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Normalisation avec Israël : conflit latent entre le prince héritier saoudien et le roi

Mohammed ben Salmane « souhaite conclure un accord avec Israël mais considère que c’est impossible tant que son père reste en vie », selon ses conseillers
Le roi saoudien Salmane ben Abdelaziz et son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane (AFP)
Le roi saoudien Salmane ben Abdelaziz et son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane (AFP)
Par MEE

Rien ne va plus entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) et son père le roi.

Selon plusieurs médias, dont le Wall Street Journal, le palais royal saoudien serait divisé sur la question de la normalisation avec Israël, après les accords conclus avec les Émirats arabes unis et Bahreïn.

MBS serait sur la ligne de son mentor émirati Mohammed ben Zayed (MBZ) pour aller vers une normalisation avec Israël incluant une coopération économique et la consolidation d’un front anti-Iran.

Pressions sur les médias saoudiens

Deux proches conseillers de MBS confient ainsi au Wall Street Journal que le prince héritier « souhaite conclure un accord avec Israël mais considère que c’est impossible tant que son père reste en vie ».

Le journal a eu accès à des messages envoyés aux rédacteurs en chef de plusieurs quotidiens saoudiens leur demandant de défendre la normalisation avec Israël comme « historique et honorable ».

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« [Le prince héritier] a tâté le terrain et préparé les Saoudiens à ce qui va arriver une fois qu’il deviendra roi », assure un des conseillers au Wall Street Journal.

Le 2 septembre, l’Arabie saoudite avait autorisé le passage dans son espace aérien des avions « en direction des Émirats arabes unis et en provenance de tous les pays », deux jours après le premier vol commercial direct entre Israël et les Émirats.

Le directeur du Mossad Yossi Cohen avait alors déclaré à un média israélien que « l’Arabie saoudite pourrait elle aussi normaliser avec Israël ».

Proche du gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, et « obligé » du président américain, le prince héritier saoudien n’avait pas souhaité prévenir son père en amont de l’accord entre Israël et les EAU « craignant son opposition, qui aurait empêché les EAU d’établir des liens avec Israël », ajoute le journal.

La même source indique que, selon de hauts responsables saoudiens, l’annonce publique de ces accords le 13 août « a grandement surpris le roi âgé de 84 ans, contrairement à son fils, informé du projet ».

Le roi a ensuite exigé de son ministre des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, de faire une déclaration publique, le 19 août, dans laquelle le royaume juge « nécessaire de parvenir à une paix entre les Palestiniens et Israël » sur la base des accords et résolutions internationaux avant une normalisation entre Riyad et Israël.

Le roi dans une position délicate

« Une fois que cela se réalisera, tout sera possible », a prévenu le prince Fayçal lors d’une conférence de presse à Berlin réitérant la position saoudienne à ce sujet.

Le 6 septembre, c’est le roi Salmane qui avait pris la parole en insistant sur « le désir du royaume de parvenir à une solution durable et juste pour la cause palestinienne pour atteindre la paix ».

En 2002, l’Arabie saoudite était à l’origine d’un plan de paix arabe qui prévoit le retour d’Israël aux frontières de 1967 et la création d’un État palestinien contre la reconnaissance d’Israël par les pays arabes. Il semble, selon le Wall Street Journal, que le roi saoudien reste sur cette position au grand dam de son fils.

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Trump s’est vanté d’avoir « sauvé la peau » du prince héritier d’Arabie saoudite, accusé par le Congrès américain d’être responsable de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

« J’ai réussi à faire en sorte que le Congrès le laisse tranquille. J’ai réussi à les stopper », a expliqué Trump au célèbre journaliste d’investigation Bob Woodward dans le livre de ce dernier, Fear: Trump in the White House.

Mais la position du roi reste délicate : le prince héritier est soutenu par un allié de taille, le président Trump. Le dernier épisode de l’accointance entre le président américain et MBS est la publication de cet échange entre Trump et Woodward.

De son côté, l’autre allié de MBS, Jared Kushner, avait déclaré aux journalistes, le 17 août, qu’un processus de normalisation entre le royaume saoudien et Israël « serait très bon pour les affaires saoudiennes ». « Ce serait très bon pour la défense saoudienne et, pour être honnête, je pense que cela aiderait aussi les Palestiniens », avait-il souligné.

« Et quand on pense à ceux qui ne souhaitent pas un accord de paix entre l’Arabie saoudite et Israël, on pense surtout à l’Iran. Ce qui montre que c’est probablement la bonne chose à faire », a poursuivi l’ami de MBS.

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