Les forces irakiennes se rapprochent de la ville des « exécutions » de l’EI
Les forces irakiennes soutenues par les États-Unis se rapprochent d’une ville au sud de Mossoul, où, selon des groupes d’aide et des officiels régionaux, le groupe État islamique (EI) a exécuté des dizaines de prisonniers qui ont refusé de servir de boucliers humains.
Selon une déclaration de l’armée, les forces de sécurité ont avancé vers Hamman al-Alil après qu’une unité d’élite a franchi la frontière est de Mossoul, le dernier grand bastion de l’EI en Irak.
La bataille, qui a commencé le 17 octobre avec le soutien aérien et au sol de la coalition menée par les États-Unis, se présente comme la plus grande bataille en Irak depuis l’invasion menée par les États-Unis en 2003.
Mossoul est bien plus peuplée que toutes les autres villes capturées par l’EI il y a deux ans en Irak et en Syrie, avec 1,5 millions d’habitants.
L’ONU a cité mardi des rapports selon lesquels l’EI tente de déplacer la population d’Hammam al-Alil, estimée à 25 000 habitants, pour les utiliser comme boucliers humains afin de se protéger des frappes aériennes et des tirs d’artillerie.
« Nous sommes très inquiets pour leur sécurité, ainsi que pour celle de dizaines de milliers d'autres civils qui ont été transférés de force par l'État islamique au cours des deux dernières semaines », a déclaré la porte-parole pour les droits de l’homme de l’ONU, Ravina Shamdasani.
Selon un fonctionnaire local, la ville, qui se situe à 15 km au sud de Mossoul, comptait 65 000 habitants avant la guerre.
Selon des rapports cités par des organisations d’aide, par des autorités locales et par des résidents de Mossoul, l’EI a exécuté des dizaines de personnes à Hammam al-Alil et dans des baraques à proximité, les soupçonnant d’organiser des révoltes dans Mossoul pour aider les troupes qui avancent vers la ville.
Abdoul Rahman al-Waggaa, membre du conseil de la province de Ninive, a déclaré à Reuters la semaine dernière que la plupart des victimes étaient d’anciens membres de la police et de l’armée. Les hommes ont été abattus, dit-il, citant les témoignages des habitants restés dans les villages et les personnes déplacées de cette zone.
Selon l’ONU, l’offensive de Mossoul pourrait entraîner une crise humanitaire et un exode de réfugiés si les civils à l’intérieur de la ville tentent de fuir. Dans le pire des cas, jusqu’à un million de personnes pourrait fuir.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que presque 21 000 personnes ont été déplacées depuis le début de la campagne, sans compter les milliers de villageois transportés à Mossoul par les combattants de l’EI qui les ont utilisés comme boucliers humains.
Des troupes de lutte contre le terrorisme étaient les premières à franchir la frontière officielle de Mossoul cette semaine. Elles ont déclaré mardi être en contrôle de la station de télévision d’État.
Abdul Ghani al-Assadi, lieutenant général au sein de ces forces, a déclaré que ses soldats feraient une pause dans leur progression sur le front est à cause du mauvais temps.
« Si Dieu le veut, la prochaine étape commencera dans quelques heures. Tout dépend du temps », a-t-il déclaré depuis Bartella, un village à l’ouest de Mossoul.
Un couvre-feu a été imposé sur la banlieue est reconquise de Kokjali, a-t-il dit, pour protéger les habitants des obus de mortiers envoyés par les combattants.
Les combattants peshmergas kurdes sont aussi déployés sur le front est et nord, et les milices shiites irakiennes soutenues par l’Iran attaquent l’EI à l’ouest de Mossoul.
L’implication des milices pro-iraniennes provoque des inquiétudes en Turquie, qui a des troupes déployées au nord de la ville depuis plus d’un an, pour soutenir les volontaires arabes sunnites qui veulent participer à la bataille.
L’armée turque a commencé à déployer des tanks et autres véhicules blindés vers la ville de Silopi, près de la frontière irakienne. Le ministre de la Défense turc, Fikri Işık, a déclaré que cette action était en lien avec le combat contre le terrorisme et les derniers développements de l’autre côté de la frontière.
La Turquie affirme qu’elle a la responsabilité de protéger les turkmènes et les arabes sunnites dans la zone autour de Mossoul, qui appartenait dans le passé à l’empire ottoman. La Turquie craint que les militants du PKK et les milices chiites, sur qui l’armée irakienne a pu compter dans le passé, soient utilisés dans la campagne et provoquent des problèmes inter-confessionnels.
Le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a déclaré mardi que les tensions avec la Turquie s’étaient calmées la semaine dernière, mais a prévenu que l’Irak répondrait à toute « violation » de son territoire.
Traduit de l’anglais (original).
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