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Que contient l’« accord du siècle » de Trump ? La réponse est déjà sous nos yeux

Le plan de paix de la Maison-Blanche devrait être dévoilé dans les prochains jours. Mais pour s’en faire une idée, il suffit de regarder ce qui se passe sur le terrain depuis des années, et que l’administration Trump ne fait que consolider
« Israël a les mains bien plus libres que par le passé. Il se sent assez en confiance pour poursuivre ses politiques existantes, sachant que Trump ne se placera pas en travers du chemin » (AFP)

De plus en plus de signes indiquent que le projet de paix au Moyen-Orient de Donald Trump – présenté comme l’« accord du siècle » – est sur le point d’être dévoilé.

Même si les collaborateurs du président américain n’ont rien laissé filtrer publiquement, les contours du plan sont déjà évidents, selon des analystes.

Ces derniers constatent qu’Israël a en fait déjà commencé à mettre en œuvre cet accord – enracinant l’« apartheid » qu’il impose aux Palestiniens – tandis que Washington a passé les six derniers mois à traîner les pieds concernant la publication du document.

« Netanyahou continue simplement à resserrer sa mainmise sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est – et il sait que les Américains ne se mettront pas en travers de son chemin », a déclaré Michel Warschawski, analyste israélien et dirigeant du Centre d’information alternative de Jérusalem.

« Il aura toute latitude pour faire ce qu’il veut, qu’ils publient ce plan ou que, finalement, celui-ci ne voie jamais le jour », a-t-il déclaré à Middle East Eye.

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Eran Etzion, un ancien membre du ministère des Affaires étrangères israélien, partage cet avis : « Israël a les mains bien plus libres que par le passé. Il se sent assez en confiance pour poursuivre ses politiques existantes, sachant que Trump ne se placera pas en travers du chemin. »

Netanyahou, le « vainqueur »

Selon les dernières informations, les Américains pourraient présenter leur plan d’ici quelques jours, peu après la fin du Ramadan, le mois sacré des musulmans. 

Yossi Alpher, un ancien conseiller d’Ehud Barak pendant son mandat de Premier ministre à la fin des années 1990, a déclaré qu’il était clair que les collaborateurs de Trump « tenaient informé » Netanyahou. « Il est au courant de ce qu’il va se passer. Rien ne le surprendra », a-t-il déclaré à MEE

« [Netanyahou] peut paraître raisonnable et l’accepter – même s’il y a des choses qui ne lui plaisent pas – sachant que les Palestiniens le rejetteront et seront alors tenus responsables de son échec »

- Yossi Beilin, ancien politicien israélien

Les analystes conviennent que Netanyahou émergera comme le vainqueur de toute initiative de Trump.

Yossi Beilin, ancien politicien israélien qui fut une personnalité centrale du processus de paix d’Oslo au début des années 1990, a affirmé que Netanyahou arrangerait sans vergogne ce plan à son avantage.

« Il sait que les Palestiniens n’accepteront pas les conditions qu’on leur propose », a-t-il expliqué à MEE. « Il peut donc paraître raisonnable et l’accepter – même s’il y a des choses qui ne lui plaisent pas – sachant que les Palestiniens le rejetteront et seront alors tenus responsables de son échec. »

Alpher partage son avis. « Si le plan est rejeté, Trump affirmera avoir fait de son mieux, avoir proposé le meilleur accord à ce jour et qu’ils doivent maintenant régler le problème entre eux. »

Il a ajouté que le seul obstacle à la présentation de « l’accord du siècle » par Washington était les craintes concernant la santé déclinante d’Abbas. L’équipe de Trump pourrait préférer abandonner le plan.

Toutefois, Netanyahou en tirerait profit même ainsi, selon lui.

« Il pourrait alors continuer son œuvre des dix dernières années. Il étendra les colonies et abolira les droits des Israéliens qui s’opposent à lui. Il rapprochera Israël de l’apartheid. »

Fragments de territoire

Soucieux de gagner les faveurs de Trump, le président palestinien Mahmoud Abbas avait proposé un échange de terres, cédant 6,5 % des territoires occupés à Israël, comme l’avait signalé MEE il y a un an. C’était plus de trois fois ce que les Palestiniens avaient accepté lors de précédentes négociations de paix. 

Les Palestiniens semblent avoir perdu la bataille et se préparent aujourd’hui au pire. Abbas s’est moqué de ce plan, le qualifiant de « claque du siècle », et a affirmé qu’il ne commettrait pas d’acte de « trahison » en l’acceptant. 

Selon les responsables palestiniens, ils se verraient offrir des frontières provisoires sur des fragments de territoire comprenant la moitié des territoires occupés – soit seulement 11 % de ce qui était reconnu comme la Palestine sous le mandat britannique.

Les zones palestiniennes seraient démilitarisées et Israël contrôlerait les frontières et l’espace aérien. 

Israël et les Palestiniens n’auraient plus qu’à « négocier » le statut des colonies illégales israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et Trump soutiendrait certainement Netanyahou jusqu’au bout, selon les analystes.

On suppose largement que les Américains ont rejeté tout principe d’un droit au retour pour les réfugiés palestiniens, soit en Israël, soit dans les zones des territoires occupés dont Israël peut désormais s’emparer avec l’approbation des États-Unis.

Gaza et le Golan, des aubaines

Le déménagement de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem le mois dernier semble indiquer que l’administration Trump reconnaîtra Jérusalem dans son ensemble en tant que capitale d’Israël. Cela priverait les Palestiniens de Jérusalem-Est, longtemps supposée devenir la capitale de tout futur État palestinien.

En outre, différentes informations de ce mois-ci suggèrent que l’annonce du plan de paix pourrait coïncider avec de nouvelles mesures concernant Gaza et le plateau du Golan. Depuis plusieurs années, des rumeurs laissent entendre que Washington et Israël font pression sur le Caire pour que les Palestiniens de Gaza s’installent dans le Sinaï. Selon les médias israéliens, Washington pourrait prochainement dévoiler un programme qui rendrait plus poreuse la frontière entre Gaza et l’Égypte et permettrait aux Palestiniens de travailler et peut-être vivre dans le nord du Sinaï. 

L’objectif serait de transférer progressivement la responsabilité de l’enclave d’Israël à l’Égypte et de saper encore plus les perspectives d’un État palestinien dans la Palestine historique. 

Autre initiative favorable à Netanyahou : un ministre du gouvernement israélien a affirmé le mois dernier que l’administration Trump pourrait être prête à reconnaître la souveraineté israélienne sur le Golan. 

Le plateau a été pris par Israël à la Syrie pendant la guerre des Six Jours et a été annexé en violation du droit international en 1981.

Plus d’« occupation »

Un article du Jerusalem Post publié le mois dernier suggérait que le document de la Maison-Blanche ne contiendrait certainement pas d’engagement envers une « solution à deux États », reflétant les précédents commentaires de Trump. 

Israël aurait ainsi les mains libres pour s’emparer de zones de Cisjordanie qu’il occupe actuellement avec ses colonies en constante expansion.

On notera que le dernier rapport annuel du Département d’État américain sur la situation des droits de l’homme dans chaque pays du monde, publié en avril, abandonne pour la première fois l’expression « territoires palestiniens occupés », laissant entendre que l’équipe de Trump ne considère plus une grande partie de la Cisjordanie comme occupée. 

Netanyahou a déclaré lors d’un récent meeting de son parti, le Likoud : « Nos succès sont encore à venir. Nos politiques ne reposent pas sur la faiblesse. Elles ne reposent pas sur des concessions qui nous mettront en danger. » 

Donc compte tenu des récentes initiatives d’Israël, que pouvons-nous déduire au sujet des termes probables du plan de paix de Trump ?

1. Redécoupage de Jérusalem

Le plus sensible des problèmes concernant le statut final est Jérusalem, qui abrite la poudrière qu’est al-Aqsa, site sacré pour les musulmans. Trump semble avoir reconnu effectivement Jérusalem comme la capitale d’Israël en y déménageant l’ambassade américaine le mois dernier.

Le déménagement de l’ambassade sera certainement interprété par Netanyahou comme l’approbation rétroactive des États-Unis vis-à-vis d’une série de mesures israéliennes adoptées ces derniers mois et visant à établir un Grand Jérusalem juif.

L’idée principale réside dans deux projets de loi visant à redécouper les limites de la ville et sa population afin de créer une majorité juive irréfutable. Tous deux ont été suspendus par Netanyahou jusqu’à l’annonce du plan de paix.

Le premier – le projet de loi du Grand Jérusalem – vise à annexer plusieurs grandes colonies juives situées en Cisjordanie occupée et à proximité de la municipalité de Jérusalem. Du jour au lendemain, 150 000 colons de Cisjordanie deviendraient résidents de Jérusalem et leurs terres seraient annexées à Israël. 

Ce projet de loi doit être de nouveau examiné dimanche, ce qui montre l’impatience des membres du cabinet de Netanyahou à avancer là-dessus.   

Un autre projet de loi priverait de leur statut de résidents de Jérusalem 100 000 Palestiniens qui sont du « mauvais côté » du mur qu’Israël a commencé à construire à Jérusalem il y a quinze ans. Ces Palestiniens seraient tout bonnement bannis de Jérusalem et assignés à un conseil municipal distinct.

En outre, Israël a intensifié ses mesures répressives contre les Palestiniens résidant encore à Jérusalem-Est, notamment les arrestations de nuit, les démolitions de maisons, la fermeture de commerces, la création de « parcs nationaux » dans les quartiers palestiniens et la négation des services essentiels. L’objectif à peine voilé est d’encourager ces habitants à déménager de l’autre côté du mur.

Des spécialistes ont également remarqué que les écoles palestiniennes dans l’enceinte du mur font l’objet de pressions pour qu’elles adoptent le programme israélien afin d’éroder l’identité palestinienne des élèves. 

2. Abu Dis : capitale palestinienne ?

Avec Jérusalem capitale exclusive d’Israël, l’équipe de Trump aurait cherché un endroit alternatif pour une future « capitale » palestinienne hors des limites de la municipalité de Jérusalem, juste pour donner le change.

Selon des rumeurs, ils ont choisi la ville d’Abu Dis, située à 4 km à l’est de Jérusalem et séparée de la ville par le mur qu’Israël a construit il y a plus de dix ans.

Le plan Abu Dis n’est pas une nouveauté. À la fin des années 1990, l’administration américaine de Bill Clinton avait proposé de rebaptiser Abu Dis « al-Qods » – « la sainte » en arabe – le nom traditionnellement donné à Jérusalem en raison de ses lieux saints. Cela avait été considéré comme un prélude à sa désignation comme future capitale d’un État palestinien.

Des informations concernant l’élévation d’Abu Dis au titre de capitale dans le nouveau plan de paix circulent depuis l’an passé. En janvier, Abbas a purement et simplement rejeté cette idée. 

Le mois dernier encore, Yaïr Lapid, le leader du parti israélien de centre-droit Yesh Atid, a souligné des informations concernant le changement imminent de statut d’Abu Dis dans des remarques adressées à Netanyahou. 

Abu Dis est une ville densément peuplée qui accueille 13 000 Palestiniens. Dans les faits, il est pratiquement impossible d’imaginer comment elle pourrait œuvrer de manière significative en tant que capitale d’un État palestinien – ce qui en fait une proposition attrayante pour la majorité de la coalition de Netanyahou.

Actuellement, la majeure partie des terres d’Abu Dis sont sous contrôle israélien et la ville est encerclée par le mur et des colonies israéliennes, notamment les 40 000 habitants de Ma’aleh Adumim.

Un manifestant palestinien attaque le mur de séparation israélien avec un marteau à Abu Dis en octobre 2015 (Reuters)

Plusieurs ministres du gouvernement israélien ont fait de l’annexion de Ma’aleh Adumim par Israël une priorité. Netanyahou a reporté cette décision, prétextant une fois de plus la nécessité d’attendre l’annonce du plan de paix de Trump.

Yossi Beilin a déclaré qu’on croyait à tort qu’Abbas et lui avaient convenu d’Abu Dis comme capitale palestinienne dans les années 1990.

« Ce n’était pas une idée crédible à l’époque, et aujourd’hui, la carte a beaucoup changé », a-t-il affirmé. « La capitale palestinienne doit être à Jérusalem-Est. Rien d’autre ne marchera. »

3. Accès à al-Aqsa

Par ailleurs, on a évoqué un projet visant à créer un étroit corridor entre Abu Dis et la mosquée al-Aqsa pour que les Palestiniens puissent y aller prier.

Cependant, Israël autorise toujours plus de colons à al-Aqsa, qui, selon la croyance juive, serait bâti sur deux temples juifs détruits depuis longtemps. 

Des colons accompagnés d’agents de sécurité israéliens posent pour une photo pendant une visite à al-Aqsa (AFP)

Pendant ce temps, Israël restreint fortement l’accès au site pour la plupart des Palestiniens. Les Palestiniens redoutent depuis longtemps qu’Israël cherche à parvenir à une situation dans laquelle il pourrait imposer sa souveraineté sur la mosquée.

David Friedman, ambassadeur de Trump en Israël et bienfaiteur des colonies, n’a fait que renforcer ces craintes le mois dernier lorsqu’il a été photographié en train d’accepter apparemment une photo retouchée par des colons religieux qui montrait la mosquée al-Aqsa remplacée par un nouveau temple juif. 

4. Vallée du Jourdain

Conformément aux accords d’Oslo, environ 62 % de la Cisjordanie occupée a été classée zone C, sous contrôle israélien temporaire. Cela comprend une grande partie des meilleures terres agricoles des Palestiniens et serait le cœur de tout futur État palestinien.

Israël n’a jamais procédé aux retraits de la zone C prévus dans le processus d’Oslo. Au lieu de cela, il y a accéléré l’expansion des colonies juives illégales et a rendu la vie aussi difficile que possible aux Palestiniens pour les forcer à déménager dans les zones A et B les plus densément peuplées.

Le plan de Trump est censé offrir la reconnaissance de frontières palestiniennes provisoires sur environ la moitié de la Cisjordanie – en attribuant en réalité la majeure partie de la zone C à Israël. Une grande partie de cette terre sera dans la vallée du Jourdain, la longue colonne vertébrale de la Cisjordanie qu’Israël colonise depuis des décennies.

En décembre dernier, alors que le plan de Trump prenait forme, Israël a annoncé un vaste programme d’expansion des colonies dans la vallée du Jourdain, visant à plus que doubler la population de colons. Trois nouvelles colonies seront construites, les premières dans la vallée en près de 30 ans. 

Dans le même temps, Israël a récemment intensifié le harcèlement de la population palestinienne – qui ne cesse de décliner –dans la vallée du Jourdain ainsi que dans d’autres parties de la zone C.

En plus de priver les Palestiniens de l’accès à 85 % de la vallée, Israël a annoncé des zones de tir militaire sur près de la moitié de la zone. Cela justifie l’expulsion régulière des familles sous prétexte d’assurer leur sécurité. 

Israël a également mis au point des procédures accélérées pour raser les maisons palestiniennes dans la vallée du Jourdain. 

5. Le reste de la zone C

Israël a accéléré ses efforts pour étendre les colonies dans d’autres parties de la zone C. Le 30 mai, il a annoncé près de 2 000 nouvelles habitations, en grande majorité dans des colonies isolées dont on supposait qu’elles seraient démantelées selon tout accord de paix. 

De plus, Israël se prépare discrètement à « légaliser » ce qu’on appelle les « avant-postes » – des colonies, généralement construites sur des terres palestiniennes privées, qui violent un accord « pas de nouvelles colonies » conclu avec les États-Unis dans les années 1990.

Dans le même temps, Israël détruit les communautés palestiniennes dans la zone C, en particulier celles qui font obstacle aux efforts visant à créer une continuité territoriale entre les grandes colonies en Cisjordanie et Jérusalem.

À la fin du mois dernier, la France a contesté la décision de la Cour suprême israélienne d’approuver un plan de démolition du village bédouin de Khan al-Ahmar, à côté de Ma’aleh Adumim. Les familles sont censées être transférées dans une décharge d’Abu Dis.

La déclaration de la France prévenait que les actions israéliennes menaçaient « une zone d’importance stratégique pour la solution à deux États et la contiguïté d’un futur État palestinien ». 

À sa place, il a été récemment révélé qu’Israël envisage de construire un nouveau quartier appelé Nofei Bereishit. 

Autre signe de l’inquiétude croissante de la communauté internationale, environ 70 membres démocrates du Congrès américain ont demandé le mois dernier à Netanyahou de faire cesser la destruction de la communauté palestinienne de Susya, située entre les colonies de Goush Etzion et Jérusalem.

Les législateurs américains ont exprimé leur inquiétude quant au fait que cette initiative ait été conçue pour « compromettre les perspectives d’une solution à deux États ». 

6. Gaza et le Sinaï

Il devient de plus en plus difficile pour l’administration Trump et Israël d’ignorer la catastrophe humanitaire qui se déroule à Gaza – celle qu’Israël a contribué à planifier avec onze années de blocus et des attaques militaires intermittentes. Les Nations unies ont prévenu il ​y a quelque temps que Gaza serait bientôt « inhabitable ».

Cherchant apparemment une solution, la Maison-Blanche a accueilli dix-neuf pays lors d’une réunion en mars pour examiner la situation à Gaza. L’Autorité palestinienne a boycotté cette réunion. 

À l’époque, les médias arabes avaient rapporté que le plan de paix de Trump pourrait inclure un engagement de l’Égypte à mettre à disposition le nord du Sinaï pour un futur État palestinien.  Selon un responsable du Hamas, le Caire avait assuré qu’il était opposé à « l’installation des Palestiniens au Sinaï ». 

Cependant, un article paru dans Haaretz a ravivé les inquiétudes selon lesquelles la Maison-Blanche pourrait essayer de parvenir à une fin similaire par d’autres moyens, en lançant une initiative pour Gaza qui coïnciderait avec le plan de paix.

Le journal note que l’équipe de Trump a recueilli les propositions d’un général israélien, Yoav Mordechai, qui a participé à la réunion de la Maison-Blanche en mars. 

Une première étape verrait les Palestiniens de Gaza recrutés pour travailler sur des projets à long terme d’une valeur de 1,5 milliard de dollars dans le nord du Sinaï. Des projets financés par la communauté internationale qui comprendraient une zone industrielle, une usine de dessalement et une centrale électrique.

L’opposition égyptienne à une telle initiative serait en train de s’affaiblir, vraisemblablement face à la pression acharnée de Washington et de ses alliés arabes.

Contestation palestinienne

Les Palestiniens font de leur mieux pour essayer de mettre un terme au plan de paix. Ils boycottent actuellement l’administration Trump pour montrer leur mécontentement.

Le ministre des Affaires étrangères Riyad al-Maliki a appelé le mois dernier les États arabes à rappeler leurs ambassadeurs des États-Unis en signe de protestation. 

« La question est de savoir quelle implosion surviendra en premier : la catastrophe humanitaire sur le point d’engloutir Gaza ou le vide politique créé par le départ d’Abbas »

- Eran Etzion, ancien membre du ministère des Affaires étrangères israélien

Par ailleurs, une réunion d’urgence de l’Organisation de coopération islamique en mai a proposé qu’une force internationale de maintien de la paix, modelée sur celles envoyées en Bosnie et au Kosovo dans les années 1990, soit déployée pour protéger les Palestiniens. 

Autre signe de colère vis-à-vis de l’initiative de Trump, les Palestiniens ont défié les États-Unis en soumettant un recours à la Cour pénale internationale à La Haye pour mener une enquête sur Israël pour crimes de guerre le mois dernier.

Eran Etzion, l’ancien responsable du ministère israélien des Affaires étrangères, a toutefois averti qu’un tournant pourrait se profiler.

« Une implosion palestinienne se profile et cela pourrait changer la situation de manière inattendue », a-t-il déclaré à MEE. « La question est de savoir quelle implosion surviendra en premier : la catastrophe humanitaire sur le point d’engloutir Gaza ou le vide politique créé par le départ d’Abbas. »

Pression arabe

Néanmoins, les Palestiniens sont soumis à d’énormes pressions pour céder au plan de paix.

L’administration Trump a déjà réduit le financement de l’agence des Nations unies pour les réfugiés, l’UNRWA, qui s’occupe de plus de deux millions de réfugiés dans les territoires occupés. Elle est également prête à retirer plus de 200 millions de dollars de financement à l’Autorité palestinienne cet été.

Trump a également cherché à embrigader les États arabes pour mettre la pression sur Abbas. Le dirigeant palestinien se serait vu remettre un document de 35 pages émanant des Américains lors de sa visite en Arabie saoudite en novembre dernier, et aurait reçu l’ordre de l’accepter ou de démissionner. 

Ces dernières années, les Saoudiens ont accru leur aide à l’Autorité palestinienne, ce qui leur a donné un plus grand moyen de pression sur le dirigeant palestinien.

En échange de l’adhésion des États arabes au plan de Trump, Washington semble lancer une politique plus draconienne envers l’Iran pour limiter son influence dans la région.

Les États arabes comprennent qu’ils doivent d’abord désamorcer la question palestinienne avant de pouvoir être vus comme travaillant en étroite collaboration avec Israël et les États-Unis sur la question iranienne.

Traduit de l’anglais (original).

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