EN IMAGES : Les lignes d’horizon palestiniennes, « message d’espoir et de résistance »
Ayant grandi dans un camp de réfugiés du nord-est du Liban, l’artiste palestinien Salim Assi a connu de nombreuses difficultés, lesquelles l’ont plus tard inspiré dans son travail. Vivant aujourd’hui dans la capitale danoise, Copenhague, où il a déménagé avec sa famille en 1992, il travaille dans une agence de publicité et réalise des illustrations de villes palestiniennes pendant son temps libre. Sa dernière collection, partagée par de nombreux acteurs et sites culturels, repose sur les villes historiques et les monuments de Palestine. Sur l’image ci-dessus, on peut lire Ariha, nom arabe de Jéricho, en Cisjordanie occupée. (Toutes les photos sont de MEE/documents fournis)
« Les difficultés que j’ai connues, de la pauvreté à la souffrance, le manque de sécurité, la peur, l’oppression et les privations que nous connaissons en tant que Palestiniens dans les camps de réfugiés ont nourri mon travail », explique-t-il à Middle East Eye. Les parents et grands-parents de Salim Assi ont été contraints de quitter la Palestine en 1948 lors de la Nakba (« catastrophe » en arabe) pendant laquelle plus de 700 000 Palestiniens ont été attaqués et chassés de force de leurs maisons afin de laisser la place à la création d’Israël. Ci-dessus, on peut lire Safad, ville prise par Israël en 1948.
Assi s’est essayé à l’art jeune, avec les encouragements de ses parents. Un proverbe arabe en particulier l’a inspiré et accompagné pendant des années. « Je crois en la citation “l’innovation et la créativité naissent des difficultés” », cite-t-il. Au total, il a réalisé 42 illustrations dans le cadre de cette collection, ce qui lui a pris une vingtaine d’heures dans l’ensemble. Ci-dessus, on peut lire al-Ramla, ville autrefois très estimée pour son emplacement stratégique qui en faisait un point clé pour relier les différentes villes de la région et un moteur de l’économie.
L’idée d’illustrer différents panoramas palestiniens lui est venue alors qu’il cherchait un moyen de préserver le patrimoine palestinien et de cimenter l’identité de son peuple. « Je veux maintenir la Palestine dans nos cœurs et nos esprits pour qu’elle ne soit jamais oubliée », affirme-t-il. Pour réaliser ces illustrations à la main, Assi utilise différents feutres colorés qu’on trouve dans n’importe quel magasin de fournitures d’art. « Je n’utilise aucun matériel spécifique ou spécial », ajoute-t-il. Ci-dessus, on peut lire al-Nasra (Nazareth, dans ce qui est aujourd’hui Israël).
Être déplacé de sa patrie et réfugié a également nourri le travail d’Assi. « Tout le monde a sa propre terre, sa maison, et des associations auprès desquelles se plaindre pour obtenir ses droits. Les gens vivent une vie calme et en sécurité alors que nous, réfugiés, ne sommes pas traités comme des humains. » À travers son art, Salim Assi exprime également son sentiment de dépossession, sa rage et le traitement inhumain que subissent régulièrement les réfugiés palestiniens. Aujourd’hui, il compte des milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, où il partage son travail et parle régulièrement des attaques contre les Palestiniens commises par les colons et les forces israéliennes. Ci-dessus, Assi a illustré Gaza, qui subit un blocus terrestre, maritime et aérien imposé par Israël depuis plus de quinze ans.
Pour Salim Assi, créer des images de leur patrimoine et de leur culture est un moyen de souligner le fardeau des Palestiniens. Il qualifie son travail de « forme de résistance », qui est important pour mettre en lumière la souffrance de beaucoup à l’échelle mondiale. « L’art n’a pas besoin de traduction », explique-t-il, ajoutant que ce médium permet au message d’être reçu à travers le monde. Il crée également des fresques à l’aide de peinture en spray, réalise des peintures acryliques sur toile et des caricatures. « Si je passe trois ou quatre jours sans m’adonner à l’art, j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. » Saisissant toute occasion de créer, Assi ne se sépare jamais de son kit. « Mon kit d’art est l’un de mes essentiels que j’emporte partout avec moi, c’est comme mon téléphone, mes clés de voiture et ma carte d’identité. » Il conserve également toute une gamme de bombes de peinture dans le coffre de sa voiture. Ci-dessus, on peut lire Jaffa, ville portuaire d’une grande importance historique, aujourd’hui en Israël.
Le travail de Salim Assi a été largement partagé sur les réseaux sociaux, beaucoup le republient et le repartagent. « L’art est très populaire à travers le monde. Des gens me contactent du Canada, des États-Unis, d’Amérique latine et d’Australie. » Pour l’artiste, illustrer les différentes skylines des villes palestiniennes avec leur nom calligraphié en arabe ne se résume pas à partager son patrimoine. Pour lui, il s’agit du droit de rentrer en Palestine. « Il s’agit des Palestiniens qui insistent pour rentrer chez eux, dans leur villes et villages. Et nous le ferons bientôt », affirme-t-il. Assi a illustré certains des plus grands monuments d’Akka (Acre), ville proche de la côte dans ce qui est aujourd’hui Israël, sur cette image.
Alors que Salim Assi souhaite poursuivre ce travail artistique, les demandes de copies numériques de ses œuvres ne cessent d’affluer. « Cela me rend fier de mon peuple et cela transmet un message d’espoir. Cela montre que notre peuple n’oublie jamais ses racines et qu’il est fier de son identité palestinienne. » Cette image, al-Qods, illustre la vieille ville de Jérusalem, aujourd’hui annexée par Israël, connue pour son importance religieuse.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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