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Algérie : société civile et partis politiques condamnent l’accord entre Israël et les Émirats arabes unis

« Trahison » : voilà l’élément de langage qui revient le plus dans les réactions en Algérie alors que les officiels n’ont pas encore réagi
Un manifestant palestinien couvert du drapeau algérien, lors d’affrontements avec les forces israéliennes, le 12 février 2016 en Cisjordanie occupée (AFP)
Un manifestant palestinien couvert du drapeau algérien, lors d’affrontements avec les forces israéliennes, le 12 février 2016 en Cisjordanie occupée (AFP)
Par MEE

Alors que les autorités algériennes ne se sont pas encore officiellement exprimées, peut-être dans l’attente d’une position plus consensuelle de la Ligue arabe, plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont condamné l’accord de normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU) annoncé jeudi.

C’est le cas par exemple du Parti de la liberté et de la justice (PLJ, conservateur) qui évoque un « nouveau coup de poing dans le corps de la nation arabe » et une « trahison » de la cause palestinienne, selon un communiqué publié sur sa page Facebook.

Caricature du célèbre Dilem dans le quotidien algérien Liberté (capture d’écran)
Caricature du célèbre Dilem dans le quotidien algérien Liberté (capture d’écran)

Pour l’ex-parti unique, le Front de libération national (FLN), qui reprend les mêmes termes de « trahison » et de « coup de poignard dans le dos » des Palestiniens, « lier cet accord sinistre au succès illusoire du report du plan d’annexion de certaines terres palestiniennes ne convaincra personne et ne justifiera pas cette honteuse position que l’histoire retiendra à jamais en tant qu’affront ».

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP, tendance Frères musulmans) a aussi publié un communiqué sur sa page Facebook : cet accord « révèle une ancienne approche des dirigeants de ce pays [Émirats arabes unis], une décision qui soutient l’arrogance et l’injustice de l’occupant israélien », est-il écrit. 

« Diviser et affaiblir davantage les rangs arabes »

Le MSP, par la voix de son président Abderrezak Makri, a exigé une réunion d’urgence de la Ligue arabe et du Parlement arabe pour « s’opposer collectivement à cette normalisation […] mais aussi aux politiques des dirigeants des Émirats arabes unis qui menacent l’intégrité et la stabilité du monde arabe ».

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Le parti Talaie El Hourriyet (Avant-garde des libertés, opposition) estime pour sa part que « l’accord dont il est question, contribuera sans aucun doute à diviser et affaiblir davantage les rangs arabes face à une entité sioniste déterminée à ignorer et à piétiner les droits fondamentaux du peuple palestinien, les efforts de la communauté internationale et le plan de paix arabe qui perd ainsi, une nouvelle fois, sa raison d’être ».

De son côté, l’Association des oulémas algériens (fondée dans les années 1930) a fustigé cet accord, expliquant que la « normalisation est un péché » et qu’il serait « illicite de concéder un iota du territoire historique de la Palestine ». « Al-Qods est la sœur de La Mecque et de Médine, celui qui l’a trahie les a trahies et n’a aucune excuse, comme l’avait enseigné Ben Badis [fondateur des oulémas algériens] », lit-on dans ce communiqué.

Par ailleurs, des universitaires de la faculté de Constantine (Est) ont lancé cette semaine l’initiative « Support Palestine », avec comme slogan « La normalisation est une trahison et se taire est une manière de l’approuver ». Les universitaires appellent la société civile à se joindre à cette initiative en signant l’appel publié sur les réseaux sociaux. 

Appel à la normalisation

Ces déclarations interviennent alors qu’une polémique a enflammé les réseaux sociaux après un article signé par la directrice du quotidien El Fadjr, Hadda Hazem, repris dans la presse égyptienne, qui appelle les autorités algériennes à normaliser leurs relations avec Israël.

L’éditorialiste y critique aussi l’« hypocrisie » du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui selon elle, jouerait double jeu en s’opposant à l’accord alors que son pays serait  « l’un des plus importants amis d’Israël dans la région ».

« Je crois que l’Algérie devrait reconsidérer certains de ses principes et qu’on devrait établir nos relations avec les autres peuples et pays selon nos propres intérêts, parce que nous ne pouvons pas être plus Palestiniens que les Palestiniens. Nous ne devons offrir à la cause palestinienne que ce que nous demandent les Palestiniens », a-t-elle conclu.

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