Arabie saoudite : un éminent religieux « battu et torturé à mort en détention »
Musa al-Qarni, universitaire et religieux dissident saoudien, est mort à la suite des passages à tabac et tortures dont il a été vistime en détention, a annoncé mardi une organisation de défense des droits de l’homme.
Le sexagénaire est décédé le 12 octobre ; sa santé s’était détériorée pendant qu’il purgeait sa peine de quinze ans d’emprisonnement.
Selon ALQST, une ONG indépendante qui défend les droits de l’homme en Arabie saoudite, Qarni a été frappé à la tête et au visage avec des objets tranchants, provoquant de nombreuses blessures, notamment des fractures du crâne qui ont fini par entraîner sa mort.
Ce rapport cite des témoins qui ont vu Qarni être battu lors de sa détention.
« Nous demandons une enquête indépendante sur ce crime, à la fois pour garantir que ses auteurs soient punis et pour éviter à d’autres prisonniers d’opinion de subir à leur tour cette tragédie », indique l’organisation.
Selon ALQST, Qarni avait subi un infarctus en mai 2008, lorsque le personnel pénitentiaire lui avait administré un mauvais médicament, et il avait été transféré dans un hôpital psychiatrique afin de faire croire qu’il était atteint de troubles mentaux.
Qarni avait été arrêté en 2007 et condamné à quinze ans de prison en 2011 à l’occasion d’un procès contre les « réformateurs de Djeddah ».
Les réformateurs de Djeddah sont un groupe d’activistes pour les droits de l’homme arrêtés en février 2007, accusés de tenter de mettre sur pied une organisation opposée au gouvernement saoudien.
En janvier 2012, une remise en liberté ou une grâce royale a été accordée aux accusés. La grâce royale était accordée à la condition de signer une lettre d’excuse et de gratitude. Cependant, six des activistes ont refusé de signer.
Les procureurs réclamaient l’exécution de plusieurs réformateurs de Djeddah.
L’Arabie saoudite figure parmi les auteurs des pires atteintes aux droits de l’homme au monde selon la Human Rights Measurement Initiative et continue d’enfermer les défenseurs des droits de l’homme, de réprimer l’activisme pacifique et d’appliquer la peine de mort.
C’est l’un des derniers pays au monde à mettre à mort par décapitation, notamment en cas d’homosexualité et de crimes liés à la drogue.
Depuis qu’il est prince héritier, Mohammed ben Salmane a tenté de changer l’image internationale de ce royaume ultraconservateur. Mais dans le même temps, il a intensifié la répression sur les activistes des droits humains et les dissidents politiques.
Parmi ceux pris dans la répression figurent des intellectuels sunnites réformateurs tels que Salman al-Ouda, Ali al-Omari et Awad al-Qarni ainsi que le prince Ahmed ben Abdelaziz, l’oncle du prince héritier.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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