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Mondial féminin : le Maroc reste « fier » malgré le revers contre les Bleues

L’élimination des joueuses marocaines n’a pas entaché leur popularité. Loin s’en faut, puisqu’elles ont littéralement conquis les cœurs
 L’attaquante marocaine Sakina Diki, à la fin du 8e de finale de football de la Coupe du monde féminine Australie-Nouvelle-Zélande 2023 entre la France et le Maroc (AFP/Brenton Edwards)
L’attaquante marocaine Sakina Diki, à la fin du 8e de finale de football de la Coupe du monde féminine Australie-Nouvelle-Zélande 2023 entre la France et le Maroc (AFP/Brenton Edwards)
Par AFP à CASABLANCA, Maroc

À Casablanca, la capitale du foot marocain, la large défaite des Lionnes de l’Atlas face aux Bleues (0-4) n’a pas eu raison de la « fierté » et du « respect » que tout le Maroc a cultivés pour ses joueuses lors de leur première participation à un Mondial

« Arriver à ce stade de la compétition est un exploit », se console Rim Benloughmari après le match.

« C’est un sport traditionnellement dominé par les hommes mais elles ont prouvé que les femmes aussi y ont leur place », se félicite cette étudiante de 24 ans. 

Au populaire café Isis, dans le centre-ville historique de la mégapole marocaine, les supporters – femmes et hommes – étaient au rendez-vous à l’heure de midi pour suivre ce 8e de finale de Coupe du Monde inédit à Adélaïde (Australie).

Certes l’enthousiasme d’avant-match est rapidement retombé, l’issue ne laissant guère de doute à la mi-temps. 

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« Il y a du travail à faire mais c’est leur premier Mondial. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’elles ont pu réaliser », opine Younès Wachami, un Casablancais de 37 ans. 

De fait, après une entrée compliquée contre l’Allemagne (0-6), les Lionnes ont décroché leur  premier succès en Coupe du Monde contre la Corée du Sud (1-0), avant de dominer la Colombie (1-0).

L’équipe de Reynald Pedros a été la première nation arabe à disputer un Mondial féminin et à sortir de la phase des poules.

« Pour les Lionnes, l’aventure s’arrête, pas le rêve », résume l’agence de presse MAP.  

Toutefois, la revanche tant attendue au Maroc huit mois après l’élimination des Lions de l’Atlas par les Bleus, dans le dernier carré du Mondial au Qatar en décembre, n’a pas eu lieu. Bis repetita. 

Hors du terrain sportif, les deux camps ont évité toute polémique alors que la rencontre s’inscrivait dans un contexte diplomatique tendu entre Rabat et Paris, et que le port du hijab par la Marocaine Nouhaila Benzina, première joueuse voilée en Coupe du monde, avait agité les réseaux sociaux.

« Malgré des enjeux qui dépassent de facto le simple cadre sportif », ce match « doit être une fête qui insiste sur les nombreux points qui unissent deux sélections et deux pays amis », commentait un chroniqueur du site d’information Le360.

Briser les stéréotypes

À vrai dire, la plus grande victoire des Lionnes de l’Atlas est d’avoir conquis ces derniers mois le cœur des Marocains férus du ballon rond. 

Le déclic a eu lieu il y a un an lorsqu’elles s’étaient qualifiées, à la surprise générale, pour la finale de la coupe d’Afrique des nations (CAN), certes perdue (2-1) contre les Sud-africaines à domicile mais battant au passage le record d’affluence pour un match d’une CAN féminine. 

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« On avait des stades de 50 000 spectateurs, remplis, du jamais vu », se souvient la journaliste Aziza Nait Sibaha, fondatrice du site Taja Sport dédié aux sports féminins.

« Les filles sont en train de changer les mentalités dans leur pays et c’est exceptionnel », estime-t-elle. 

Au-delà des stades, la sélection nationale féminine a bousculé des préjugés sociaux et culturels qui peuvent avoir le peau dure.

« Elles ont réussi à briser les stéréotypes autour du foot féminin », applaudit Ghita Badir, une étudiante de 23 ans, qui se dit « marquée » par leur exemple. 

« Grâce aux Lionnes, les Marocains ont compris que le foot, comme tous les sports, n’a pas de genre ! », souligne Mme Nait Sibaha.

Ces trois dernières années, la Fédération marocaine de football (FRMF) a mis les moyens pour faire décoller le football féminin, après des années de disette, en mettant en place une stratégie de développement. 

« L’équipe féminine a créé l’Histoire, ce n’est pas rien. Elle a l’avenir devant elle et c’est ce qu’il faut retenir », assure l’étudiante Rim Benloughmari.

Par Kaouthar Oudrhiri.

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