien Kamel Daoud, explique pourquoi il décide de porter plainte contre un autre écrivain algérien, Rachid Boudjedra et contre son éditeur.
L’auteur de La Répudiation, L’Escargot entêté, La Vie à l’endroit ou plus récemment, La Dépossession, dont les romans sont depuis plus de dix ans publiés chez Grasset, a signé auprès d’une maison d’édition algérienne, les éditions Frantz Fanon, ce qui est présenté comme un « pamphlet », Les Contrebandiers de l’histoire.
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« Depuis l’indépendance de l’Algérie, l’histoire coloniale a été souvent, occultée et arrangée par les différents pouvoirs qui se sont succédé, particulièrement dans les manuels scolaires. Mais il y avait aussi, la tentative de défigurer cette histoire par certains artistes, historiens, et autres sociologies, rongés par le complexe du colonisé qu’Ibn Khaldoun, au XIVe siècle, puis Frantz Fanon au XXe siècle, ont analysé d’une façon imparable », peut-on lire dans la présentation du livre.
Boualem Sansal, Wassila Tamzali, Salim Bachi, Yasmina Khadra… De nombreux auteurs algériens de renommée internationale, mais aussi des cinéastes comme Lyes Salem, le réalisateur de « L’Oranais », y sont accusés de divers maux comme de connivence à un moment de leur vie avec le système politique algérien, ou de complaisance à l’égard de la France coloniale, dans ce qu’il qualifie d’« entreprise négationniste » menée par des « prédateurs anti-algériens ».
La plupart des personnalités citées ont choisi de ne pas répondre. Mais Yasmina Khadra a réagi via les réseaux sociaux. « Tu contestes mon algérianité ? Je te rappelle que lorsque tu te terrais à Paris, durant la décennie noire, je menais une guerre atroce dans les maquis terroristes », lui a répondu Yasmina Khadra sur sa page Facebook.
Mais pour Kamel Daoud, dont Rachid Boudjedra raconte qu’il a été « membre du GIA », le Groupe islamique armé qui pendant les années 1990 sema la terreur en Algérie, la « diffamation » est « grave ». « Il s’agit d’une insulte à ma personne, au père et au fils que je suis, à la mémoire blessée de ma génération (…) S’amuser avec ce sigle pour régler ses rancunes n’est pas une insulte à ma personne, mais à nous tous. »
Amar Ingrachen, le directeur des éditions incriminées, a répondu par une mise au point : « Monsieur Kamel Daoud estime que son accusation d’appartenance au GIA par Monsieur Rachid Boudjedra est inadmissible. C’est son droit de répondre de la manière qu’il estime la plus adéquate à l’auteur de cette accusation. Toutefois, les accusations de ‘’manque de rigueur et d’éthique’’ qu’il profère à l’encontre des éditions Frantz Fanon sont tout autant inadmissibles ».
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