EN IMAGES : Boycott et manifestations contre la France dans les pays arabes et musulmans
Les manifestations contre la France et son boycott se propagent dans plusieurs pays du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Asie, en réaction aux récentes remarques du président Emmanuel Macron sur l’islam et son soutien à la parution de caricatures du prophète Mohammed dans des publications satiriques.
Plus tôt ce mois-ci, Macron a déclaré que l’islam était une religion « en crise à travers le monde aujourd’hui » et s’est engagé à combattre le « séparatisme islamiste » qui est, selon lui, une menace pour certaines communautés musulmanes en France. Il soutient également le « droit » de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo de publier des caricatures du prophète.
Dans la capitale jordanienne, Amman, on a pu voir plusieurs supermarchés retirer les produits français de leurs rayons, tandis que les appels au boycott se multiplient dans le monde arabe et au-delà (Khalil Mazwari/AFP).
Lundi, le ministère des Affaires étrangères jordanien a rencontré l’ambassadeur français pour exprimer son « vif mécontentement » vis-à-vis de la publication de caricatures du prophète Mohammed.
Au Koweït, les gondoles de produits appartenant à des marques françaises telles que L’Oréal et Garnier ont été vidées et retirées (Ahmed Hagagy/Reuters).
L’ONG Union of Consumer Co-operative Societies, qui représente plus de 70 établissements koweïtiens, a lancé la consigne du boycott en réaction aux « insultes répétées » contre le prophète.
Le ministre des Affaires étrangères du Koweït, le cheikh Ahmed al-Nasser al-Sabah, a rencontré l’ambassadeur français au Koweït dimanche. De nombreux gouvernements de la région ont également convoqué les ambassadeurs français pour s’entretenir avec eux.
Sabah a condamné la décapitation du professeur Samuel Paty le 16 octobre, qui a été tué près du collège où il enseignait dans une banlieue de Paris après avoir montré des caricatures du prophète Mohammed pendant un cours sur la liberté d’expression. Le dirigeant koweïtien a également souligné la nécessité d’éviter d’insulter une religion par des remarques politiques et officielles qui « enflamment la haine, l’inimitié et le racisme ».
Les articles français ont également été retirés de nombreux supermarchés yéménites, tandis que les magasins de Sanaa ont rejoint le boycott (Muhammad Huwais/AFP).
En réaction, le président français a tweeté : « Nous continuerons. Nous respectons toutes les différences dans un esprit de paix. Nous n’acceptons jamais les discours de haine et défendons le débat raisonnable. Nous continuerons. Nous nous tiendrons toujours du côté de la dignité humaine et des valeurs universelles. »
Des manifestations ont eu lieu en Palestine, notamment dans la bande de Gaza assiégée.
À l’extérieur de l’antenne gazaouie de l’Institut français, des affiches sur lesquels on peut lire « Quiconque sauf le prophète » et « le prophète Mohammed a établi la coexistence » ont été accrochées au mur (Mohammed Abed/AFP).
Samedi, le Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, s’en est pris à la France, qui encourage selon lui la publication de caricatures « insultantes ».
« Les encouragements de Macron à publier des caricatures insultantes du prophète, que la paix soit avec lui, sont une tentative de faire revivre les croisades », estime un porte-parole du groupe.
Ailleurs en Palestine, une caricature de Macron, le représentant en chien avec en légende « les nuages ne sont pas blessés par les aboiements des chiens », a été accrochée sur un bâtiment de la ville de Naplouse en Cisjordanie occupée (Mohamad Torokman/Reuters).
Des citoyens palestiniens d’Israël se sont joints au mouvement, plusieurs manifestants ont brandi des posters près de l’ambassade française à Tel Aviv (Jack Guez/AFP).
À Bagdad également, on a vu des manifestations devant l’ambassade française, des drapeaux et des photos de Macron ont été brûlés (Ahmad Al-Rubaye/AFP).
Le Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi a rencontré le président français à Paris il y a un peu plus d’une semaine, dans le cadre d’une tournée européenne pour discuter de l’économie, de la sécurité et de la santé en Irak.
En Libye, des photos photoshopées de Macron à côté du commandant Khalifa Haftar ont été incendiées à Tripoli (Mahmud Turkia/AFP).
La France est accusée de « jouer sur les deux tableaux » en Libye, s’engageant auprès du gouvernement reconnu par la communauté internationale du Premier ministre Fayez al-Sarraj tout en cultivant des relations fortes avec Haftar, qui a tenté de prendre la capitale avec son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL).
Dans le gouvernorat syrien d’Idleb, une image barrée de Macron a été placée à l’entrée d’un restaurant de street-food, piétinée par les dizaines de personnes qui entrent et sortent (Omar Haj Kadour/AFP).
Les enquêteurs français indiquent que Abdoullah Anzorov, le suspect de 18 ans abattu par la police pour le meurtre de Paty, était en communication avec deux membres d’un groupe islamiste armé en Syrie. Cependant, les autorités ont ajouté qu’aucune preuve ne suggérait que l’attaque avait été commanditée de l’étranger.
Des manifestations ont eu lieu à Istanbul mardi, au lendemain de l’appel du président turc Recep Tayyip Erdoğan à ne « jamais » acheter de produits français (Adam Altan/AFP).
« Tout comme en France certains disent n’achetez pas les marques turques, je m’adresse d’ici à ma nation : surtout ne prêtez pas attention aux marques françaises, ne les achetez pas », a déclaré Erdoğan lundi.
La France et le 10e plus gros importateur en Turquie et le 7e plus gros marché pour les exportations turques selon l’Institut statistique de Turquie.
En dehors du Moyen-Orient, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes au Pakistan, notamment à Peshawar, Lahore et Rawalpindi.
À Karachi, les manifestants ont brûlé une effigie de Macron en brandissant des pancartes appelant au boycott et exprimant leur amour du prophète Mohammed (Asif Hassan/AFP).
Plus tôt cette semaine, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a accusé Macron d’« attaquer l’islam » et a écrit une lettre appelant le PDG de Facebook Mark Zuckerberg à interdire tout contenu islamophobe.
De grandes manifestations ont également eu lieu dans la capitale du Bangladesh, Dacca, auxquelles auraient participé 40 000 personnes selon la police (Munir Uz Zaman/AFP)
Des centaines des policiers armés ont utilisé une barricade de barbelés pour stopper les manifestants, qui se sont dispersés dans le calme avant de pouvoir approcher l’ambassade française.
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