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En Normandie, Omar ben Laden peint les montagnes afghanes de son enfance

Il y aurait pour ses toiles « une demande mondiale ». Loin des camps d’entraînement d’al-Qaïda, le quatrième fils d’Oussama ben Laden a choisi la Normandie pour se consacrer à l’art, « loin de la guerre »
Omar ben Laden a grandi avec son père, dans les camps d’entraînement de l’organisation, avant de décider, en 2001, de suivre sa propre voie (capture d’écran)
Omar ben Laden a grandi avec son père, dans les camps d’entraînement de l’organisation, avant de décider, en 2001, de suivre sa propre voie (capture d’écran)
Par MEE

Un visage poupon, une barbe poivre et sel, la voix basse et douce… Cet homme de 39 ans, que les caméras de l’émission « C à vous », sur France 5, ont filmé le 8 février dans sa maison en Normandie, revient de loin.

Des montagnes Tora Bora en Afghanistan, exactement. Il signe ses toiles OBL. O comme Omar. BL comme… Ben Laden.

Le quatrième fils de l’ex-chef d’al-Qaïda, cerveau des attentats du 11 septembre 2001, a en effet grandi avec son père, dans les camps d’entraînement de l’organisation, avant de décider, en 2001, de suivre sa propre voie.

« J’ai commencé à réaliser que j’étais dans une grande prison », raconte-t-il à « C à vous ». « Je voulais me marier, vivre une vie normale, loin de la guerre. »

C’est donc à Domfront dans l’Orne que ce passionné d’art s’est installé avec sa compagne. Pascal Martin, de la galerie Arielle Brocante qui expose ses peintures, assure « qu’il y a une demande mondiale » pour les œuvres d’OBL.

Interpellé par le journaliste de France 5 qui, devant une toile de montagnes rouges, commente « On dirait qu’elles saignent », le peintre répond : « Tellement de gens ont été tués dans ces montagnes, des innocents, des combattants, des enfants, des femmes, c’est injuste. »

Après avoir appris la mort d’Oussama ben Laden, tué le 2 mai 2011 à Abbottabad au Pakistan, par un commando américain dans une opération ordonnée par Barack Obama, il avait dénoncé au New York Times « l’exécution arbitraire » de son père, regrettant qu’il n’ait pas été jugé.

« L’exécution arbitraire n’est pas une solution aux problèmes politiques », avait-il écrit dans un communiqué, remettant en question « la décence d’un tel assassinat où […] le droit international a été ouvertement violé ».

Des mémoires publiés en 2010

Il avait à l’époque précisé avoir toujours été « en désaccord avec son père et la violence quelle qu’elle soit » et avoir toujours « exhorté » le leader d’al-Qaïda à « changer ».

En 2010, Omar ben Laden a publié ses mémoires, aux éditions Denoël, dans lesquels il raconte notamment que si en Occident, l’évocation de son père suscite souvent « des réactions négatives », en Arabie saoudite, elle renvoie à « un homme intelligent et travailleur qui a contribué à construire le pays ».

En mars 2021, Omar ben Laden a accordé un entretien au magazine de société Vice. On y apprend par exemple que lorsqu’il déprime, il aime regarder Impitoyable, le film de Clint Eastwood, ou peindre des paysages, des scènes désertiques du Nil à la lumière de la lune ou de l’Ouest américain. Un penchant artistique qu’il reconnaît « tenir de sa mère ».

« Je crois que pour mon père, l’art n’était pas quelque chose d’important pour la société », confie-t-il dans le reportage de « C à vous ».

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