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Libye : des manifestations contre les mauvaises conditions de vie se propagent dans l’Est libyen

Les manifestants ont mis le feu à un bâtiment du gouvernement, accusant les responsables de « détourner les fonds » destinés à lutter contre la pandémie de COVID-19
Dans un mouvement de protestation rare dans cette région du pays, les manifestants ont brûlé des pneus et dénoncé les coupures d’électricité, les pénuries de liquidités et les prix élevés des carburants (AFP)
Dans un mouvement de protestation rare dans cette région du pays, les manifestants ont brûlé des pneus et dénoncé les coupures d’électricité, les pénuries de liquidités et les prix élevés des carburants (AFP)
Par MEE

Des manifestants, certains armés de fusils, ont incendié le siège du gouvernement situé à Benghazi, dans l’Est du pays, dans un contexte de colère croissante contre les conditions de vie et la corruption sous le régime de Khalifa Haftar.

Le feu a été ensuite maîtrisé, laissant la façade du bâtiment blanche carbonisée en noir, selon des témoins et des photos postés sur les réseaux sociaux.

Les manifestations dans cette partie du pays, contrôlée par Haftar, sont entrées dans leur troisième jour samedi et ont également éclaté à Beida (où gouvernement était auparavant basé), à Sabha dans le sud, et pour la première fois dans le bastion de Haftar, al-Marj, ont déclaré des témoins à Reuters.

https://www.facebook.com/LibyaAlAhrarTV/videos/622205555144162/

Images des manifestations nocturnes à Benghazi (Libya Alahrar TV)

Dans un mouvement de protestation rare dans cette région du pays, ils ont brûlé des pneus et dénoncé les coupures d’électricité, les pénuries de liquidités et les prix élevés des carburants, a constaté un journaliste de l’AFP.

La Libye qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux : le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli et un pouvoir incarné par le maréchal Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.

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Depuis janvier, des groupes pro-Haftar bloquent les champs et ports pétroliers les plus importants du pays pour réclamer une répartition équitable, selon eux, des recettes pétrolières gérées par le GNA.

Ce blocage a engendré 9,6 milliards de dollars (8,1 milliards d’euros) de pertes de revenus, selon les derniers chiffres de la Compagnie nationale du pétrole.

L’Est du pays a également perdu le quart de son approvisionnement en électricité en raison du manque de gaz et de diesel, d’après la Compagnie générale de l’électricité (GECOL).

Une offensive de quatorze mois menée par l’ANL pour prendre le contrôle de la capitale a finalement échoué en juin, affaiblissant Haftar.

Les manifestants ont appelé dans un communiqué à mettre fin à la « corruption répandue dans les institutions étatiques », accusant les responsables qui gouvernent à l’Est de « détournement de fonds » destinés à lutter contre la pandémie de COVID-19.

Berceau de la révolte populaire qui a mené en 2011 à la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, Benghazi connaît aussi une forte hausse des prix des marchandises. Des manifestations similaires avaient éclaté fin août contre le gouvernement.

Afin de contenir ce mouvement de colère populaire qui s’est étendu à d’autres villes de l’Est, le président du Parlement installé à Tobrouk, Aguila Saleh, a rapidement convoqué une « réunion urgente » jeudi soir avec le cabinet parallèle.

La crise économique en Libye et les coupures de courant dans l’Est ont été aggravées par le blocus de la plupart des installations pétrolières du pays imposé par l’ANL et ses partisans depuis janvier.

Les États-Unis ont déclaré samedi que Khalifa Haftar avait accepté de mettre fin au blocus, mais des sources dans l’Est de la Libye ont déclaré que les négociations étaient en cours.

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