Avalanches, bandits, chutes de pierres : les routes les plus extrêmes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
Le road trip est depuis toujours un incontournable dans les histoires sur le passage à l’âge adulte et figure parmi les plus célèbres carnets de voyage du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
L’écrivain et juriste nord-africain Ibn Battuta a passé 30 ans à se laisser guider par sa curiosité, tandis que des voyageurs comme Ibn Fadlan ont fourni des détails historiques cruciaux à propos des peuples médiévaux, comme les Rus’ au nord de la mer Noire.
Ces voyageurs, et d’autres, ont emprunté des routes archaïques ou utilisé des caravanes pour parcourir de longues distances, des trajets semés d’embûches et de dangers tels la météo ou les brigands armés. Aujourd’hui, les choses sont bien plus aisées, mais cela ne signifie pas que les risques ont totalement disparu et que de nouveaux n’ont pas fait surface.
Les routes de montagne en lacet peuvent s’avérer éprouvantes pour les nerfs du voyageur le plus expérimenté, tandis que la possibilité de tomber en panne au beau milieu du désert peut être une condamnation à mort.
Middle East Eye passe en revue cinq des routes les plus difficiles de la région.
1. Route 704, Maroc
La route 704 dans les montagnes de l’Atlas au Maroc est une route inévitable, même pour les plus prudents.
C’est la seule qui traverse les célèbres gorges du Dadès, qui attirent des touristes du monde entier. Ses zigzags sont célèbres et semblent sans fin. Elle s’élève jusqu’à 2 910 mètres au-dessus du niveau de la mer en terrain montagneux, ce qui requiert une concentration et une précision maximales de la part des conducteurs.
Un œil inattentif risque de faire plonger le véhicule dans les gorges profondes qui bordent la route, un risque d’autant plus palpable que les bas-côtés sont dépourvus de barrière.
Bien évidemment, ces risques importent peu pour les casse-cous du coin, qui utilisent cette route de montagne comme circuit, se défiant les uns les autres avec les touristes dans leur sillage alors qu’ils déposent les passagers dans les hôtels.
Pour ceux qui sont assez courageux pour la tenter, la route 704 offre aux voyageurs un panorama montagneux époustouflant.
2. Route Maaser-Joub Jannine, Liban
Cette route libanaise serpente autour du mont Barouk qui culmine à 1 943 mètres au-dessus du niveau de la mer. Située près de la frontière syrienne, la route Maaser-Joub Jannine est une alternative à l’autoroute très fréquentée reliant Beyrouth à Damas.
Les voyageurs sont accueillis par une vue spectaculaire de la région en hiver, la neige tapissant les pics et vallées alentours.
Cependant, il n’est pas aisé de naviguer sur cet axe qui relie le massif du Mont-Liban à la fertile plaine de la Bekaa. Après avoir traversé le village de Maaser el-Chouf, la route s’élève sur 600 mètres en zigzags et un brouillard épais attend les conducteurs en arrivant sur les hauteurs.
Si les voies sont pittoresques, elles sont également étroites et la circulation peut y être dense. On peut souvent voir des voitures faire marche arrière afin de laisser passer les véhicules venant en sens inverse et les conducteurs peuvent rester coincés pendant des heures.
Malgré cela, de nombreux Libanais continuent d’emprunter cette route. Certains se garent même sur le bas-côté pour s’offrir une chicha et un café au milieu des montagnes enneigées.
3. Route 77 (route de Haraz), Iran
La route 77, également appelée route de Haraz, est une route de montagne qui relie la capitale iranienne Téhéran à la ville de Mahmudabad sur la côte méridionale de la mer Caspienne.
Cet axe routier de haute altitude est essentiel, c’est le chemin le plus court pour les gens qui veulent rejoindre la côte nord depuis Téhéran, côte protégée par l’intimidant massif montagneux de l’Elbourz qui abrite le plus grand volcan d’Asie : le mont Damavand.
À 2 701 mètres au-dessus du niveau de la mer à son point culminant, la route 77 perce ce magnifique massif montagneux, ce qui en fait un point d’accès majeur pour quiconque veut randonner ou avoir une meilleure vue du mont Damavand.
Mais ses nombreux tunnels ont déstabilisé le terrain avoisinant et des chutes de pierres, voire des avalanches, sont possibles. Ceux qui sont assez chanceux pour échapper aux pierres peuvent se retrouver coincés dans les bouchons pendant des heures, voire des jours pendant que les débris sont déblayés.
Les embouteillages sont également un problème lors des jours fériés et des week-ends. En réaction, les autorités iraniennes transforment parfois cet axe majeur en route à sens unique pendant plusieurs heures, laissant les gens attendre dans le froid de la montagne jusqu’à ce que le trafic se fluidifie.
Ces risques n’empêchent pas la route 77 d’être l’un des axes majeurs d’Iran, et ceux qui sont suffisamment patients sont récompensés par un paysage spectaculaire de l’Asie de l’Ouest sur leur trajet.
4. D915, route Bayburt-Of, Turquie
Cette route de Turquie se fond modestement dans le paysage, avec ses larges voies recouvertes d’asphalte, mais la D915 a le titre de route la plus dangereuse du monde, battant même la « route de la mort » en Bolivie selon certains.
À mi-chemin, la route se rétrécit énormément et devient une piste poussiéreuse. Ce n’est pas si inhabituel, si on fait abstraction du fait que la D915 a surtout été construite à flanc de falaise et qu’aucune barrière ne protège ceux qui ont le courage de s’y aventurer.
La neige ou le brouillard recouvrent fréquemment cette route, ce qui rend le trajet ardu même pour les conducteurs les plus prudents. Par temps clair, certaines sections peuvent prendre plusieurs heures, en particulier dans les virages de Derebasi, treize virages qui s’enchaînent et s’élèvent jusqu’à environ 2 035 mètres d’altitude.
Malgré les risques, les courageux habitants l’empruntent quand même car cet axe est essentiel pour relier la ville anatolienne de Bayburt à la région de la mer Noire.
La route Bayburt-Of est devenue populaire auprès des touristes en quête de sensations fortes ces dernières années.
5. Route transsaharienne, Algérie-Nigeria
La route transsaharienne est une route internationale de 4 500 kilomètres de long qui traverse l’Algérie, le Niger et le Nigeria, et environ la moitié traverse le désert du Sahara.
Le climat désertique présente deux défis uniques pour les automobilistes : l’extrême chaleur le jour et les tempêtes de sablefréquentes, qui peuvent gêner la visibilité et entraîner un risque de confusion. En conséquence, beaucoup choisissent de l’emprunter de nuit, mais c’est aussi risqué : la route est très peu éclairée et en cas de panne dans l’obscurité, les voyageurs se retrouvent coincés dans un immense désert.
Pour ceux qui ne sont pas rebutés par le risque d’être coincés dans le désert, sachez que le banditisme est fréquent dans certains endroits. La route est goudronnée à 80 %, le reste, principalement au Niger, est une piste poussiéreuse.
Comme les autres routes présentées ici, les conditions extrêmes sur cet axe ne dissuadent pas les commerçants du coin et les touristes de l’emprunter.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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