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Financement libyen de la campagne présidentielle de Sarkozy : un milliardaire saoudien tente d’être reconnu victime

Khalid Bugshan assure n’avoir découvert la teneur du virement incriminé qu’au moment de sa garde à vue en 2015
Le président français Nicolas Sarkozy accueille le guide libyen Mouammar Kadhafi au Palais de l’Élysée, le 10 décembre 2007 (AFP)
Le président français Nicolas Sarkozy accueille le guide libyen Mouammar Kadhafi au Palais de l’Élysée, le 10 décembre 2007 (AFP)
Par AFP

Un milliardaire saoudien poursuivi en France dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy a porté plainte à Paris pour tenter d’être reconnu comme victime plutôt que suspect, a appris l’AFP mercredi.

Notamment inculpé de « complicité de corruption », Khalid Ali Bughsan, 61 ans, l’une des principales fortunes d’Arabie saoudite, se voit reprocher d’avoir, en février 2008, versé 500 000 euros via un de ses hommes de confiance, Wahib Nacer, à un avocat malaisien qui avait transféré une somme équivalente à la même époque à Claude Guéant, le bras droit de Nicolas Sarkozy. 

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Les enquêteurs soupçonnent que l’argent provienne de fonds libyens, via les hommes d’affaires Alexandre Djouhri et Khalid Bugshan, et que ce volet soit lié aux soupçons sur le financement de la campagne présidentielle un an plus tôt.

Claude Guéant explique quant à lui ce versement par la vente de deux tableaux, surévalués selon certains experts.

Khalid Bugshan, qui assure ne pas connaître Claude Guéant ni l’avocat malaisien, affirme qu’il « a signé, possiblement à la demande de Wahib Nacer, un ordre de virement pour lequel il n’était informé en rien des tenants et des aboutissants ultérieurs » et qu’il est donc la victime et non le corrupteur, selon sa plainte consultée par l’AFP.

Ce milliardaire assure n’avoir découvert la teneur de ce virement qu’au moment de sa garde à vue et de sa mise en examen (inculpation) en mars 2015.

« Vol en bande organisée »

Interdit de quitter la France jusqu’en juillet 2018, Khalid Bugshan ne défère plus aux convocations depuis son retour en Arabie saoudite, faisant planer sur lui la menace d’un éventuel mandat d’arrêt, a raconté une source proche du dossier.

Le milliardaire saoudien a déposé le 3 mai une plainte avec constitution de partie civile pour « vol en bande organisée » : ce choix procédural permet de réclamer la désignation directe d’un juge d’instruction, de contourner le verrou du parquet et d’échapper à une éventuelle prescription.

Or, les faits dénoncés recouvrent précisément, mais avec une interprétation différente, ceux qui valent à ce milliardaire ses mises en examen dans l’enquête en cours, une stratégie de défense qui crée donc des difficultés procédurales.

Ahmed Bugshan, son cousin, également poursuivi dans ce dossier, s’estimait lui aussi victime d’opérations effectuées à son insu sur ses comptes. Plutôt que de porter plainte, il a demandé aux juges de lui retirer son statut de mis en examen, une requête qui a été rejetée.

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