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L’ambassadeur des EAU : « Nous ne défendons pas l’idée de liberté de la presse »

L’ambassadeur des Émirats arabes unis en Russie, Omar Ghobash, a déclaré que l’éjection du Qatar du CCG n’était pas « la seule sanction disponible »
Omar Ghobash, ambassadeur des EAU en Russie (capture d’écran)

Un diplomate émirati a justifié l’exigence de voir le Qatar fermer Al Jazeera et d’autres médias « soutenus » par le pays en déclarant que les Émirats arabes unis (EAU) ne soutiennent pas une presse libre.

Les EAU, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Égypte ont imposé au Qatar un blocus économique et des transports, et ont présenté treize exigences à satisfaire pour que le blocus soit levé.

Parmi celles-ci, on trouve la demande de mettre fin aux liens avec les Frères musulmans, décrits par les EAU comme une organisation « terroriste », et la fin de la coopération militaire avec la Turquie.

« Nous ne défendons pas l’idée de liberté de la presse. Nous parlons de la responsabilité de discours »

- Omar Ghobash, l’ambassadeur des EAU en Russie

Omar Ghobash, l’ambassadeur des EAU en Russie, a déclaré au Guardian : « Nous ne prétendons pas avoir la liberté de la presse. Nous ne défendons pas l’idée de liberté de la presse. Nous parlons de la responsabilité de discours. »

« La liberté de discours fait face à différentes contraintes dans différents endroits. Le discours, dans notre partie du monde, a un contexte particulier, et ce contexte peut aller de pacifique à violent en un rien de temps simplement à cause de l’utilisation de certains mots. »

Ghobash a également déclaré que les pays qui imposaient le blocus pensent sanctionner les pays qui continuent à échanger avec le Qatar.

Mais David Kaye, le rapporteur spécial des Nations unies pour la défense et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression a déclaré : « Si des États, au prétexte d’une crise diplomatique, prennent des mesures pour démanteler de force Al Jazeera, alors cette exigence représente une menace sérieuse pour la liberté de la presse. »

David Kaye a précisé que le droit de chacun à accéder à l’information était profondément affecté quand la sécurité et la liberté des médias n’était protégées.

« J’appelle la communauté internationale à faire pression sur ces gouvernements pour qu’ils retirent ces exigences, qu’ils résistent à censurer un média sur leur propre territoire et dans la région, et qu’ils encouragent le soutien aux médias indépendants au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

« Une possibilité serait d’imposer des conditions à nos propres partenaires commerciaux et de dire que s’ils veulent travailler avec nous, ils doivent donc faire un choix commercial. »

Gobash, qui a été interviewé à Londres par le Guardian, a déclaré que la coalition n’envisageait pas d’intervenir militairement mais qu’il comprenait que leur position pourrait inciter le Qatar à développer des relations plus étroites avec l’Iran.

« L’escalade pourrait continuer de notre part avec davantage d’informations, mais pas de façon militaire. Ce n’est pas la façon dont nous envisageons les choses », a-t-il déclaré.

« Ce n’est pas du harcèlement »

Il a précisé comprendre qu’il existait un risque que le Qatar soit forcé de se rapprocher de l’Iran. « Nous demandons au Qatar de faire un choix, et nous réalisons qu’ils peuvent choisir la voie de l’Iran, et nous sommes prêts à en accepter les conséquences. »

Il a également déclaré que les EAU respecteraient le groupe de surveillance qu’ils ont appelé à imposer au Qatar, ce qui permettrait aux pays occidentaux de surveiller le financement présumé d’organisations « terroristes ».

« Oui, nous formulons des demandes au Qatar, mais il est très important de comprendre que nous nous imposons les mêmes critères », a-t-il souligné.

« Si nous demandons la surveillance des transactions qataries et de son financement du terrorisme, alors nous serons ouverts à la même idée. Ce n’est pas du harcèlement, il s’agit de demander des normes plus élevées dans toute la région. »

« Nous n’avons nous-même rien à cacher donc nous sommes prêts à accepter les mêmes normes que celles que nous demandons au Qatar. L’Occident s’est toujours plaint du manque de transparence financière dans la région, et l’Occident est sans doute en mesure de faire beaucoup pour surveiller ce qu’il se passe. »

Ses commentaires interviennent alors que le Qatar a répondu à l’Arabie saoudite qui insiste sur le fait que les demandes ne sont pas négociables. 

Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abdulrahman al-Thani, qui s’exprimait depuis Washington, où il a tenu des pourparlers avec le secrétaire d’État américain Rex Tillerson, a déclaré :

« C’est contraire aux principes qui gouvernent les relations internationales car vous ne pouvez pas simplement présenter une liste de demandes et refuser de négocier », a-t-il déclaré.

Son homologue saoudien Adel al-Jubeir a déclaré sur Twitter : « Nos demandes adressées au Qatar ne sont pas négociables. Il revient au Qatar de mettre fin à son soutien à l’extrémisme et au terrorisme. »

Traduit de l’anglais (original). 

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