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La Permission, une gifle au patriarcat venue d’Iran

En septembre 2015, Niloufar Ardalan, joueuse de futsal iranienne, ne peut pas disputer le championnat d’Asie pour laquelle son équipe est qualifiée car son mari ne l’autorise pas à voyager. Cette affaire connaît un retentissement mondial et fait désormais l’objet d’un film
Afrooz Ardestani, interprétée par Baran Kosari, et son mari Yaser Shahoseini, joué par Amir Jadidi (Sophie Dulac distribution)

Afrooz Ardestani est la capitaine de l’équipe féminine de futsal iranien. Après un travail acharné, Afrooz parvient à mener son équipe au championnat de la confédération asiatique de Malaisie.

Alors que l’équipe s’apprête à rejoindre le pays, la jeune femme se voit interdite de quitter le territoire à la demande de son mari, comme la loi autorise ce dernier à le faire.

Placée hors-champ, la voix qui annonce la nouvelle à Afrooz est celle d’un homme. Et ce sont toujours, dans le film, des voix masculines sur lesquelles on ne pose pas de visages qui incarnent les institutions. La caméra préfère nous montrer la conséquence de ces paroles sur les visages des femmes, filmées en plan rapproché, pour ne rien perdre de leur anxiété.

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La loi masculine

La loi masculine s’exerce, sans surprise, également au sein du foyer. Le mari d’Afrooz, Yaser Shahoseini, présentateur célèbre d’une émission de télévision, est d’une perversion inquiétante.

Nerfs à fleur de peau, ce dernier invoque les « sentiments » qu’il porte à sa femme pour l’empêcher de partir. Le prétexte de l’amour sert à justifier un désir de domination et de pouvoir.

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Une peinture ambiguë et réaliste qui plonge le spectateur dans le doute : tient-il réellement à sa femme ? Ou bien voyons-nous là l’exercice d’une passion pour la domination patriarcale que les lois iraniennes lui permettent d’assouvir ? 

Loin du cliché de l’homme oriental dominant, cette ambiguïté permet de dresser un portrait plus que réaliste des dynamiques sexistes au sein de la sphère familiale.

La puissance des femmes

La modestie, dite « effat » en persan, caractérise la plupart du temps le cinéma en Iran et plus particulièrement celui qui parle des femmes : une attitude qui relève de la pudeur et de la retenue afin de permettre l’expression de sujets sensibles.

Dans le film, le personnage d’Afrooz éclate cet éthos de « l’effat ». Débordante de révolte, elle crie les mots « patriarcat », « sexisme » ou « injustice » sans retenue aucune. Elle poste des tweets et gifle, dans une scène incroyablement cathartique, son mari en pleine rue.

La Permission est inspiré d'une histoire vraie (Sophie Dulac distribution)

Hormis le personnage d’Afrooz, c’est la puissance féminine et contestataire des femmes que La Permission souhaite mettre en valeur. La caméra suit les mouvements des joueuses en action avec des plans rapprochés sur les corps qui se meuvent, les bras qui se hissent et les voix des femmes qui chantent à la gloire de leur équipe.

Soheil Beiraghi donne à voir une puissance féminine, très fragilisé par le système, mais existante. Cette dernière suffira-t-elle pour faire face aux inégalités du système ? La Permission a le mérite d’ouvrir la voie.

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