Les peshmergas kurdes ouvrent un nouveau front dans la bataille pour Mossoul
Jeudi, les forces kurdes ont lancé un assaut majeur contre une ville contrôlée par l’État islamique (EI) près de Mossoul, ouvrant ainsi un nouveau front dans l’offensive visant à arracher le dernier bastion irakien aux militants.
Le Premier ministre Haïder al-Abadi a déclaré lors d’une conférence internationale à Paris que l’offensive « progressait plus vite que prévu et programmé » à l’aube du quatrième jour.
Dans certaines zones, la progression des Irakiens a rencontré de petits groupes de civils fuyant à la fois le combat et les militants de l’EI qui les ont gouvernés pendant deux ans, mais les craintes d’un exode massif impliquant jusqu’à un million de personnes ne se sont pas encore matérialisées.
La principale cible de la dernière offensive kurde était la ville de Bashiqa, au nord-est de Mossoul. Les forces gouvernementales irakiennes ont également lancé des assauts en direction de la ville depuis l’est et le sud.
Qui sont les peshmergas ?
Les peshmergas sont les forces armées de la région autonome du Kurdistan irakien. Théoriquement placés sous l’autorité du gouvernement fédéral, ils opèrent de façon indépendante. Les forces du Parti de la liberté du Kurdistan (PAK) prennent part à certaines opérations des peshmergas.
En dehors de Bashiqa, les forces peshmergas kurdes, soutenues par des frappes aériennes de la coalition menée par les États-Unis, ont progressé à bord de véhicules blindés et abattu deux petits drones utilisés à des fins de reconnaissance par l’EI.
Le commandement peshmerga a publié une déclaration indiquant que son « opération à grande échelle » avait été lancée à 6 heures du matin heure locale, ajoutant que : « l’objectif est de libérer un certain nombre de villages voisins et de prendre le contrôle de zones stratégiques afin de restreindre les mouvements de l’EI ».
Des drones de l’EI
Un journaliste de l’AFP à Nawaran, près de Bashiqa, a été témoin de la neutralisation de l’un des drones par les peshmergas. Il s’agissait d’un RQ-11 Raven, modèle similaire à l’appareil téléguidé piégé qui a tué deux combattants kurdes et blessé deux soldats français il y a une semaine.
« Ces drones appartiennent à l’EI... Donc nous avons tiré et abattu ce drone. Comme vous pouvez le voir, les peshmergas l’ont détruit », a indiqué Aziz Weysi, général responsable des Zaravani, une unité d’élite peshmerga.
« Ces drones peuvent être utilisés pour la reconnaissance et peuvent exploser. Ils ont envoyé celui-ci mais il n’a pas explosé », a-t-il expliqué à l’agence de presse AFP.
Les rebelles kurdes iraniens du Parti de la liberté du Kurdistan (PAK) ont participé à l’opération aux côtés des peshmergas et ont apparemment joué un rôle prépondérant.
À l’est de Mossoul, où les peshmergas ont lancé leur offensive lundi, l’unité d’élite antiterroriste irakienne a pris le contrôle de Bartella, une ville dont les habitants majoritairement chrétiens ont fui la progression de l’EI il y a deux ans.
« Nous avons commencé à ouvrir une brèche à Bartella tôt ce matin. Nous avons seulement 750 mètres à couvrir pour atteindre le centre », a affirmé Abdelwahab al-Saadi, lieutenant-général commandant les opérations dans cette zone. « Ils résistent – nous avons déjà fait exploser trois voitures piégées aujourd’hui », a-t-il indiqué.
À Bartella, qui se trouve à moins de 15 km de la limite orientale de Mossoul, l’EI a fait preuve d’une résistance acharnée plus tôt cette semaine.
Les forces irakiennes étaient également prêtes à attaquer près de Qaraqosh, qui était la plus grande ville chrétienne d’Irak avant que l’EI ne balaye la plaine de Ninive en août 2014, forçant tous les habitants à fuir.
Des civils au compte-gouttes
Plus au sud, les forces irakiennes ont progressé régulièrement, se frayant un chemin vers la vallée du Tigre et rencontrant sur leur chemin de petits groupes de civils fuyant en sens inverse.
Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’étaient échappés du village de Mdaraj, au sud de Mossoul, certains à pied, d’autres à bord de véhicules, patientaient tandis que la police fouillait leurs affaires.
« Nous nous sommes faufilés », déclare un homme qui dit s’appeler Abu Hussein.
Il explique que les énormes panaches de fumée noire provenant des feux allumés par l’EI pour se protéger des frappes aériennes les ont aidés à passer inaperçus.
« Nous avons levé des drapeaux blancs et avons avancé vers eux », indique Abu Hussein, décrivant la façon dont les civils se sont approchés des forces de sécurité irakiennes.
L’ONU craint que jusqu’à un million de personnes encore piégées dans Mossoul soient contraintes de fuir les combats, un mouvement massif qui déclencherait une crise humanitaire. Mais les forces irakiennes se trouvent encore à une certaine distance des limites de la ville et aucun flux majeur de civils n’a encore été rapporté.
« Les rapports indiquent que les activités militaires restent concentrées dans des zones peu peuplées et aucun déplacement massif de civils n’a été enregistré à ce stade », a indiqué Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, mercredi soir.
Mossoul après l’EI
Lors de la réunion sur l’avenir de Mossoul à Paris, Haïder al-Abadi a affirmé que les opérations visant à reprendre Mossoul progressaient. « Nous progressons plus vite que nous l’avions prévu et programmé », a affirmé le Premier ministre en duplex.
Le président français, François Hollande, a indiqué lors de la réunion que les militants de l’EI fuyaient déjà vers Raqqa, leur bastion dans la Syrie voisine.
« Nous devons être exemplaires sur le plan de la poursuite des terroristes qui déjà quittent Mossoul pour rejoindre Raqqa », a-t-il affirmé. « Nous ne pouvons admettre une évaporation de ceux qui étaient à Mossoul. »
La deuxième ville d’Irak avait été prise par l’EI en juin 2014 dans le cadre de l’offensive ayant permis au groupe de conquérir environ un tiers du pays et de proclamer un « califat » à cheval sur l’Irak et la Syrie.
Le règne de l’EI a été le théâtre de certains des pires crimes de guerre de l’histoire contemporaine. La tâche de concilier l’ensemble des composantes de la mosaïque religieuse et ethnique complexe de cette zone s’annonce difficile.
« Compte tenu de la taille même de Mossoul – et de son expérience d’une domination sauvage aux mains de l’État islamique –, les meurtres par vengeance poseront certainement problème dans les jours et les mois à venir », a indiqué le cabinet de conseil Soufan dans une récente anallyse.
« Des efforts importants seront nécessaires pour commencer à réparer une ville et une société qui sont véritablement fracturées », a-t-il indiqué.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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