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Pour Benjamin Stora, la France « doit accepter sa défaite dans la guerre d’Algérie »

Invité en Algérie, l'historien spécialiste du Maghreb contemporain a déclaré que le travail de deuil de la France était nécessaire pour l'apaisement des relations algéro-françaises
Benjamin Stora enseigne l’histoire du Maghreb contemporain, les guerres de décolonisations, et l’histoire de l’immigration maghrébine en Europe, à l’Université Paris 13 et à l’INALCO (Langues Orientales, Paris) (AFP)

L’apaisement des relations algéro-françaises « implique un travail de deuil que doit faire la France en acceptant sa défaite et guérir de cette grande blessure occasionnée par l’indépendance de l’Algérie », a estimé mercredi l’historien français, Benjamin Stora à son arrivée à Oran (ouest), cité par l’agence de presse officielle algérienne, l’APS.

Invité par les autorités pour animer une conférence sur « Les origines du nationalisme algérien », le célèbre historien français a insisté : « En France, le problème est qu’on n’accepte pas cette défaite. »

Selon lui, plusieurs explications « complexes et sophistiquées » sont avancées « pour maquiller cette défaite ». « Les uns estiment que le général de Gaulle aurait trahi les Français, alors que pour les autres la France a gagné militairement et perdu politiquement. »

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Pourtant, a-t-il souligné, les faits sont là : « L’Algérie a gagné son indépendance et la France est partie », ajoutant que « les vainqueurs sont vainqueurs et les vaincus sont vaincus », et qu’« il suffit de l’accepter ».

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Le sujet fait toujours l’objet de polémiques des deux côtés de la Méditerranée.

La dernière en date avait été provoquée par Emmanuel Macron. En déplacement en Algérie en février dernier, pendant la campagne électorale pour l’élection présidentielle, le leader d’En Marche devenu président, avait provoqué une tempête en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » sur une chaîne de télévision privée algérienne.

Benjamin Stora a estimé ce que ces déclarations représentaient « un tournant sur le plan politique, car c’est la première fois qu’une personnalité politique tient des propos aussi directs », même si « ce n’est pas une nouveauté sur le plan historique, puisque beaucoup d’écrits condamnant les crimes de la colonisation existent. »

Apprécié en Algérie pour ses positions pro-algériennes, l'historien français a affirmé qu’il a « sa place en France depuis quarante ans comme historien, universitaire et écrivain, ce qui prouve qu’une partie des Français sont réceptifs et sensibles à son discours, qu’il veut juste, sans haine ni rancunes ».

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