La Turquie arrête le rédacteur en chef du quotidien d’opposition ainsi qu'un chroniqueur
La police turque a arrêté lundi le rédacteur en chef ainsi qu’un chroniqueur journaliste du quotidien Cumhuriyet, l’un des derniers journaux d’opposition non atteints à date par les sévices post coup d’état imposés au pays.
Murat Sabuncu, rédacteur en chef, ainsi que Guray Oz, journaliste chroniqueur, ont été arrêtés ce matin et la maison de Murat Sabuncu a été perquisitionnée.
Selon CNN Turquie, le quotidien traditionnellement d’obédience nationaliste, est accusé de soutenir à la fois les militants du PKK et le mouvement du prédicateur islamiste Fetullah Gülen, basé aux États-Unis et accusé d’avoir ourdi le putsch raté du 15 juillet dernier.
Les charges retenues contre eux par le procureur d’Istanbul font état de soutien apporté à ces groupes, sans pour autant en être membres.
Des mandats d’arrêt ont également été délivrés selon ce rapport à l’encontre d’Akin Atalays, président du directoire du Cumhuriyet, et de Hitmek Cetinkaya, un autre membre du directoire. Au total des mandats d’arrêt ont été délivrés contre treize journalistes et dirigeants du quotidien.
Sabuncu avait remplacé Can Dundar, précédent rédacteur en chef après sa condamnation à six ans de prison pour avoir divulgué selon les autorités une histoire montrant une unité des services de renseignements turcs acheminant des armes vers les rebelles syriens à la frontière syrienne.
On pense que Dundar se trouverait maintenant en Allemagne même si sa situation géographique précise n’est pas connue.
Le leader de l’opposition du parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kilicdaroglu, a condamné l’action à l’encontre du quotidien Cumhuriyet. « Nous combattrons les politiques répressives du gouvernement », a-t-il déclaré.
D’autres journalistes turcs dénoncent une opération politique.
Certains journalistes pro-gouvernement se félicitent toutefois de cette action contre Cumhuriyet.
Pour Cem Kuck, journaliste connu pour son soutien au parti de la justice et du développement (AKP), il fallait fermer les journaux dans la mouvance des journaux gülenistes Zaman et de l'extrême gauche Ozgur Gundem.
Plus de 100 000 personnes ont déjà été licenciées ou suspendues et 37 000 arrêtées depuis le putsch raté, dans le cadre des purges sans précédent décrétées par Erdoğan comme vitales pour éliminer les réseaux gülenistes de l’appareil d’état.
Les défenseurs de la liberté de la presse ont fermement condamné la répression menée contre les journalistes d’opposition et les professionnels des médias en Turquie , répression déjà présente avant le putsch du 15 juillet ; la liberté de la presse est sérieusement menacée dans le pays selon eux.
La semaine dernière, le Parlement européen adoptait une résolution appelant le gouvernement turc « à libérer les journalistes et professionnels des médias détenus sans preuve irréfutable d’activité criminelle, notamment les journalistes célèbres comme Nazli Ilicak, Sahin Alpay, Asli Erdogan, Murat Aksoy, Ahmet Altan et Mehmet Altan ». Le Parlement soulignait que les professionnels des média « ne devaient pas être arrêtés sur la base du contenu de leurs propos ou de leurs relations présumées, y compris dans les cas où des accusatiions sont portées contre eux ; le Parlement met l’accent sur la nécessité de garantir que la détention provisoire devait rester une exception » .
Traduit de l'anglais (original) par Raphaëlle Maury.
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