L’accord sur le nucléaire iranien au sommet de l’agenda de Macron à Washington
Le président français Emmanuel Macron a rencontré lundi son homologue américain Donald Trump dans le cadre d’une visite d’État susceptible d’être dominée par les divergences avec Washington sur des questions commerciales et l’accord nucléaire avec l’Iran.
« Nous, les États-Unis comme la France, avons une responsabilité toute particulière [...], nous sommes les garants du multilatéralisme contemporain. Nous avons beaucoup de décisions à prendre », a déclaré le président français dans une brève allocution en anglais puis en français en descendant de son avion lundi.
« Cette visite est très importante dans le contexte qui est le nôtre, avec beaucoup d’incertitudes, de troubles et parfois beaucoup de menaces », a-t-il ajouté.
En premier lieu, l’Iran. Le chef de l’État français veut convaincre son hôte de maintenir l’accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump envisage de rompre. Il cherchera aussi à le persuader de laisser ses troupes en Syrie et d’exempter l’UE de taxes douanières sur l’acier et l’aluminium.
Pour préparer le terrain, Emmanuel Macron a énuméré ses arguments dimanche sur Fox News, chaîne que regarde assidûment le président américain.
« Cette visite est très importante dans le contexte qui est le nôtre, avec beaucoup d’incertitudes, de troubles et parfois beaucoup de menaces »
- Emmanuel Macron
Hors de l’accord de 2015, « il n’y a pas de plan B » pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, a-t-il déclaré. Et sur la Syrie, si les Occidentaux se retiraient brutalement, l’Iran occuperait le terrain et le retrait attirerait de nouveaux terroristes, a-t-il plaidé.
L’accord conclu entre les six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et Téhéran a mis un frein au programme nucléaire de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions.
Donald Trump a posé la date du 12 mai comme ultimatum à ses alliés européens pour qu’ils s’entendent avec l’Iran afin de remédier à ce qu’il considère comme les « terribles lacunes » du texte de l’accord.
Macron et Trump devraient également discuter de la Syrie moins de deux semaines après que les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont effectué des frappes aériennes en représailles à une attaque présumée à l’arme chimique qui a fait des dizaines de morts dans la Ghouta orientale.
Macron a déclaré la semaine dernière qu’il croyait avoir convaincu son homologue américain de maintenir les troupes américaines en Syrie, après que Trump a annoncé son désir de rapatrier rapidement ses soldats déployés dans le pays.
Un accord nucléaire « version non-US » ?
Le dirigeant français a reçu lundi deux renforts de poids sur la question iranienne. La Chine et la Russie ont annoncé qu’elles bloqueraient toute tentative de « saboter » l’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec l’Iran et ont jugé « inacceptable » toute révision de ce texte fruit d’années d’efforts diplomatiques.
L’accord conclu par les grandes puissances avec Téhéran pour l’empêcher de se doter de l’arme atomique est « l’une des plus grandes réalisations de la diplomatie internationale ces dernières années » et « toute révision de ce document est inacceptable », a martelé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Jjuste avant son arrivée aux États-Unis, le chef de l’État français s’est entretenu avec Vladimir Poutine, qu’il rencontrera le 24 mai, pour évoquer notamment la nécessité de préserver l’accord.
De son côté, Téhéran a averti samedi que l’Iran reprendrait l’enrichissement d’uranium en cas de rupture de l’accord, première étape pour fabriquer l’arme atomique.
« L’Amérique n’aurait jamais dû craindre que l’Iran produise une bombe nucléaire, mais nous poursuivrons vigoureusement notre enrichissement d’uranium si le président Trump se retire officiellement de l’accord nucléaire », a prévenu le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif.
Mais dans l’éventualité où Washington se retirerait, les autres signataires occidentaux réfléchissent déjà à la façon de maintenir l’accord dans une « version non-US », a expliqué Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique. Paris se refuse pour l’instant à évoquer publiquement un tel scénario.
Quelques minutes après le débarquement de Macron aux États-Unis, la Maison-Blanche a pour sa part déclaré n’avoir aucune annonce à faire sur l’accord avec l’Iran.
« Le président a été extrêmement clair sur le fait qu’il pense qu’il s’agit d’un mauvais deal, et cela n’a certainement pas changé », a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.
À LIRE : Trump et Téhéran : nous ne sommes pas en 2003 et l’Iran n’est pas l’Irak
Des réunions de travail se tiendront à la Maison-Blanche aujourd’hui et Macron s’adressera au Congrès ce mercredi, anniversaire du jour où Charles de Gaulle s’adressa à une session conjointe du Congrès en 1960.
Alors que certains autres dirigeants européens se tiennent à distance de Trump, Macron s’est efforcé de rester proche du président américain, qu’il a en janvier qualifié d’« imprévisible ».
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