Accusé de lobbying pour les Émiratis, l’associé de Trump Tom Barrack arrêté
Un investisseur dans l’immobilier et ami proche de l’ancien président américain Donald Trump a été arrêté et inculpé pour infraction aux lois sur le lobbying étranger, obstruction à la justice et fausses déclarations.
Sept chefs d’inculpation ont été retenus contre Thomas Barrack, accusé de s’être servi de son accès à Trump pour promouvoir les objectifs de politique étrangère des Émirats arabes unis (EAU), comme l’avait révélé Middle East Eye en 2018.
L’acte d’accusation indique que le septuagénaire a trompé de manière répétée les agents fédéraux quant à ses activités lors d’un entretien en juin 2019.
Tom Barrack, dont les sociétés immobilières et d’investissement sont très actives au Moyen-Orient, a été arrêté à la suite d’une enquête de plusieurs années sur ses liens avec les EAU, a annoncé mardi le département de la Justice.
L’acte d’inculpation, établi par le bureau du procureur de Brooklyn et dévoilé mardi, stipule que Barrack et deux autres individus agissaient et conspiraient en vue d’agir comme des agents des Émirats entre avril 2016 et avril 2018.
Les accusations couvrent le travail effectué lors de la campagne de Trump, son arrivée à la présidence et les premiers temps de son administration.
L’enquête a été lancée sur les relations de Barrack avec des lobbyistes émiratis non déclarés en 2019, époque où le FBI s’est entretenu avec Barrack pour l’interroger sur ces allégations.
Selon l’acte d’accusation, Barrack, qui ne s’est jamais déclaré auprès du gouvernement américain en tant qu’agent des Émirats arabes unis, a menti aux agents du FBI à propos de ses liens avec cette nation riche en pétrole à l’époque.
« Les discours de Trump soumis aux EAU »
En vertu de la loi américaine, toute personne ou entité qui cherche à influencer une politique ou opinion américaine en faveur d’un gouvernement ou d’une entité étrangère doit révéler ses activités au département de la justice.
Les procureurs fédéraux indiquent que Barrack, qui est d’origine libanaise et parle arabe, a joué sur son accès à Trump, à d’autres hauts responsables du gouvernement et à des journalistes américains pour « promouvoir les objectifs politiques d’un gouvernement étranger sans révéler leurs véritables alliances ».
Le New York Times avait signalé en juillet 2019 que les procureurs fédéraux enquêtaient sur les liens de Barrack et d’autres associés de Trump avec des acteurs étrangers cherchant à influencer la Maison-Blanche.
Entre la nomination de Trump et la fin juin, Colony Capital, la société d’investissement immobilier et privé de Barrack, a reçu environ 1,5 milliard de dollars de la part de l’Arabie saoudite et des EAU
Selon le quotidien, des archives mails datant de 2016 entre Barrack et Paul Manafort, qui était également le directeur de campagne de Trump, suggéraient que l’équipe Trump avait repris des éléments de langage venant de contacts au Moyen-Orient dans un discours sur la politique énergétique, notamment de Rachid al-Malik Alshahhi, homme d’affaires émirati proche des dirigeants des EAU.
Alshahhi et Matthew Grimes, un ancien employé de Barrack, ont également été inculpés mardi.
Selon l’acte d’accusation, Barack « a inséré des éléments de langage positifs pour les EAU » dans l’un des discours de campagne de Trump concernant la politique énergétique américaine en 2016, puis « envoyé par mail une ébauche du discours à Alshahhi pour qu’il soit remis à d’importants responsables émiratis ».
Le nom d’Alshahhi avait déjà fait surface en lien avec une enquête fédérale sur d’éventuels dons illégaux au fonds d’investiture de Trump et à un Super PAC (comité d’action politique chargé de récolter l’argent des groupes de lobbying) pro-Trump par des donateurs moyen-orientaux en 2018. À cette époque, il avait été interrogé par des membres de l’équipe du conseil spécial Robert Mueller dans le cadre de l’enquête.
Les mails entre Barrack et Manafort à propos du discours sur l’énergie figurent parmi les échanges sur lesquels les procureurs auraient enquêté dans le cadre de l’enquête sur l’influence étrangère au sein de la campagne et de l’administration Trump.
Entre la nomination de Trump et la fin juin, Colony Capital, la société d’investissement immobilier et privé de Barrack, a reçu environ 1,5 milliard de dollars de la part de l’Arabie saoudite et des EAU via des investissements ou d’autres transactions, a signalé le Times.
Cela comprenait 474 millions de dollars d’investissements de la part des fonds souverains saoudien et émirati, sur les 7 milliards de dollars que Colony Capital a levé en investissements dans le monde entier.
Barrack réfute toutes les allégations, affirmant qu’il n’avait reçu aucune incitation pour faire du lobbying pour le compte d’un pays particulier ou des pays du Golfe.
Dernier en date des associés de Trump poursuivi pénalement, Barrack rejoint l’ancien directeur de campagne de Trump, le responsable financier de sa société, l’ancien avocat de la Trump Organization, son ancien stratège à la Maison-Blanche et son ancien conseiller à la sécurité nationale.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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