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Israël conditionne la reconnaissance d’un Sahara occidental marocain au Forum du Néguev

La décision israélienne intervient alors qu’une opération militaire majeure, largement condamnée par les États arabes, est menée en Cisjordanie occupée
Le roi du Maroc, Mohammed VI, à Rabat, le 17 novembre 2018 (AFP)
Le roi du Maroc, Mohammed VI, à Rabat, le 17 novembre 2018 (AFP)
Par MEE

Israël a conditionné sa décision de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental contesté à la convocation cette année par Rabat du Forum du Néguev, sommet des pays signataire des accords d’Abraham.

Cet ultimatum intervient après que le Maroc a annulé l’événement en signe de protestation contre la campagne militaire d’Israël en Cisjordanie occupée et l’expansion illégale des colonies.

Le Maroc a annulé le forum le mois dernier en raison de ce que le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a qualifié d’« actes provocateurs et unilatéraux » d’Israël qui « sapent les efforts de paix dans la région ».

Dans l’annonce, il a critiqué un raid de l’armée israélienne sur Jénine où un hélicoptère Apache a été déployé. L’attaque a tué au moins 10 Palestiniens et en a blessé plus de 90.

En réponse, quatre colons israéliens ont été tués dans une fusillade dans la colonie d’Eli (nord).

Reporté en mars puis en juin

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a étendu la construction de colonies illégales dans la ville dans un geste que le gouvernement israélien a qualifié de « réponse à la fusillade ».

Cette décision a porté à 5 700 le nombre total de colonies qu’Israël a récemment approuvées. Depuis l’arrivée au pouvoir de Netanyahou l’année dernière, Israël a avancé ou approuvé des permis pour 13 000 nouveaux logements, le nombre le plus élevé jamais enregistré depuis 2012.

Israël envisage de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental
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Les tensions en Cisjordanie occupée n’ont fait que s’aggraver depuis. Lundi, Israël a lancé une attaque militaire à grande échelle contre Jénine.

De violents combats ont été signalés entre les combattants palestiniens et les troupes israéliennes. Lundi soir, l’armée israélienne a pris d’assaut la mosquée Al-Ansar de Jénine, affirmant que des hommes armés y étaient retranchés.

Israël fait face à une condamnation internationale pour l’attaque. Les États arabes en particulier ont critiqué l’offensive. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a qualifié l’attaque d’« usage excessif et aveugle de la force » et de « violation flagrante » du droit international.

Le plus haut diplomate égyptien, ainsi que ceux d’Israël, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc et des États-Unis, ont assisté au premier sommet du Néguev en Israël l’année dernière.

Le Maroc devait accueillir l’événement cette année et les pays ont tenu une série de réunions pour planifier le sommet. Le sommet a d’abord été reporté en mars dans un contexte de tensions accrues en Cisjordanie occupée alors que se chevauchaient la Pâque juive, Pâques et le Ramadan.

Le site d’informations américain Axios a rapporté le 14 juin que le Maroc avait demandé un nouveau report du sommet en raison de la fête de l’Aïd al-Adha. Le sommet devait se tenir en juillet.

Les Émirats arabes unis, le Maroc et Bahreïn ont établi des relations officielles avec Israël en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham négociés par les États-Unis.

Israël courtise Rabat

L’objectif du sommet est de cimenter la normalisation en renforçant la coordination entre les pays sur des questions telles que la sécurité, l’énergie, le tourisme, l’éducation et la sécurité de l’eau.

Cette décision a rompu avec des décennies de précédents dans le monde arabe qui soutenaient que les pays ne reconnaîtraient pas officiellement Israël jusqu’à ce qu’une résolution menant à un État palestinien soit obtenue.

Le chef de la diplomatie israélienne au Maroc a déclaré que le pays envisageait de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contesté

Le Maroc a rapidement élargi ses liens avec Israël, qui existaient officieusement depuis des décennies. En juin, le chef de la diplomatie israélienne au Maroc a déclaré que le pays envisageait de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contesté.

Le Maroc a annexé le territoire après le retrait de l’Espagne de son ancienne colonie en 1975.

Il est engagé dans un conflit latent avec le Front Polisario, un mouvement armé de libération nationale représentant le peuple autochtone sahraoui. En 2020, les États-Unis ont reconnu la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation par Rabat des relations avec Israël, un coup d’État diplomatique majeur pour Rabat.

Récemment, Israël a semblé courtiser Rabat avec l’idée d’une reconnaissance de la souveraineté du Maroc dans la région également. Un sommet réussi aurait été une victoire pour Netanyahou, qui a claironné sa capacité à parvenir à la normalisation avec les États arabes sans accorder de concessions aux Palestiniens.

Mais les liens ont été tendus par les actions israéliennes. La semaine dernière, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que la violence en cours en Cisjordanie occupée rendait presque impossible tout progrès sur la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël.

Traduit de l’anglais (original).

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